Une nouvelle Commission européenne se met en place. Pourquoi faire ? Au bout du compte ne serait-elle pas avec son président, José Manuel Barroso, la véritable gagnante de ces derniers mois ?

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qui va entamer un second mandat, a confié vendredi 27 novembre à sa nouvelle équipe la mission de sortir l’Union européenne (UE) de la crise économique au cours des cinq années à venir


« Dans cinq ans, je veux que ce collège  ait réussi à nous sortir de la crise économique », a déclaré vendredi 27 novembre le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, lors d’une conférence de presse en présentant les nouveaux membres de sa Commission. Celle-ci prendra ses fonctions en février 2010 après des auditions publiques de chacun de ses membres par le Parlement européen, qui doit encore donner son avis. Il le fera au cours du mois de janvier prochain.

« J’attends de cette Commission qu’elle aide l’Europe (…) prépare les stratégies de sortie » des plans de relance massifs mis en oeuvre par les gouvernements européens pour contrer la récession. Les milliards d’euros de dépenses publiques ont gonflé les déficits des Etats à des niveaux historiques.

« Je veux que le marché intérieur existe réellement », a-t-il insisté.

En tant que gardien de la discipline budgétaire de l’Union européenne, via le Pacte de stabilité et de croissance, l’exécutif européen va devoir veiller à ce que les gouvernements réduisent leurs déficits dans les années à venir. Il a nommé pour ce faire le Finlandais Olli Rehn au poste de commissaire aux affaires économiques et monétaires.

Les autres postes économiques clés sont confiés pour la Concurrence à un Espagnol, Joaquin Almunia, pour le marché intérieur et les services financiers à un Français, Michel Barnier, et pour le commerce à un Belge, Karel de Gucht.  L’intérêt grandissant s’est porté vers les portefeuilles à dominante économique : ils ont été les plus recherchés et les plus disputés et c’est cette intensité qui en fait « une première ». Une dérive à combattre si l’on ne veut pas voir l’esprit même de la construction européenne se corrompre.

« La tâche que je confie à Michel Barnier est très claire : c’est approfondir le marché intérieur dans toutes ses dimensions », a indiqué José Manuel Barroso. « Et je veux que le marché intérieur existe réellement. C’est une des grandes priorités », a-t-il ajouté. Ces responsabilités (qui comprennent aussi les services financiers) ont été confiées au français malgré les réticences du Royaume-Uni et de la City.

Le président de la Commission européenne a également annoncé la création d’un poste de commissaire au climat dans sa nouvelle équipe, confié à la Danoise Connie Hedegaard. Il s’agit d’un signal envoyé au reste du monde avant la Conférence sur le réchauffement climatique de Copenhague dont elle est l’organisatrice en chef.

Le nouvel exécutif européen est dominé par la droite : il compte 13 conservateurs, 8 libéraux et seulement 6 socialistes. Les libéraux sont les gagnants compte tenu de leur poids relatif : troisième groupe politique au sein du Parlement européen, loin derrière les socialistes. Certains observateurs l’explique par le fait que ce sont les libéraux qui ont assuré l’élection de José Manuel Barroso après avoir beaucoup menacé et critiqué, mais certains socialistes se sont abstenus et n’ont pas exprimé un  vote de défiance. Ajoutons que les libéraux n’ont décroché aucun poste de prestige, présidence du Parlement par exemple. Ce serait donc une juste compensation des choses que l’on retrouve dans l’attribution des présidences et vice-présidences des commissions parlementaires.

13 commissaires sur 27 ne siégeaient pas dans la Commission sortante. C’est donc une Commission largement renouvelée, avec quelques anciens à l’expérience confirmée et quelques espoirs. Enfin il y a 9 femmes contre 8 dans la Commission sortante.   (cf autre article dans le numéro 78 de Nea Say…)

C’est sans doute aussi la première fois que la désignation des commissaires et l’attribution des portefeuilles rencontre un tel  succès médiatique dans le prolongement naturel de la désignation du président du Conseil européen, Herman van Rompuy, et du Haut Représentant, Catherine Ashton. Pour s’en convaincre il suffisait d’assister à la conférence de presse du président de la Commission suivie par un nombre impressionnant de journalistes. Pour retrouver une telle audience, il faut remonter à la visite du président Sarkozy faite à la Commission au lendemain de son élection et à leur  conférence commune avec José Manuel Barroso.

La déception des commentateurs au sujet de la personnalité des deux « grands nominés », Herman van Rompuy et Catherine Aston, renforce à terme la Commission, elle-même et son président. On peut compter sur le Parlement européen pour accentuer  cette tendance. Il n’a eu de cesse de manifester ses réserves vis-à-vis de la fonction de président du Conseil européen (cf les différents rapports De Haene, Brok, Leinen etc)et de le cantonner à ses tâches de notaire du « conseil de famille ». Quant au Haut Représentant, il n’est que le vice-président de la Commission….La déception des commentateurs est difficilement compréhensible, car elle était inscrite de longue date dans le texte de la Constitution avortée dont le traité de Lisbonne ne fait que reprendre les termes. La déception est née de l’exaltation soudaine et artificielle par les medias de la fonction de président du Conseil européen. A-t-on désormais un numéro de téléphone pour l’Europe pour reprendre la phrase prêtée à Henry Kissinger lequel  a toujours nié l’avoir un jour prononcée ? Non il y a toujours autant de numéros de téléphone possibles en fonction des circonstances et c’est heureux ! La coordination et la concertation est simplement un peu plus concertée. Le nouveau président ne pourra pas empêcher les Etats-Unis de pratiquer leur bilatéralisme habituel vis-à-vis des membres de l’Union européenne ;

Une Commission de transition avec deux nouveaux postes dont il faut maintenant roder le fonctionnement, eux aussi  seraient des personnages de transition? Peut-être ! mais en prenant la précaution de se  souvenir qu’il y a cinquante ans l’Eglise catholique élisait « un pape de transition » Jean XXIII. Un brave homme, un homme bienveillant,  un saint homme…mais pas plus. Chacun se souvient de son apport exceptionnel  au renouveau de l’Eglise Catholique avec le concile VaticanII. Pour l’Europe ce serait alors un « nouveau Messine » conférence qui  a permis  après bien des échecs et des déceptions relancer la construction européenne pour aboutir au traité de Rome .

President Barroso unveils his new team (http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/09/1837&format=HTML&aged=0&language=EN&guiLanguage=en

(FR) http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/09/1837&format=HTML&aged=0&language=FR&guiLanguage=enhttp://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/09/1837&format=HTML&aged=0&language=FR&guiLanguage=en

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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