Quelle place pour l’Europe dans « The Post-American World » pour reprendre le titre d’un essai volontairement provocateur, un essai réfléchi, subtil et stimulant? Comment aider à penser l’Europe comme une puissance utile, dans un monde réel non fantasmé où les phénomènes géopolitiques sont ramenés à leur juste proportion, une Europe pensée comme un pôle du monde désormais multipolaire, comme un vrai partenaire à part entière des Etats-Unis, certes, mais aussi de la Chine, de l’Inde, de la Russie, du Brésil etc… ?L’ascension des uns ne veut pas nécessairement dire le déclin des autres. Simplement une nouvelle redistribution de l’influence : faut-il rappeler que « l’heure du partage » est le titre français du brillant essai de Fareed Zakaria déjà cité ?
Si l’on veut bien consentir une approche géopolitique du traité de Lisbonne, on ne peut que constater un pouvoir accentué avec des moyens de puissance renforcés ? dans une certaine mesure. D’abord avec de nouvelles capacités d’action sur la scène internationale, via une personnalité juridique propre, la personnalisation de sa politique extérieure, le Haut représentant, par ailleurs vice-président de la Commission et président du Conseil des ministres des affaires étrangères qui pourrait s’appuyer sur un service européen pour l’action extérieur composé de fonctionnaires de la Commission, du Conseil et des Etats membres. Ce service pourrait s’appuyer sur le réseau des quelques 186 délégations de l’Union européenne dans le monde. Toutes ces dispositions pourraient procurer un potentiel d’influence ET permettre à l’UE de devenir un acteur global à part entière dans le jeu mondial.
Mais le traité de Lisbonne ne comble pas le déficit de sens, l’UE restant un projet de pui ssance encore à définir. Le traité resserre les liens avec l’Otan sans pour autant définir des objectifs stratégiques. Mais est-ce le bon endroit pour définir des objectifs de puissance et surtout est-ce la bonne manière ? Pour l’instant nous nous en tenons à des objectifs définis en termes généraux, catalogue de valeurs que l’on voudrait universelles :économie sociale de marché, lutte contre l’exclusion sociale et les discriminations, justice sociale, solidarité entre les générations, protection des droits de l’enfant, cohésion territoriale, promotion du progrès scientifique et technique, commerce équitable, concurrence libre mais non faussée etc.. .etc …Mais l’UE apparait essentiellement comme une puissance normative, c’est-à-dire qu’elle privilégie l’extension de son influence par la norme et non pas l’exercice de la force ou la menace de représailles. Enfin persistent deux handicaps.
Le premier : comment concilier les obligations souscrites au titre de l’Otan et les engagem ents souscrits au titre de la PESD. L’Europe se voit-elle comme une véritable puissance sur la scène mondiale ou comme un élément du bloc euro-atlantique. A cet égard l’arrivée de Obama ouvre de nouvelles perspectives impensables jusqu’à aujourd’hui.
Le second concerne les frontières de l’Europe : le traité de Lisbonne ne pose aucune limitation véritable d’ordre géographique ou même civilisationnel. Il se contente de rappeler le principe du respect des valeurs de l’UE par tout candidat et les trois critères de Copenhague de 1993 auxquels on peut ajouter la capacité d’absorption par l’UE. Sur ce plan, l’Union européenne devra sortir du « tout ou rien » que représente l’offre d’adhésion en valorisant sa politique de voisinage y compris au sens premier : en augmentant considérablement les ressources qui y seraient consacrées et en convaincant ses partenaires et voisins que l’option « tout sauf les institutions » n’est pas une option médiocre, de second rang, au moins pour les deu x décennies à venir. Il reste qu’il difficile, sans arrêter une ligne claire, d’agir dans le monde si l’on ignore les contours du lieu d’où l’on parle et au nom de qui on parle.
Mais le traité de Lisbonne ne comble pas le déficit de sens, l’UE restant un projet de pui ssance encore à définir. Le traité resserre les liens avec l’Otan sans pour autant définir des objectifs stratégiques. Mais est-ce le bon endroit pour définir des objectifs de puissance et surtout est-ce la bonne manière ? Pour l’instant nous nous en tenons à des objectifs définis en termes généraux, catalogue de valeurs que l’on voudrait universelles :économie sociale de marché, lutte contre l’exclusion sociale et les discriminations, justice sociale, solidarité entre les générations, protection des droits de l’enfant, cohésion territoriale, promotion du progrès scientifique et technique, commerce équitable, concurrence libre mais non faussée etc.. .etc …Mais l’UE apparait essentiellement comme une puissance normative, c’est-à-dire qu’elle privilégie l’extension de son influence par la norme et non pas l’exercice de la force ou la menace de représailles. Enfin persistent deux handicaps.
Le premier : comment concilier les obligations souscrites au titre de l’Otan et les engagem ents souscrits au titre de la PESD. L’Europe se voit-elle comme une véritable puissance sur la scène mondiale ou comme un élément du bloc euro-atlantique. A cet égard l’arrivée de Obama ouvre de nouvelles perspectives impensables jusqu’à aujourd’hui.
Le second concerne les frontières de l’Europe : le traité de Lisbonne ne pose aucune limitation véritable d’ordre géographique ou même civilisationnel. Il se contente de rappeler le principe du respect des valeurs de l’UE par tout candidat et les trois critères de Copenhague de 1993 auxquels on peut ajouter la capacité d’absorption par l’UE. Sur ce plan, l’Union européenne devra sortir du « tout ou rien » que représente l’offre d’adhésion en valorisant sa politique de voisinage y compris au sens premier : en augmentant considérablement les ressources qui y seraient consacrées et en convaincant ses partenaires et voisins que l’option « tout sauf les institutions » n’est pas une option médiocre, de second rang, au moins pour les deu x décennies à venir. Il reste qu’il difficile, sans arrêter une ligne claire, d’agir dans le monde si l’on ignore les contours du lieu d’où l’on parle et au nom de qui on parle.
D’un côté une UE en voie de se doter des attributs de la souveraineté et d’un autre, un paysage assez morcellé faute d’ambitions fortes et clairement affichées et d’un volontarisme qui emporterait sur son passage hésitations, timidité, traditions historiques, réflexes habituelles d’ordre idéologiques.
Dans l’immédiat, restons terre-à-terre, suivons ce que deviendront les « Orientations politiques pour la prochaine Commission » présentées par José Manuel Barroso le 3 septembre 2009 ; Elles méritent mieux que celui d’un simple exercice de rhétorique en vue de l’investiture par le Parlement européen. C’est plus qu’un exercice solitaire mené dans la hâte et sous la pression des circonstances du moment. Il proposait alors : « Ouvrir une nouvelle ère pour l’Europe en tant qu’acteur global ». Après avoir mentionné quelques nouveaux outils offerts par le traité de Lisbonne, il déclarait : »c’est la volonté politique d’utiliser pleinement ces instruments qui sera pleineme nt décisive. Je m’engage à ce que la Commission, qui pilote tant de politiques extérieures de première importance, joue pleinement son rôle en saisissant l’occasion de donner à l’Europe la place qu’elle mérite sur la scène internationale. Nous ne devons pas considérer les relations extérieures comme un domaine à part, mais comme une partie intégrante des moyens qui nous permettent d’atteindre nos objectifs de politique intérieure ». Des mots à traduire en actes. Mais tout cela, comme le reconnait d’ailleurs de façon implicite le président Barroso, est une affaire d’état d’esprit et non de boîte à outils institutionnels. Lors de l’élection de Obama dans les semaines qui suivirent son investiture, rien n’a été plus déprimant que de constater l’attitude des européens soucieux de savoir avant tout ce que le nouveau président attendait d’eux et non pas : que pouvons nous apporter au président Obama? L’Europe s’est trop occupée d’elle-même, elle doit cesser d’être un laboratoire glob al, aussi fascinant soit-il.
Dans l’immédiat, restons terre-à-terre, suivons ce que deviendront les « Orientations politiques pour la prochaine Commission » présentées par José Manuel Barroso le 3 septembre 2009 ; Elles méritent mieux que celui d’un simple exercice de rhétorique en vue de l’investiture par le Parlement européen. C’est plus qu’un exercice solitaire mené dans la hâte et sous la pression des circonstances du moment. Il proposait alors : « Ouvrir une nouvelle ère pour l’Europe en tant qu’acteur global ». Après avoir mentionné quelques nouveaux outils offerts par le traité de Lisbonne, il déclarait : »c’est la volonté politique d’utiliser pleinement ces instruments qui sera pleineme nt décisive. Je m’engage à ce que la Commission, qui pilote tant de politiques extérieures de première importance, joue pleinement son rôle en saisissant l’occasion de donner à l’Europe la place qu’elle mérite sur la scène internationale. Nous ne devons pas considérer les relations extérieures comme un domaine à part, mais comme une partie intégrante des moyens qui nous permettent d’atteindre nos objectifs de politique intérieure ». Des mots à traduire en actes. Mais tout cela, comme le reconnait d’ailleurs de façon implicite le président Barroso, est une affaire d’état d’esprit et non de boîte à outils institutionnels. Lors de l’élection de Obama dans les semaines qui suivirent son investiture, rien n’a été plus déprimant que de constater l’attitude des européens soucieux de savoir avant tout ce que le nouveau président attendait d’eux et non pas : que pouvons nous apporter au président Obama? L’Europe s’est trop occupée d’elle-même, elle doit cesser d’être un laboratoire glob al, aussi fascinant soit-il.