La République tchèque s’enfonce dans la crise politique alors qu’elle n’a toujours pas ratifié le traité de Lisbonne. Le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt, dont le pays préside l’Union européenne depuis juillet, a fait part de son incompréhension, mardi 15 septembre, à Bruxelles. « Nous avons toujours besoin d’explications de la part de nos amis tchèques pour suivre l’évolution politique rapide dans leur pays », a-t-il déclaré. Son homologue pragois, Jan Kohout, a concédé qu' »il se passe à Prague des choses difficiles à expliquer à nos partenaires ».
La Chambre des députés a renoncé, mardi, à se dissoudre, après avoir vu sa première tentative cassée par la Cour constitutionnelle, le 10 septembre. Elle devrait donc survivre, ainsi que le gouvernement, jusqu’au 3 juin 2010, le terme normal de la législature.
Pourtant, des échéances capitales attendent le gouvernement provisoire. Le cabinet de M. Fischer doit d’abord présenter un budget d’austérité pour faire face à un déficit abyssal des finances publiques l’an prochain. D’autre part, Prague devra rapidement choisir son candidat pour la nouvelle Commission européenne. La tâche s’annonce ardue. L’ODS et le CSSD espéraient le choisir seul, après les élections initialement prévues les 9 et 10 octobre. M. Fischer espère surtout que la République tchèque ne perdra pas son siège dans la nouvelle équipe de José Manuel Barroso. Après le référendum du 2 octobre, en Irlande, Prague sera la dernière capitale, avec Varsovie, à ne pas avoir achevé la ratification du traité de Lisbonne, dont l’une des clauses prévoit le maintien d’un commissaire par Etat membre. En revanche, si la nouvelle Commission devait être formée selon les modalités prévues dans le traité de Nice, elle comptera moins de membres qu’il n’y a d’Etats membres. M. Fischer craint d’en faire les frais. Conscient que ces péripéties affaiblissent « l’influence de la République tchèque dans l’UE », le premier ministre a prié les sénateurs eurosceptiques de déposer au plus tôt les nouveaux recours qu’ils préparent contre le traité de Lisbonne devant la Cour constitutionnelle. Le succès de son appel est douteux : le but de l’europhobe président Vaclav Klaus consiste à faire durer la procédure de ratification jusqu’aux élections législatives en Grande-Bretagne, dans l’espoir qu’une victoire du conservateur David Cameron remette en cause le traité de Lisbonne. Le député européen britannique, très eurosceptique Van Orden, n’a pas caché devant ses collègues quelle était la stratégie des conservateurs et l’a rappelé une nouvelle fois. Si lors du retour des conservateurs au pouvoir, le Traité de Lisbonne n’est pas ratifié, il y aura référendum au Royaume-Uni.