L’administration Obama s’oppose au langage utilisé dans le projet de déclaration finale, estimant que ses craintes de partis pris anti-Israël et anti-Occident ne sont pas prises en compte, a expliqué Robert Wood, porte-parole du département d’Etat. « Malheureusement, il semble maintenant certain que les préoccupations qui demeurent ne seront pas prises en compte dans le document qui doit être adopté par la conférence la semaine prochaine », a déclaré Robert Wood dans un communiqué. « En conséquence, avec regret, les Etats-Unis ne se joindront pas à la conférence d’évaluation ».
La conférence, déjà boycottée par Israël et le Canada, a pour but de mesurer les progrès accomplis en matière de lutte contre le racisme depuis la première réunion de ce type il y a huit ans en Afrique du Sud. Mais les pays occidentaux et musulmans n’étaient toujours pas parvenus à se mettre d’accord vendredi sur la formulation à adopter. Les premiers reprochent aux seconds de vouloir stigmatiser Israël et de tenter d’imposer un concept de « diffamation de religion » qui remettrait en cause la liberté d’expression. Pour de nombreux pays occidentaux, une interdiction de critiquer l’islam limiterait la liberté d’expression. Les références directes à la « diffamation de religion » et à Israël ont toutefois été abandonnées le mois dernier lors des débats préparatoires, mais elles pourraient réapparaître dans le document final, à moins qu’un consensus ne soit trouvé entre toutes les parties. La première conférence de Durban, qui s’était achevée quatre jours avant le 11 septembre 2001, avait été le théâtre de controverses du même type. Les Etats-Unis et Israël avaient claqué la porte avant la fin, furieux d’un avant-projet de déclaration qui critiquait l’Etat hébreu et assimilait le sionisme à du racisme. Ces deux éléments ne figuraient pas dans le communiqué final, qui s’était contenté d’évoquer la « détresse des Palestiniens » et le droit d’Israël à la sécurité.
La décision annoncée samedi fait suite à plusieurs semaines de débat interne au sein du gouvernement américain. Alors que l’administration Bush avait boycotté les débats préparatoires, Barack Obama avait décidé d’envoyer des délégués à une réunion intermédiaire. Mais les Etats-Unis avaient annoncé le 27 février qu’ils ne participeraient pas à la conférence si aucun changement n’était apporté, et ont donc confirmé leur position samedi. L’administration américaine craint en effet que la conférence, à laquelle assisteront de nombreux dirigeants musulmans dont le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, stigmatise de nouveau Israël. « Elle distingue un conflit particulier et préjuge de questions cruciales qui ne peuvent être résolues que par des négociations entre les Israéliens et les Palestiniens », a expliqué samedi Robert Wood.
Les responsables de 103 Etats ont déjà annoncé leur participation à Durban II, mais la plupart des pays occidentaux demeurent réticents à se prononcer, attendant d’avoir une idée précise de la formulation du communiqué final. Ainsi, « la question n’est pas tranchée au niveau européen ». « Les consultations se poursuivent pour déterminer la participation des pays de l’Union européenne à cette conférence et le niveau de participation ».