La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a présenté le rapport 2009 des Etats-Unis sur la situation des droits de l’homme dans le monde.Dans son rapport annuel sur la situation des droits de l’homme, Washington critique sans réserve la Chine et l’Iran. Les Etats-Unis pointent également une résurgence de l’antisémitisme.
http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2009/index.htm
Symbole annuel de l’universalisme américain, la version 2010 du rapport de Washington sur les droits de l’homme a été présentée récemment. En première ligne, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton n’a d’ailleurs pas caché «la connexion de l’évènement» avec «les aspirations universelles» que les Etats-Unis «cherchent à incarner dans leur politique extérieure». Pour Michael Posner, chargé des droits de l’homme au département d’Etat, ce rapport n’est rien de moins que le plus complet au monde sur le sujet. Qu’en pensent ceux qui, nombreux, font périodiquement le bilan ? mais il faut bien reconnaître du professionnalisme dans ce document.
Sans surprise, l’Iran et la Chine sont pointés comme des mauvais élèves en la matière. En Iran, «le mauvais bilan du gouvernement en matière de droits de l’homme a empiré pendant l’année, en particulier après l’élection présidentielle contestée de juin». Le rapport regrette la «limitation sévère» par le président Ahmadinejad du «droit des individus de changer de gouvernement pacifiquement, à travers des élections libres et justes».
En Chine, le bilan des droits de l’homme reste mauvais et se dégrade même par endroits, estime le département d’Etat. En 2009, Pékin a notamment «intensifié sa répression sévère au plan culturel et religieux» des minorités ethniques au Xinjiang, rappelle le ministère. Dans l’ensemble du pays, «la détention et le harcèlement des militants des droits de l’homme se sont accrus», relève-t-il par ailleurs. Sans surprise, Pékin a farouchement rejeté ces observations. La Chine a accusé Washington d’utiliser ce rapport comme un «instrument politique » pour salir l’image des autres Nations et poursuivre leurs propres intérêts stratégiques». Dans la foulée, le gouvernement chinois a publié un contre-rapport accusant les Etats-Unis «d’esquiver voire de couvrir ses propres atteintes aux droits de l’Homme sur son territoire».
L’Europe à son tour a été épinglée sur les musulmans. Il faut dire que les différents rapports établis sur la situation des musulmans aux Etats-Unis est radicalement différente par rapport à celle qui prévaut en Europe. Leur situation est supérieure à la moyenne des américains. Résultat : ils ont témoigné par des manifestations importantes de leur loyauté à l’égard des Etats-Unis et de son gouvernement, la propagande islamiste ou radicale justifiant le terrorisme, n’a eu aucune prise sur eux. Plus inattendu, les Etats-Unis estiment que la discrimination envers les musulmans a été préoccupante en 2009 en Europe. Le rapport épingle des «exemples notables de discrimination et de harcèlement» dans «plusieurs pays généralement très respectueux des droits de l’homme». En Suisse surtout, avec l’amendement constitutionnel interdisant l’érection de minarets, approuvé par référendum en novembre dernier.
De manière générale, les alliés des Etats-Unis ne sont pas épargnés par le rapport. Discrimination envers les femmes en Arabie Saoudite, liberté religieuse bafouée en Egypte, «détérioration importante de la condition des civils» en Afghanistan, «atteintes aux droits de l’homme» en Irak… En Europe, la crise économique a suscité des cas graves de violence envers les Roms. Enfin, l’offensive israélienne à Gaza, fin 2008, a tué selon les organisations de défense des droits de l’homme 1.400 palestiniens dont plus de 1.000 civils.
La montée de l’antisémitisme en 2009 préoccupe les auteurs du rapport. «Les formes traditionnelles et nouvelles de l’antisémitisme ont continué de progresser», note le document officiel. Le département d’Etat range dans la catégorie des nouvelles formes «une critique du sionisme et de la politique israélienne qui ‘franchit la ligne jaune’ en diabolisant tous les juifs».
Dans ce contexte de fragilisation des minorités partout dans le monde, Internet est devenu un «champ de bataille» de la lutte pour les droits de l’homme, avertit le rapport. La Chine en est un bon exemple, qui a «employé des milliers de personnes au niveau national et local» pour contrôler l’usage et le contenu de la Toile et bloquer l’accès aux sites étrangers. Globalement, Washington évoque une tendance mondiale pour «contrôler les voix critiques», y compris celles des journalistes, à travers les nouvelles technologies. Ces limitations, souvent appliquées «subtilement, pour éviter d’attirer l’attention des défenseurs des droits de l’homme», n’en restent pas moins «glaçantes pour ce qui est de la liberté d’expression».
Un rapport à lire, mais qui reste par certains aspects stupéfiant quand on constate leurs propres performance désastreuses à bien des égards dans le reste du monde.