mise en ligne :14 06 2009 ( NEA say… n° 69 )
COOPERATION INTERNATIONALE > Conditions d’accueil des réfugiés
Encore modeste, l’effet de la crise reste redouté du monde humanitaire. A quelques exceptions, le domaine ne pâtit pas pour l’instant de la mauvaise conjoncture. Mais 2010 est envisagée avec inquiétude : encore modeste, l’effet de la crise reste redouté pour l’avenir. Le journal suisse le Temps du 12 juin fait le point.
Partout, le mot d’ordre est le même: préserver coûte que coûte les dépenses sur le terrain, quitte à rogner les frais de fonctionnement et faire assaut d’inventivité pour convaincre les donneurs du bien-fondé de son action. D’un côté, les populations sont toujours plus nombreuses à avoir besoin impérativement d’une aide extérieure: la crise a fait fondre les envois d’argent des exilés à leurs familles restées au pays. Dans les régions les plus pauvres, elle a été précédée d’une crise alimentaire qui persiste. La Banque mondiale prévoit que 53 millions de personnes de plus échoueront cette année sous le seuil de pauvreté. Et du côté des bailleurs de fonds, les budgets étatiques sont sous pression; les entreprises et les fondations sont laminées par la crise; et quant aux simples particuliers ils sont menacés de chômage et soucieux avant tout de leur propre pouvoir d’achat.
Aux Etats-Unis, le marasme conjoncturel affecte déjà le secteur dans des proportions alarmantes. Des évaluations approximatives font état d’un recul de 10 à 15% des financements et même d’une compression des effectifs des ONG de l’ordre de 20%. Si elle se refuse à tirer des conclusions hâtives, la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge laisse percer une pointe d’anxiété à l’inventaire des appels aux financements peinant à être couverts: lancé fin avril, l’appel à 5 millions de francs pour répondre à la pandémie de grippe A n’a été couvert qu’à 3,5%. Un appel sur le Zimbabwe n’a drainé que 52% des fonds nécessaires, un autre sur la polio pas plus de 42%. Mais au total, «même s’il convient de rester prudent, les financements de cette année ne causent a priori pas d’inquiétude: les budgets avaient été votés l’an passé, indique Ibrahim Osam, le secrétaire général adjoint de la Fédération. Mais la question qui se pose est celle des budgets qui seront décidés pour l’année 2010.»
«Nous n’avons pas d’indices d’une baisse des dons, mais nous nous attendons à ce que les particuliers et les bailleurs de fonds s’adaptent à la situation économique, ajoute Pierre Zwalhen de l’ONG Terre des hommes. Si tel est le cas, nous utiliserons nos réserves pour poursuivre nos actions auprès des enfants au niveau actuel.(…)En dépit de la crise, le réflexe de solidarité est bien là, estime le responsable des finances chez Médecins sans frontières en Suisse. Pour l’heure, nos revenus sont en retrait de 0 à 3% par rapport à 2008, qui était une très bonne année.» Prudente, l’ONG qui dépend à 80% de la générosité publique et à 20% des institutionnels n’en a pas moins décidé de réduire ses dépenses opérationnelles de 7%, pour garder «une marge de manœuvre» et s’attelle à «diversifier ses revenus».
Le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations unies, basé à Genève, déploie la même stratégie. «Le taux de couverture des appels lancé depuis la fin 2008 est à 42%, un niveau conforme à l’an dernier», relève Elisabeth Byrs, porte-parole de l’OCHA. «Rien d’alarmant, donc, à part les crises qui restent sous-financées mais de manière chronique en Afrique (Centrafrique, Somalie…). Nos inquiétudes portent surtout sur l’année prochaine.» Pour les tenir à distance, «nous redoublons d’énergie dans notre travail de plaidoyer». Convaincre les bailleurs de fonds de laisser ouvert le robinet des contributions, c’est devoir faire la preuve d’une gestion parcimonieuse des frais de fonctionnement «Nous sommes devenus très pointilleux. Les frais de missions ont été réduits. Et nous n’avons pas renouvelé des postes temporaires», affirme-t-elle. «Nous devons faire preuve de plus de créativité pour démontrer l’efficacité de nos projets.» Les licenciements restent encore du domaine de l’exception.