L’interdiction de minarets en Suisse est « discriminatoire » pour l’ONU. Le Haut commissaire de l’ONU pour les droits de l’Homme, Navi Pillay, a estimé mardi que l’interdiction de la Suisse d’ériger des minarets était discriminatoire et la mettait en infraction avec la loi internationale. Elle a condamné « l’exploitation de la peur de l’étranger » qui a porté ce vote, et son résultat qui « divise profondément ».
La ministre suisse des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey a reconnu mardi que le gouvernement était « très préoccupé » par ce vote. En Grèce pour une réunion de l’OSCE, Micheline Calmy-Rey a jugé que « les limitations de la coexistence de différentes cultures et de différentes religions mettent également en danger notre sécurité ». La Turquie, qui aspire à devenir membre de l’Union européenne, a estimé que l’interdiction de minarets adoptée en Suisse violait les libertés et les droits humains fondamentaux.Dans un communiqué, le ministère turc des Affaires étrangères a souligné mardi que le vote helvétique avait suscité une déception. Il a appelé la Suisse à corriger cette décision, faisant état de l’inquiétude des plus de 100.000 Turcs vivant en Suisse. Le Conseil de l’Europe avait critiqué la mesure lundi, estimant par la voix de son secrétaire général Thorbjorn Jagland, qu’elle touchait à « la liberté d’expression, à la liberté de religion et à l’interdiction de toute discrimination, qui sont garanties par la Convention européenne des droits de l’Homme ». « Si la Cour européenne des droits de l’Homme était saisie d’une requête, ce serait à elle de décider si l’interdiction de construire de nouveaux minarets est compatible avec la Convention », avait-il ajouté.
Mardi, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI), organe indépendant du Conseil de l’Europe spécialisé dans les droits de l’homme, a exprimé sa « profonde préoccupation » concernant les résultats de l’initiative populaire suisse. Le taux de 57,5% « en faveur de l’interdiction et le fait que l’appel du Conseil fédéral et d’autres acteurs clés à voter contre a été ignoré, sont difficilement conciliables avec les efforts faits afin de combattre les préjugés et les discriminations dans le pays ces dernières années », a-t-elle considéré dans un communiqué, ajoutant que ce vote aboutirait à une « discrimination envers les musulmans » et porterait « atteinte à leur liberté de religion ». L’ECRI a invité les autorités helvétiques à « examiner attentivement les conséquences de ce vote » et à « faire ce qui est en leur pouvoir afin de trouver une solution qui soit conforme au droit international des droits de l’Homme ».