La présidence suédoise s’est dite lors de la réunion du Conseil des ministres du 30 novembre et 1er décembre, préoccupée par le référendum suisse interdisant la construction de nouveaux minarets. « C’est l’expression d’un préjugé et peut-être même d’une peur, mais il est clair qu’il s’agit à tous égards d’un signe négatif, il n’y a aucun doute à cet égard », a déploré le ministre des affaires étrangères , Carl Bildt.
La ministre suédoise chargée de l’Intégration, Nyamko Sabuni, a estime que « si les suisses ont un excellent système de consultation populaire », parfois, « il peut être utilisé d’une mauvaise manière comme dans ce cas précis ». Elle a tenu à rassurer l’opinion en rappelant « qu’il n’y a pas de problème entre les musulmans et les européens dans l’Union européenne. Les musulmans sont européens. » La polémique était prête à ressurgir au sein du Conseil à la réunion des ministres de la Justice et des affaires intérieures. La ministre de la Justice Suisse, Evelyne Widmer-Schlumpf, présente, a pu constater l’incompréhension de ses collègues européens. Le ministre suédois de l’Immigration et de l’Asile, Tobias Billström, a jugé ‘surprenant » de soumettre un tel sujet à référendum, dont les conséquences présentent des risques. En Suède, a-t-il expliqué, » cette question relève de l’urbanisme et des compétences des élus locaux ». Le ministre français de l’Immigration, Eric Besson adressé une mise engarde : « il ne faudrait pas donner le sentiment de stigmatiser une religion, en l’occurrence l’Islam » et d’jouter : « en France, la question des minarets relève de l’urbanisme et du bon sens. Ce n’est pas un sujet politique et je ne souhaite pas que cela devienne un sujet politique ». Quelques jours plus tard, le premier ministre Français, François Fillon, rejoignait la position suédoise en indiquant qu’il s’en remettait à la sagesse des maires pour régler le plus harmonieusement ce type de problème en tenant compte du contexte humain et de l’environnement urbanistique. La Commission européenne s’est refusée à commenter « une décision souveraine » d’un pays tiers, se bornant à rappeler à l’intention des Etats membres qui seraient tentés de prendre des décisions similaires la nécessité de « respecter les droits fondamentaux, comme la liberté de religion ». Le résultat de la votation suisse si l’on n’y prenait garde pourrait avoir des conséquences rapidement préoccupantes : le leader populiste néerlandais Geert Wilders, leader du parti pour la Liberté, a proposé de lancer une initiative au parlement néerlandais, afin d’obtenir un tel référendum contre les minarets aux Pays-Bas.