Dix millions de personnes vivent derrière les barreaux dans le monde et une majorité d’entre elles sont détenues dans des conditions inacceptables, indique un rapport des Nations unies qui vient d’être publié. L’auteur Manfred Nowak est rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels.
L’Autrichien Manfred Nowak, bien connu du Parlement européen, dresse dans son rapport un constat accablant des conditions de détention dans de nombreux pays. « La pratique de la torture dans les prisons est un phénomène global dont les manifestations dans certains pays interpellent au plus haut point la conscience de l’homme », a-t-il déclaré après avoir remis son rapport à l’assemblée générale de l’ONU. « Au cours des quinze missions que j’ai effectuées et qui sont à l’origine de ce document, j’ai découvert des situations que je n’aurais jamais pu imaginer », a-t-il confié, évoquant des pays « où le respect de la dignité la plus basique des prisonniers a disparu ». Manfred Nowak a expliqué avoir concentré son travail sur les « prisons oubliées » et le traitement réservé au million d’enfants détenus à travers le monde, parfois dès l’âge de 9 ou 10 ans. « Une majorité claire (de détenus) vivent dans des conditions qui ne respectent pas la dignité humaine », a déclaré l’Autrichien. L’un des problèmes les plus répandus est la surpopulation carcérale, que Nowak stigmatise dans des pays comme la Géorgie, le Népal, le Sri Lanka ou le Togo.
À Lagos, au Nigeria, des femmes et des enfants sont confinés parmi plus d’une centaine de prisonniers dans une salle de torture où il arrive que les gardes tirent dans les jambes des détenus et laissent les blessés à l’abandon, sans traitement médical. En Indonésie ou au Paraguay, les détenus sont privés de nourriture et de médicaments et doivent même payer un loyer quotidien pour leur « logement ». Certains gouvernements ont pris des mesures après les recommandations de Nowak. Ainsi, la Jordanie a-t-elle décidé de fermer une prison où des cas de torture avaient été révélés et le Nigeria a promis d’en faire de même avec la salle de torture de Lagos. L’Uruguay a déjà pris des mesures pour fermer « les containers métalliques » de la prison Libertad dans lesquels sont détenus certains prisonniers par des températures avoisinant les 60 °C.
Manfred Nowak a déclaré que la torture était une pratique courante dans le monde arabe et il a regretté que de nombreux pays arabes, contrairement à la Jordanie, lui aient refusé l’accès à leurs prisons. Dans des pays comme l’Indonésie, le Togo ou l’Uruguay, les autorités ont recours aux châtiments corporels pour discipliner les jeunes détenus. En Uruguay, l’Autrichien dit avoir vu des garçons privés de tout accès aux toilettes pendant 22 heures par jour. Les enfants détenus, prévient Manfred Nowak, sont en outre à la merci des abus d’adultes.
Interrogé sur la base américaine de Guantanamo à Cuba, Nowak a dit douter que Barack Obama puisse la fermer comme espéré d’ici à janvier 2010. Il a dit qu’il revenait aux pays européens d’aider le président américain, en acceptant d’accueillir des prisonniers étrangers. « Les États-Unis, seuls, ne pourront pas juger ou libérer sur leur territoire tous les prisonniers, et il faudra décider avec d’autres pays, européens notamment, du sort de ces derniers, en s’assurant que le retour dans le pays d’origine se fasse sur une base volontaire », a-t-il déclaré.
Concernant l’Iran, où des membres de l’opposition ont évoqué des cas de torture, Nowak a dit avoir reçu des « allégations très crédibles » confirmant ces informations. Il a demandé des explications à Téhéran, qui n’a pas encore répondu.
Ce rapport a été dressé après quinze missions dans différentes prisons du monde,
« Au cours des 15 missions que j’ai effectuées et qui sont à l’origine de ce document, j’ai découvert des situations que je n’aurais jamais pu imaginer », a-t-il confié, évoquant des pays « où le respect de la dignité la plus basique des prisonniers a disparu ». Manfred Nowak a expliqué avoir concentré son travail sur les « prisons oubliées » et le traitement réservé au million d’enfants détenus, parfois dès l’âge de 9 ou 10 ans. La torture et la surpopulation est le plus souvent la règle. La situation concerne aussi des pays dits émergents. À Lagos, au Nigeria, des femmes et des enfants sont confinés parmi plus d’une centaine de prisonniers dans une « salle de torture » où il arrive que les gardes tirent dans les jambes des détenus et laissent les blessés à l’abandon, sans traitement médical. En Indonésie ou au Paraguay, les détenus sont privés de nourriture et de médicaments et doivent payer un loyer quotidien pour leur « logement ».
Certes, certains gouvernements ont pris des mesures après les recommandations de Manfred Nowak. La Jordanie a décidé de fermer une prison où des cas de torture avaient été révélés et le Nigeria a promis d’en faire de même avec la « salle de torture » de Lagos. L’Uruguay va fermer sa prison Libertad, « de gigantesques conteneurs métalliques où règnent le bruit, une chaleur pouvant atteindre les 60 degrés, les odeurs d’excréments et une violence de tous les instants, dirigée par les matons sans distinction quant au statut des uns et des autres, puisque ceux en détention provisoire et les personnes reconnues coupables de crimes cohabitent dans la plus grande anarchie ».
Dans le monde arabe, Manfred Nowak a déclaré que la torture était une pratique courante, et a regretté que de nombreux pays, contrairement à la Jordanie, lui aient refusé l’accès à leurs prisons.