Lors d’un colloque qu’ils organisaient jeudi 11 mars à l’Institut catholique de Paris, catholiques, protestants et orthodoxes se sont élevés avec vigueur contre certaines des dispositions prévues par l’avant-projet de loi en préparation au ministère de l’immigration
«Permettre à nos concitoyens de se positionner par rapport à l’immigration, par-delà les préjugés. » Ainsi le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, président de la Conférence des évêques de France, résumait-il le sens du colloque « Les Églises et le défi des migrations » http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/le-coeur-de-la-foi/lunite-des-chretiens/textes-du-conseil-deglises-chretiennes-en-france/le-defi-des-migrations-un-message-du-conseil-deglises-chretiennes-en-france-a-loccasion-du-premier-dimanche-de-careme-6275.html
organisé jeudi 11 mars à Paris par le Conseil d’Églises chrétiennes en France et plusieurs associations confessionnelles d’aide aux migrants. A trois jours du premier tour des élections régionales, le cardinal Vingt-Trois, le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France, et le métropolite Emmanuel, président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, ont vigoureusement appelé à « défendre la dignité des personnes migrantes ». http://www.secours-catholique.org/actualitefrance_2099.htm
Le colloque traduisait leur volonté de construire une position commune face à ce que plusieurs des intervenants ont qualifié de « durcissement de la politique menée par le gouvernement en termes d’immigration ». Ils en veulent pour preuve l’avant-projet de loi de transposition des directives européennes (1). «Un message de confiance à une société recroquevillée par la peur»
Le président de la Cimade, Patrick Peugeot, a exprimé son inquiétude face à une volonté d’« industrialisation des processus » qui « porte gravement atteinte au respect des droits de l’homme ». « Si dans le système actuel, tout détenu doit être présenté à un juge des libertés et de la détention dans les 48 heures, la loi prévoit que ce délai soit allongé à cinq jours, ce qui permettra, dans certains centres, d’expulser des gens sans qu’ils aient vu un juge », a-t-il indiqué, soulignant également que la durée de rétention pour un étranger en situation irrégulière devrait passer de 32 à 45 jours.
De son côté, François Soulage, président du Secours catholique, s’est élevé contre ce qu’il qualifie de « peine de bannissement » qui prévoit qu’un étranger frappé en France d’une mesure d’éloignement pourra, en plus, se voir prononcer une interdiction de retour d’une durée de cinq ans. « Il faut se mobiliser pour que la France reste une terre d’accueil », a insisté Anne-Cécile Antoni, présidente de l’ACAT, critiquant au passage le « mépris du droit d’asile ».
Le colloque, ont tenu à rappeler les responsables ecclésiastiques, est davantage qu’une réaction à l’avant-projet de loi, et a été organisé avant que celui-ci soit rendu public. « C’est un message plus large de confiance, adressé à une société recroquevillée par la peur », a ainsi souligné le pasteur Baty, soucieux de « l’instrumentalisation politique d’une question aussi fondamentale qui a trait à la dignité des personnes. Il faut se battre contre l’idée qu’une personne dans l’illégalité perd tous ses droits ».
(1) L’avant-projet de loi doit transposer en droit français la directive européenne dite « retour » réglementant le départ des étrangers illégaux.