Guerre en Afghanistan : après les prisons secrètes de la CIA et les vols clandestins, les drones.

Un problème de droit international surgit alors que le président Obama vient d’effectuer son premier voyage en Afghanistan, un voyage bref de quelques heures. Lors de son entretien avec Karzaï, le président Obama n’a certainement pas  évoqué ce qui est l’un des piliers de sa stratégie antiterroriste, même si l’administration observe une grande discrétion sur le sujet : l’utilisation des drones. Selon les statistiques de l’armée de l’air, les Predators et les Reapers (version plus grande) ont tiré 219 missiles en Afghanistan en 2009, contre 183 en 2008 et 74 en 2007. Pour le Pakistan, les chiffres ne sont pas publics : les frappes sont du ressort de la CIA. La presse a compté 69 attaques en 2009.


Or dans une plainte déposée le 16 mars au nom de la loi sur la liberté de l’information, l’Association de défense des libertés civiles (ACLU) a demandé des précisions aux départements d’Etat, de la justice et de la défense. Elle s’inquiète de ce qu’un programme qui « change la manière dont la guerre est livrée » et qui consiste à « cibler et abattre » des individus, y compris éventuellement des citoyens américains, dans des lieux n’étant pas forcément le théâtre de conflits, puisse se dérouler sans débat public. Elle estime que l’emploi des avions sans pilotes pose des questions « morales, juridiques et politiques », d’autant qu’ils sont utilisés dans la zone « Afpak » (Afghanistan et Pakistan), mais aussi au Yémen. Enfin, le nombre de victimes civiles reste secret, déplore l’association, et varie, selon les sources, « de plusieurs dizaines à plusieurs centaines ». Pour la première fois, le conseil juridique du département d’Etat Harold Koh a donné un avis public. Devant l’association américaine du droit international (ASIL), le juriste et ancien doyen de la faculté de droit de Yale a estimé, le 25 mars, que les pratiques ciblées conduites à l’aide de drones, étaient « conformes au droit de la guerre ». L’administration a « revu avec soin », a-t-il dit, les procédures de désignation des cibles pour s’assurer qu’elles sont en accord avec le droit international. Il a répondu aussi aux critiques de passer outre l’interdiction de pratiquer l’assassinat, contenue dans le décret de 1976 émis par Gerald Ford, après les révélations sur les activités de la CIA sous Nixon. « En vertu de la loi des Etats-Unis, l’utilisation de systèmes légaux d’armement pour cibler avec précision des dirigeants rebelles n’est pas illégale et ne constitue donc pas un assassinat », déclare le juriste.

A suivre….comme pour Guantanamo, les prisons et vols secret de la CIA c’est le mouvement associatif et la grande presse qui font les premières révélations. Au début de la seconde Intifada bien des autorités européennes (dont des députés européens) s’étaient inquiétées ( certains avaient condamné) des exécutions « extrajudiciaires » perpétrées par Israël à l’égard d’ individus préalablement identifiés.

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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