Le « oui » au traité de Lisbonne a remporté une large victoire en Irlande, d’après les résultats officiels, annoncés samedi à Dublin, du nouveau référendum organisé la veille. Les électeurs irlandais se sont prononcés par 67,13% des suffrages pour ce texte réformant le fonctionnement institutionnel de l’Union européenne. Le taux de participation s’est établi à 58%.
Lors du précédent référendum, en juin 2008, le « non » l’avait emporté avec 53,4% des suffrages, avec une participation de 51%. Sur les 43 circonscriptions que compte l’Irlande, seules deux situées dans le nord-ouest ont majoritairement rejeté le traité, et encore de justesse. Parmi les autres, 31 ont basculé du « non » en 2008 au « oui » cette année, parfois dans des proportions importantes. Ainsi, dans le sud-ouest de Dublin, banlieue populaire et bastion du « non » où il avait recueilli environ 65% en 2008, 59% des votants ont approuvé le traité. Le vote le plus massif en faveur du traité a été recueilli dans une circonscription du nord de Dublin, avec 82% de « oui ».
Une fois de plus, les Irlandais s’y seront pris par deux fois avant d’approuver la ratification d’un traité. En 2001, ils avaient rejeté celui de Nice à 53,9 %. Leur premier ministre d’alors, Bertie Ahern, avait prétexté la forte abstention pour les faire revoter et en 2002, les Irlandais se prononçaient pour le traité de Nice, à 62,9 %.
Le même renversement vient de se produire sur la question du traité de Lisbonne : les Irlandais l’avaient rejeté à 53,4 % (contre 46 %), en juin 2008. Ils viennent désormais de se raviser et de l’approuver à une écrasante majorité, une majorité assez largement inattendue. (CF dans « Perspectives » les informations consacrées à la ratification du Traité de Lisbonne) ;
Avant l’annonce officielle des résultats, les opposants au traité avaient par avance reconnu leur défaite. L’homme d’affaires Declan Ganley, emblématique du « non » il y a un an, s’est exprimé à la télévision : « Je félicite le Taoiseach [premier ministre] pour l’efficacité de sa campagne. Il sait mener une campagne, c’est un bon politicien. (…) Nous n’avons pas réussi, mais nous avons dit la vérité. » Le vote des Irlandais, a-t-il ajouté, « n’est pas inspiré par l’espoir mais par autre chose, de l’ordre de la crainte. Les Irla ndais sont terrifiés. Le gouvernement a promis qu’un ‘oui’ conduirait au retour de l’emploi et de la bonne santé économique. Rendez-vous ici l’année prochaine… ». La victoire du « oui » au second référendum sur le traité de Lisbonne constitue « un grand jour pour l’Irlande et un grand jour pour l’Europe », a déclaré le premier ministre irlandais Brian Cowen. Les Irlandais ont dit un « oui » « convaincant » au traité, a déclaré de son côté le ministre irlandais des affaires étrangères, Micheal Martin, sur la radio RTE. « Je pense que c’est bon pour l’Irlande car je crois passionnément que notre avenir se situe au sein de l’Union européenne. » Les électeurs ont rejeté les arguments du « non », soutenus par les partis ou mouvements qui se situent aux extrémités de l’échiquier politique. A gauche, le Sinn Fein, le parti People Before Profit et le Parti socialiste (trotskyste, contrairement au Parti travailliste, lui en faveur du traité), qui condamnaient l’Europe libérale et la perte de souveraine té. A droite, l’association Libertas de Declan Ganley condamnait un traité « antidémocratique » et l’indépendance perdue ; le groupe conservateur ultracatholique Coir prétendait que le traité impliquait la baisse du salaire minimum garanti, l’autorisation de l’avortement et de l’euthanasie ; ou le parti indépendantiste britannique Ukip brandissait la menace de l’immigration ou de l’entrée de la Turquie. Son leader, l’eurodéputé Nigel Farrage, était venu faire campagne en Irlande.
En 2008, ces peurs brandies et mises en forme dans des slogans particulièrement efficaces avaient eu raison du traité de Lisbonne. Les pro-européens inefficaces, pire absents ont été largement responsables de leur défaite et par ricochet de la défaite de toute l’Europe. En 2009, peut-on dire que c’est une autre peur, celle suscitée par la crise,qui l’a emporté ? C’est un peu vite dit et sans réfléchir. Sans aucun doute les irlandais sont inquiets et plus que d’autres, mais sont-ils les seuls à être inq uiets ? L’ampleur du OUI balaye un peu cette thèse de la peur avant tout. Certes plus encore que les garanties accordées à l’Irlande c’est le contexte de la crise économique qui a poussé les irlandais à réfléchir et à se mobiliser, la crise n’explique pas entièrement la motivation du revirement de l’opinion en Irlande, certes victime du chômage et d’une récession sans précédent et plus grave ici qu’ailleurs. En 2008, l’Irlande, le « tigre celtique » se croyait invulnérable. En 2009, l’Union européenne est perçue à nouveau comme une bouée de sauvetage. Les partisans du « oui » ont convaincu les Irlandais qu’un « non » de leur part signifierait, politiquement et économiquement, la mise à l’écart de leur pays. Qu’un « oui », au contraire, serait la seule condition pour créer des emplois.
D’où la mobilisation, cette fois-ci sans faille des partisans du traité de Lisbonne conduits par Pat Cox. Le gouvernement et les partis politiques parlementaires, tous favorables au « oui » à l’exception d u Sinn Fein, ont mené activement une campagne qu’ils avaient totalement négligée il y a un an. De nombreux acteurs de la société civile, au premier rang desquels l’ancien président irlandais du Parlement européen, Pat Cox, se sont, ont fait du porte-à-porte et organisé des meetings, pour convaincre toutes les couches de la société civile. Il s’agissait surtout pour eux de marquer la différence entre le vote sur le traité de Lisbonne et la colère que les électeurs étaient tentés d’exprimer contre leur gouvernement : le premier ministre, Brian Cowen, qui a atteint un record historique d’impopularité (89 %) .
Le retournement de l’opinion est spectaculaire dans de nombreuses circonscriptions. A Cork South Central, celle du ministre des affaires étrangères Micheal Martin, comme à Galway, celle de Declan Ganley, le « non » l’avait emporté en 2008 à plus de 55 %. Le « oui » y triomphe maintenant à plus de 65 %. A la sortie du bureau de vote, vendredi 2 octobre, dans un quartier populaire d u centre de Dublin, l’explication est apparue comme une évidence criante : « La dernière fois, on nous demandait de voter ‘oui’ sans prendre la peine de nous expliquer. Cette fois, on a mieux compris. Et vu l’état où on se trouve, rester tout seuls en Europe, ce serait idiot. »
Lles Irlandais « ont clairement fait le choix de l’Europe, selon Nicolas Sarkozy a indiqué l’Elysée dans un communiqué. « Ce vote, qui couronne les efforts accomplis notamment lors de la présidence française pour apporter une réponse aux préoccupations qu’avaient exprimées les Irlandais, est une grande satisfaction pour tous les Européens », souligne M. Sarkozy. « Il permet de franchir une étape décisive en vue de l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne. »
« La France souhaite que les Etats qui ne l’ont pas encore fait achèvent le plus rapidement possible leur procédure de ratification pour que le traité de Lisbonne puisse entrer en vigueur avant la fin de l’année, comme les 27 s’y sont engagés », ajoute -t-il. Déjà il presse la présidence suédoise de prendre ses responsabilités pour accélérer le mouvement. Pour lui, le traité de Lisbonne doit entrer en vigueur avant la fin de l’année. Immédiatement les résultats connus, Gordon Brown déclare que le oui Irlandais est une bonne chose pour le Royaume-Uni ! A la veille du Congrès conservateur, David Cameron reste énigmatique tout en rappelant ses positions bien connues. L’ampleur du OUI exerce déjà des pressions au sein de son parti en faveur d’une position moins radicale pour le cas où l’entrée en vigueur de Traité interviendrait après le succès conservateur aux prochaines élections. (Analyse de la BBC)
Une fois de plus, les Irlandais s’y seront pris par deux fois avant d’approuver la ratification d’un traité. En 2001, ils avaient rejeté celui de Nice à 53,9 %. Leur premier ministre d’alors, Bertie Ahern, avait prétexté la forte abstention pour les faire revoter et en 2002, les Irlandais se prononçaient pour le traité de Nice, à 62,9 %.
Le même renversement vient de se produire sur la question du traité de Lisbonne : les Irlandais l’avaient rejeté à 53,4 % (contre 46 %), en juin 2008. Ils viennent désormais de se raviser et de l’approuver à une écrasante majorité, une majorité assez largement inattendue. (CF dans « Perspectives » les informations consacrées à la ratification du Traité de Lisbonne) ;
Avant l’annonce officielle des résultats, les opposants au traité avaient par avance reconnu leur défaite. L’homme d’affaires Declan Ganley, emblématique du « non » il y a un an, s’est exprimé à la télévision : « Je félicite le Taoiseach [premier ministre] pour l’efficacité de sa campagne. Il sait mener une campagne, c’est un bon politicien. (…) Nous n’avons pas réussi, mais nous avons dit la vérité. » Le vote des Irlandais, a-t-il ajouté, « n’est pas inspiré par l’espoir mais par autre chose, de l’ordre de la crainte. Les Irla ndais sont terrifiés. Le gouvernement a promis qu’un ‘oui’ conduirait au retour de l’emploi et de la bonne santé économique. Rendez-vous ici l’année prochaine… ». La victoire du « oui » au second référendum sur le traité de Lisbonne constitue « un grand jour pour l’Irlande et un grand jour pour l’Europe », a déclaré le premier ministre irlandais Brian Cowen. Les Irlandais ont dit un « oui » « convaincant » au traité, a déclaré de son côté le ministre irlandais des affaires étrangères, Micheal Martin, sur la radio RTE. « Je pense que c’est bon pour l’Irlande car je crois passionnément que notre avenir se situe au sein de l’Union européenne. » Les électeurs ont rejeté les arguments du « non », soutenus par les partis ou mouvements qui se situent aux extrémités de l’échiquier politique. A gauche, le Sinn Fein, le parti People Before Profit et le Parti socialiste (trotskyste, contrairement au Parti travailliste, lui en faveur du traité), qui condamnaient l’Europe libérale et la perte de souveraine té. A droite, l’association Libertas de Declan Ganley condamnait un traité « antidémocratique » et l’indépendance perdue ; le groupe conservateur ultracatholique Coir prétendait que le traité impliquait la baisse du salaire minimum garanti, l’autorisation de l’avortement et de l’euthanasie ; ou le parti indépendantiste britannique Ukip brandissait la menace de l’immigration ou de l’entrée de la Turquie. Son leader, l’eurodéputé Nigel Farrage, était venu faire campagne en Irlande.
En 2008, ces peurs brandies et mises en forme dans des slogans particulièrement efficaces avaient eu raison du traité de Lisbonne. Les pro-européens inefficaces, pire absents ont été largement responsables de leur défaite et par ricochet de la défaite de toute l’Europe. En 2009, peut-on dire que c’est une autre peur, celle suscitée par la crise,qui l’a emporté ? C’est un peu vite dit et sans réfléchir. Sans aucun doute les irlandais sont inquiets et plus que d’autres, mais sont-ils les seuls à être inq uiets ? L’ampleur du OUI balaye un peu cette thèse de la peur avant tout. Certes plus encore que les garanties accordées à l’Irlande c’est le contexte de la crise économique qui a poussé les irlandais à réfléchir et à se mobiliser, la crise n’explique pas entièrement la motivation du revirement de l’opinion en Irlande, certes victime du chômage et d’une récession sans précédent et plus grave ici qu’ailleurs. En 2008, l’Irlande, le « tigre celtique » se croyait invulnérable. En 2009, l’Union européenne est perçue à nouveau comme une bouée de sauvetage. Les partisans du « oui » ont convaincu les Irlandais qu’un « non » de leur part signifierait, politiquement et économiquement, la mise à l’écart de leur pays. Qu’un « oui », au contraire, serait la seule condition pour créer des emplois.
D’où la mobilisation, cette fois-ci sans faille des partisans du traité de Lisbonne conduits par Pat Cox. Le gouvernement et les partis politiques parlementaires, tous favorables au « oui » à l’exception d u Sinn Fein, ont mené activement une campagne qu’ils avaient totalement négligée il y a un an. De nombreux acteurs de la société civile, au premier rang desquels l’ancien président irlandais du Parlement européen, Pat Cox, se sont, ont fait du porte-à-porte et organisé des meetings, pour convaincre toutes les couches de la société civile. Il s’agissait surtout pour eux de marquer la différence entre le vote sur le traité de Lisbonne et la colère que les électeurs étaient tentés d’exprimer contre leur gouvernement : le premier ministre, Brian Cowen, qui a atteint un record historique d’impopularité (89 %) .
Le retournement de l’opinion est spectaculaire dans de nombreuses circonscriptions. A Cork South Central, celle du ministre des affaires étrangères Micheal Martin, comme à Galway, celle de Declan Ganley, le « non » l’avait emporté en 2008 à plus de 55 %. Le « oui » y triomphe maintenant à plus de 65 %. A la sortie du bureau de vote, vendredi 2 octobre, dans un quartier populaire d u centre de Dublin, l’explication est apparue comme une évidence criante : « La dernière fois, on nous demandait de voter ‘oui’ sans prendre la peine de nous expliquer. Cette fois, on a mieux compris. Et vu l’état où on se trouve, rester tout seuls en Europe, ce serait idiot. »
Lles Irlandais « ont clairement fait le choix de l’Europe, selon Nicolas Sarkozy a indiqué l’Elysée dans un communiqué. « Ce vote, qui couronne les efforts accomplis notamment lors de la présidence française pour apporter une réponse aux préoccupations qu’avaient exprimées les Irlandais, est une grande satisfaction pour tous les Européens », souligne M. Sarkozy. « Il permet de franchir une étape décisive en vue de l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne. »
« La France souhaite que les Etats qui ne l’ont pas encore fait achèvent le plus rapidement possible leur procédure de ratification pour que le traité de Lisbonne puisse entrer en vigueur avant la fin de l’année, comme les 27 s’y sont engagés », ajoute -t-il. Déjà il presse la présidence suédoise de prendre ses responsabilités pour accélérer le mouvement. Pour lui, le traité de Lisbonne doit entrer en vigueur avant la fin de l’année. Immédiatement les résultats connus, Gordon Brown déclare que le oui Irlandais est une bonne chose pour le Royaume-Uni ! A la veille du Congrès conservateur, David Cameron reste énigmatique tout en rappelant ses positions bien connues. L’ampleur du OUI exerce déjà des pressions au sein de son parti en faveur d’une position moins radicale pour le cas où l’entrée en vigueur de Traité interviendrait après le succès conservateur aux prochaines élections. (Analyse de la BBC)
En conclusion du Oui irlandais, faut-il s’attarder sur les positions de David Cameron ? Sans doute pas ! Beaucoup dans la presse britannique y voit un coup de bluff préélectoral, intervenant à la veille de l’ouverture du Congrès Conservateur. Sa conséquence la plus évidente est de lancer une véritable course contre la montre pour l’achèvement des ratifications et l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, ce qui n’est pas nécessairement un élément négatif, au contraire. Plus sérieusement, il faut souligner que c’est la pédagogie qui a façonné un vote utile. Les électeurs se sont sentis, sinon compris, du moins écoutés et capables d’influencer le cours des choses. Une bataille électorale sur un sujet européen n’est pas forcément perdue d’avance. Un sursaut démocratique (l’ampleur du succès, sans appel, et la forte participation par rapport aux autres consultations) incontestable, un sursaut qui vaut leçon pour l’avenir.