Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres, a rejeté mardi les allégations selon lesquelles les demandeurs d’asile affluent massivement dans les pays développés. Son agence a publié des statistiques préliminaires sur le nombre global de demandeurs d’asile dans les pays industrialisés, qui est resté stable en 2009. Les pays européens sont encore loin de respecter les standards européens et internationaux en matière de respect des procédures d’asile. « Les demandeurs d’asile doivent avoir les mêmes droits, quel que soit l’Etat membre où ils introduisent leurs demandes, mais ce n’est pas le cas actuellement » a déploré Judith Kumin , directrice pour l’Europe du HCR
« La notion selon laquelle on observe un afflux de demandeurs d’asile dans les pays les plus riches est un mythe », a indiqué le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Antonio Guterres. « Malgré ce que prétendent certains populistes, nos statistiques montrent que les nombres sont restés stables. ». Les statistiques préliminaires publiées par le HCR sur les niveaux et tendances de l’asile dans 44 pays industrialisés ont montré qu’en comparaison de 2008, le nombre des demandeurs d’asile est resté inchangé en 2009 avec 377 000 requêtes enregistrées, malgré des disparités régionales significatives soulignées dans le rapport. Le nombre des demandes d’asile a augmenté dans 19 pays, alors que 25 autres pays ont enregistré une baisse. Ainsi, la région des pays nordiques a enregistré une augmentation de 13% avec 51 100 nouvelles demandes d’asile, soit le chiffre le plus élevé en six ans.
A l’inverse, le nombre de demandes d’asile dans le sud de l’Europe a diminué de 33% avec 50 100 demandes d’asile, sous l’impulsion de baisses significatives en Italie (-42%), en Turquie (-40%) et en Grèce (-20%). Les Afghans étaient les plus nombreux à demander l’asile avec 26 800 requêtes, soit une augmentation de 45% par rapport à 2008. Les Iraquiens arrivent en deuxième place avec quelque 24 000 demandes d’asile, alors que les Somaliens se placent en troisième position avec 22 600 demandes d’asile. Parmi les principaux pays d’origine se trouvent également la Fédération de Russie, la Chine, la Serbie et le Nigéria.
Les Etats-Unis demeurent le pays le plus sollicité par les requérants d’asile pour la quatrième année consécutive, avec 13% de l’ensemble des demandes dans les pays industrialisés, soit environ 49 000 nouvelles requêtes soumises en majorité par des Chinois. Le second pays de destination a été la France, un pays ayant reçu 42 000 nouvelles demandes d’asile en 2009 – soit une hausse de 19% par rapport à 2008 – du fait de l’augmentation du nombre de demandes d’asile déposées par des citoyens serbes originaires majoritairement du Kosovo.
Le Canada, qui arrive en troisième position parmi les pays de destination, a enregistré 33 000 demandes d’asile, soit une baisse de 10% en 2009, après une diminution des demandes d’asile soumises par les Mexicains et les Haïtiens. On trouve ensuite le Royaume-Uni qui a également enregistré une baisse des demandes d’asile avec 29 800 dossiers remis, l’un des chiffres les plus bas observés depuis 15 ans. Au contraire, les demandes d’asile en Allemagne ont augmenté de 25% avec 27 600 nouvelles demandes d’asile déposées en 2009, ce qui place ce pays en cinquième position parmi les plus importants pays de destination. En somme, ces cinq pays de destination principaux ont reçu 48% du total des demandes d’asile enregistrées en 2009.
En termes de région d’origine, près de la moitié du total des 377 000 requérants d’asile sont originaires de l’Asie et du Moyen-Orient (45%), suivis par l’Afrique (29%), l’Europe (15,5%) et les Amériques (9%).
Le rapport statistique publié annuellement par le HCR analyse les niveaux et tendances de l’asile dans les 27 Etats membres de l’Union européenne, l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, l’Islande, le Liechtenstein, le Monténégro, la Norvège, la Serbie, la Suisse, l’ex-République yougoslave de Macédoine et la Turquie. Il couvre également les États-Unis, le Canada, l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République de Corée.
Le rapport intitulé « Niveaux et tendances de l’asile dans les pays industrialisés, année 2009 » porte sur 12 les procédures d’octroi d’asile appliquées dans douze Etats membres : Belgique, Bulgarie,, République Tchèque, Finlande, France, Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Slovénie, Espagne, et Royaume-Uni. E n 700 pages les chercheurs ont passé en revue plus de 1000 cas individuels et de décisions et analysé des centaines d’interviews de demandeurs et interrogé des responsables en matière d’asile , de juges, des avocats et des ONG. De manière générale l’étude montre que les pays de l’UE appliquent non seulement de manière divergente la directive ‘procédure » mais aussi que dans certains cas que leurs pratiquent ne respectent pas les lois internationales sur les réfugiés. « Dans tous les Etats membres nous avons observé des problèmes. L’UE est encore loin de disposer de pratiques communes » a constaté Mme Kumin : « Prendre une décision en matière d’asile est extrêmement difficile. Cela peut être une question de vie ou de mort ». Pourtant pendant leurs enquêtes les chercheurs ont trouvé que les demandeurs d’asile n’avaient pas eu la possibilité d’avoir des interviews individuelles personnelles, ou n’avaient pas eu assez de temps pour préparer ces entretiens destinés à expliquer leurs requêtes. De plus les interprètes fournis n’étaient pas toujours disponibles ou suffisamment qualifiés comme en Grèce. Au Royaume-Uni, par exemple,, un grand nombre de requêtes ont été traitées selon des procédures accélérées, avec des garanties réduites. Pour remédier à ce la le HCR préconise donc une meilleure formation du personnel chargé de l’examen des procédures d’asile et un code de conduite pour les responsables des interviews et les interprètes. Certaines de ces initiatives pourraient être prises par le Bureau européen en matière d’asile qui va être installé à Malte. L’étude a aussi confirmé certaines bonnes pratiques, comme en matière de traduction en Belgique et en Allemagne. Dans d’autres pays, les demandeurs d’asile sont correctement informés de leurs droits de faire appel des décisions négatives.
L’étude peut être consultée dans sa version complète (en anglais) sur : http://www.unhcr.org/4ba7341a9.html.
La version française sera bientôt disponible sur www.unhcr.fr.