L’Institut national des études démographique (Ined) a publié le 10 décembre une étude sur la pratique de l’excision en France. Entre 2007 et 2009, ses auteurs ont, dans cinq régions françaises, interrogé 2 880 femmes adultes migrantes ou filles de migrants dans le cadre de consultations gynécologiques hospitalières ou en centres de protection maternelle et infantile (PMI).
Parmi elles, près du quart avaient subi une mutilation sexuelle. L’enquête montre que les femmes excisées sont plus nombreuses à souffrir d’infections urinaires et gynécologiques ou à être victimes d’une déchirure lors de l’accouchement. Elles présentent également plus souvent des symptômes de mal-être (tristesse et découragement). Mais le mérite de cette étude est surtout de montrer les conséquences de cette pratique sur la sexualité des femmes. « Les personnes excisées disent très fréquemment éprouver des difficultés dans leur vie sexuelle, en raison de douleurs ou d’un manque de désir », explique Marie Lesclingand, enseignante-chercheuse à l’université de Nice et coordinatrice de l’étude. En matière de chirurgie réparatrice, la moitié des femmes interrogées savaient qu’une opération – remboursée depuis 2003 par la Sécurité sociale – peut permettre de reconstituer leur anatomie. Mais, selon l’étude, seules 5 % avaient eu recours à la chirurgie ou avaient entamé des démarches en ce sens. Et 20 % se disaient intéressées, avant tout dans le but d’améliorer leur vie sexuelle.
La pratique de l’excision diminue fortement mais régresse aussi dans les pays d’origine. Une étude datant de 2004 évaluait à 53 000 le nombre de femmes adultes excisées résidant en France. « Mais on constate une tendance très nette à l’abandon de cette pratique », souligne Marie Lesclingand. Ainsi, parmi les filles des femmes excisées, 11 % ont elles-mêmes subi une mutilation. Et ce chiffre tombe à 3 % pour celles qui sont nées en France, où la pratique est passible de peines de prison. « Davantage que la répression, c’est la prévention menée par les associations et les PMI qui est payante », constate l’universitaire, qui souligne aussi que l’excision est en recul dans les pays d’origine.