L’interdiction du voile islamique intégral est à l’étude dans certains pays européens, comme les Pays-Bas, le Danemark ou l’Italie. En France, une mission parlementaire vient d’appeler à une large interdiction dans les lieux publics (cf. Nea say N° 81 et autre information dans le N° 82 en préparation mais consultable). Voici la situation dans plusieurs pays européens:
Le dialogue interreligieux devient de plus en plus une préoccupation des institutions et des autorités politiques de l’UE, une des dernières manifestations, le discours de Franco Frattini.
PAYS-BAS: Plusieurs projets de loi concernant l’interdiction du port du voile intégral sont en préparation, notamment dans l’enseignement et la fonction publique
DANEMARK: Le gouvernement libéral-conservateur discute de l’opportunité de limiter le port du voile intégral dans l’espace public, à l’école ou dans les tribunaux. Il attend les recommandations d’une commission gouvernementale avant de statuer. En 2009, le parti conservateur a dû retirer une proposition visant à l’interdire après que le ministère de la Justice eut jugé cette disposition problématique sur le plan juridique.
ITALIE: Une loi de 1975, faisant partie des «dispositions de protection de l’ordre public», interdit de se couvrir complètement le visage dans les lieux publics (voile, casque de moto). C’est à cette loi que font référence les quelques maires de la Ligue du Nord qui ont interdit par arrêté, localement, le port du voile intégral ou du «burkini» (maillot de bain islamique). Ce parti connu pour ses positions anti-immigrés a déposé en octobre 2009 un projet de loi prévoyant jusqu’à deux ans de prison et 2.000 euros d’amende pour ceux qui «en raison de leur propre appartenance religieuse rendent difficile ou impossible l’identification».
ROYAUME-UNI: Aucune loi n’interdit le port du voile intégral et le gouvernement a encore réaffirmé vendredi son attachement à l’expression au Royaume-Uni des convictions religieuses en matière vestimentaire. Le ministère de l’Education a cependant publié en 2007 des directives permettant aux directeurs d’établissements publics et écoles confessionnelles d’interdire le niqab, voile qui ne laisse qu’apparaître les yeux, après plusieurs procès médiatisés.
AUTRICHE: Le débat a été ouvert récemment par la ministre sociale-démocrate des Femmes, Gabriele Heinisch-Hosek, qui réfléchit à l’interdiction du voile intégral dans les lieux publics si le nombre des femmes voilées de la tête aux pieds devait augmenter sensiblement.
BELGIQUE: De nombreuses communes interdisent le voile intégral dans les lieux publics par le biais de règlements municipaux ou de police proscrivant le port de masques dans la rue, «hors période de carnaval».
Frattini : l’Europe doit affirmer son identité religieuse
L’Europe doit revendiquer son identité religieuse si elle veut faire face aux défis de la mondialisation et de l’immigration, a affirmé le 26 janvier Franco Frattini, ministre italien des Affaires étrangères. Les débats sur l’identité européenne se font de plus en plus vifs dans le contexte de l’élargissement et du traité constitutionnel de l’UE. Bien que la devise de « l’unité dans la diversité » soit généralement considérée comme la meilleure illustration de l’objectif de l’UE, les avis sont très partagés sur le sens qu’il faut lui donner .
La déclaration de Berlin, adoptée le 25 mars 2007 pour célébrer le 50ème anniversaire de l’UE, soulignait les idéaux communs y compris la primauté de la dignité individuelle, des droits de l’homme et de l’égalité des sexes. La déclaration a également mis en avant d’autres valeurs : la paix et la liberté, la démocratie et l’état de droit, de même que la tolérance et la solidarité. Le texte de la célébration n’a toutefois pas fait référence à Dieu ou aux origines chrétiennes de l’UE.
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S’adressant à l’assemblée du Conseil de l’UE, M. Frattini a déploré l’absence d’identité européenne commune.
D’un côté, nous reconnaissons plutôt à juste titre l’influence qu’ont les caractéristiques religieuses sur les identités des autres peuples, comme les Musulmans, a-t-il déclaré, mais d’un autre, lorsque nous parlons de notre propre religion, nous gardons nos distances.
Le conflit politique qui a conduit à retirer du traité de l’UE les références aux origines chrétiennes de l’Europe, à une Europe qui est incontestablement judéo-chrétienne, laïque et un produit des Lumières, a montré nos faiblesses, a ajouté l’ancien commissaire européen.
Le discours de M. Frattini, qui n’a pas évoqué la question des crucifix dans les salles de classe italiennes, était destiné à exprimer le point de vue de l’Italie sur la construction d’une identité européenne dans un monde globalisé. La controverse sur les crucifix est néanmoins restée en suspens. Le gouvernement conservateur du premier ministre Silvio Berlusconi, tout comme la majorité des italiens, s’oppose à l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme qui demande que les crucifix soient retirés des écoles italiennes.
D’après la Cour, la présence de symboles religieux dans les salles de cours contrevient à la liberté individuelle d’opinion (Cf Nea say). M. Frattini a dit aux journalistes que l’Italie interjetterait appel.
Dans son discours, le ministre italien a parlé du besoin de donner aux immigrants une voie d’intégration et a encouragé les autres pays à en faire autant. La citoyenneté devrait être une réussite atteinte à l’issu d’un séjour complexe. Ce n’est pas un cadeau qu’on peut offrir à ceux qui ne sont pas prêts à l’accepter, a-t-il dit. Nous devons demander une réciprocité dans la jouissance de nos droits. Les mosquées dans nos villes doivent avoir leur équivalent : des églises là où les Chrétiens, quelle que soit leur dénomination, demandent des églises, a-t-il ajouté.
En 2006 Franco Frattini a mené un débat ample avec l’euro député Daniel Cohn-Bendit