France : port du voile intégral (ou burqa ou niqab).

Le gouvernement n’a pas dégagé de ligne commune . Une loi juridiquement fragile, politiquement dangereuse et inefficace. Le premier ministre déclare que la burqa n’est pas la bienvenue sur le territoire de la République. Les deux présidents des Assemblées en appelle à la raison.


Les trois ministres auditionnés, mercredi 16 décembre, par la mission d’information parlementaire sur le voile intégral n’ont pas dégagé de ligne commune sur les moyens de lutter contre le développement de cette pratique radicale et minoritaire de l’islam en France. Tout en affirmant à plusieurs reprises que sur ce sujet, « la parole du gouvernement est une », les ministres de l’intérieur, Brice Hortefeux, du travail, Xavier Darcos, et de l’immigration, Eric Besson, ont exposé une palette d’options très large, privilégiant chacun une position particulière.

La réponse la plus radicale a été apportée par M. Besson : « Notre République doit interdire cette atteinte à la dignité humaine dans l’ensemble de son espace public », a-t-il soutenu, en dépit des difficultés d’application qu’une loi générale ne manquerait pas de poser ainsi qu’il l’a lui-même rappelé. « Mais, face à ce problème juridique nouveau, ma conviction est que nous devons faire preuve d’un volontarisme républicain renouvelé. » Il a annoncé son intention de demander aux préfets de considérer le port du voile intégral comme un motif de rejet d’obtention des cartes de résident de dix ans et assuré que cette tenue sera considérée comme une preuve d’intégration insuffisante à la société dans le processus d’accession à la nationalité.

Sur une ligne médiane, M. Hortefeux a estimé que les députés et le gouvernement « n’avaient pas le droit à l’erreur ». Il a plaidé pour une norme « efficace, acceptable, applicable et juste » pour lutter contre une « pratique marginale » qui concernerait selon lui 1 900 femmes, dont 50 % en Ile-de-France et 270 à La Réunion et Mayotte. Deux tiers seraient françaises, un quart seraient des converties et 90 % auraient moins de 40 ans, a-t-il aussi précisé. Conscient qu’une loi d’interdiction générale dans l’espace public comporterait des « fragilités » au regard des normes constitutionnelles ou de la Convention européenne des droits de l’homme, le ministre de l’intérieur a défendu l’idée d’une loi d’interdiction dans les services publics qui « serait d’une très grande portée et conforterait les agents » publics. Il a parallèlement privilégié l’adoption d’une résolution parlementaire : cette déclaration solennelle, sans force de loi, est désormais prévue par la Constitution. Elle pourrait être complétée par une « circulaire ».

C’est aussi la position défendue par M.Darcos qui, au fil d’un propos charpenté, s’est montré défavorable à une loi. Tout en rappelant que « la République se vit à visage découvert », il a reconnu : « Quelque déplaisir que nous cause l’affirmation d’une servitude volontaire, il est difficile d’en proclamer l’illégitimité. » Laissant au Parlement le soin de « trancher », il a préconisé une résolution « unanime » rappelant les « valeurs qui nous fondent » avant d’envisager toute suite législative ou réglementaire.

Le premier ministre François Fillon a réaffirmé, jeudi 17 décembre, que la burqa n’avait pas sa place en France, tout en disant attendre les conclusions de la commission parlementaire sur le sujet pour prendre une décision. La commission parlementaire sur le port du voile intégral – niqab ou burqa –, présidée par le communiste André Gérin, doit rendre ses conclusions en janvier sur une possible interdiction qui fait l’objet de prises de position diverses au gouvernement. « Le président s’est exprimé de façon très claire. Il a dit, et je partage cette opinion, que la burqa n’est pas la bienvenue en France », a déclaré François Fillon. « Le gouvernement attendra que la mission parlementaire ait fait ses propositions pour se prononcer », a-t-il poursuivi.

« Cela ne veut pas dire maintenant que nous n’avons pas, nous, notre opinion sur ce qu’il convient de faire. C’est le respect du travail parlementaire qui nous conduits à attendre que la mission se prononce », a ajouté le chef du gouvernement, qui était accompagné à Marseille par la secrétaire d’Etat à la politique de la ville, Fadela Amara.

Le président du Sénat, Gérard Larcher, emet des réserves sur une loi anti-bura interdisant son port dans les lieux publics. »Vous savez ma méfiance sur la loi quand elle répond trop à des éléments d’émotion dans le pays » a-t-il expliqué. « On ne peut pas faire des textes d’opportunité qui pourraient se retourner contre le principe des libertés (…) Notre commission des lois sera extrêmement sensible à la fois aux principes de laïcité et, en même temps, à la défense des libertés individuelles ». Ces réserves sont partagées par le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer qui a regretté une politisation excessive du débat.

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

Cet article a 2 commentaires

  1. Bertrand

    Burqa ou niqab, le débat ne devrait pas se situer à un niveau religieux.

    Le regard et le visage tiennent un rôle primordial dans la communication verbale et non-verbale. Ils sont à l’origine de facultés développées chez l’être humain (et autres animaux) qui consistent:

    – à pouvoir découvrir un être dans son environnement
    – à être capable d’en connaître ou reconnaître l’identité
    – à choisir l’attitude relationnelle à adopter avec cet être
    (éventuellement à s’en méfier ou s’en défendre en cas de danger)

    Notons au passage que ces facultés de communication, de reconnaissance et de réaction face à l’environnement, sont déjà présentes chez les nourrissons, quelque soit leur sexe, race et croyance.

    De plus, le refus unilatéral de ces facultés de la part d’une minorité qui dissimule son visage, peut être interprétée comme une négation du genre humain dans ses droits naturels. (découvrir son environnement, le reconnaître, communiquer et assurer son intégrité)

    Personnellement, je ne suis donc opposé à tout vêtement, accessoire vestimentaire, accoutrement (religieux ou pas) porté en permanence en lieux publics, et dont le but et/ou les effets sont de dissimuler l’identité, la physionomie et l’expression du visage vis-à-vis d’autrui.

    http://www.la-convergence-ethique.org/

    accueil@la-convergence-ethique.org

  2. musulmane et fière de l'être

    « ils veulent éteindre de leur bouches la lumière d’Allah, alors qu’Allah parachèvera Sa lumière en dépit de l’aversion des mécréants. » sourate 61 verset 8

    témoignages en video des femmes portent niqab:

    (il y a 5 extrait)

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