L’interdiction du port du voile intégral sera à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale française le 11 mai : examen d’une proposition de résolution à forte valeur symbolique cela va de soi. Le texte de loi proprement dit viendra après qui devrait porter sur tout l’espace public. La stratégie gouvernementale n’est pas encore arrêtée à cet égard avec clarté. Notons que les autorités religieuses françaises persistent dans leurs réserves : le jour de Pâques, le cardinal archevêque de Paris s’est exprimé à la radio Europe 1 en ce sens. Pour lui il est clair que l’on ne doit pas légiférer. Mais qu’en pensent les organisations islamiques en France ?
La traditionnelle rencontre du Bourget des 2-5 avril (la 27e rencontre du genre) qui se fait sous l’égide de l’Union des organisations islamiques de France (UIOF) permet de faire le point et de constater des nuances au moins dans l’expression. Ils ont tous rappelé leur opposition à une loi d’interdiction générale et dénoncé un climat d’islamophobie, source de « crispations » et de « repli » dans la communauté musulmane. Devant des milliers de personnes, le président de l’UOIF, Fouad Alaoui, a regretté que les musulmans soient considérés comme « le maillon faible de la société » et déploré que « le voile facial » soit devenu « un enjeu national ». L’UOIF avait déclaré, devant la mission parlementaire consacrée à ce sujet, qu’elle ne considérait pas le voile intégral comme une obligation religieuse mais comme une pratique fondée sur un avis minoritaire. Samedi, M. Alaoui a aussi insisté sur le fait que le port de cette tenue relevait de la « liberté personnelle et que nul ne pouvait intervenir sur la liberté personnelle ». Evoquant ces femmes, M. Alaoui a martelé, sous les applaudissements, que « [leur] devoir est de les aider et de les défendre », tout en ajoutant : « c’est à nous de tirer la communauté vers le haut ».
Intervenant devant une salle moins enthousiaste à son égard, Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), dont l’UOIF est membre, a développé un discours plus nuancé. M. Moussaoui a certes déploré « l’instrumentalisation et la stigmatisation subies » par l’islam ces derniers mois : « Les musulmans de France souhaitent que leurs pratiques religieuses soient perçues comme un élément de leur liberté individuelle et non comme une source permanente de débats publics », a-t-il rappelé. De même, il a regretté que « certains semblent réclamer un rejet de tout signe religieux visible dans l’espace public ». Mais, concernant le port du voile intégral, il a demandé, au nom d’un « meilleur vivre ensemble » que « chacun prenne en compte dans l’exercice de sa pratique religieuse ou culturelle la perception de cette pratique par le reste de la société. Nous ne devons pas sous-estimer l’incompréhension et le rejet que peuvent susciter certaines pratiques, au demeurant très marginales ». « Le CFCM a affiché sa volonté d’oeuvrer pour que cette pratique ne se développe pas sur le territoire », a rappelé M. Moussaoui.
Face au « climat islamophobe galopant « , M. Alaoui a reconnu une part de responsabilité de la communauté musulmane. « Le problème est que nous n’arrivons pas à montrer les vraies valeurs de l’islam. La société ne nous interroge pas sur ce que dit le Coran ou sur nos valeurs, mais sur nos pratiques. A nous de lui montrer par notre comportement, nos relations avec notre entourage, notre modestie, le vrai visage de l’islam. » M. Moussaoui a annoncé une prochaine rencontre avec le premier ministre, François Fillon, au cours de laquelle il devrait plaider, de nouveau, pour la mise en place d’une mission parlementaire sur l’islamophobie et pour « l’amélioration de la lutte contre les actes antimusulmans ».
Le voile intégral divise la communauté musulmane, comme il divise la communauté politique française ce qui ne facilite guère le choix final : pour ou contre une loi d’interdiction générale. L’arbitrage du chef de l’Etat tarde à tomber, s’il doit tomber, car comment contourner la mise en garde du Conseil d’Etat contre une interdiction générale ? Certes un texte d’interdiction générale existe « au nom de l’ordre et la sécurité publics » celui déposé par le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale. Mais en attendant la résolution parlementaire de nature purement déclarative affirmant que le voile intégrale est « contraire aux valeurs essentielles de la République » pourrait être discutée en mais sans rencontrer de grande opposition. Rappelons que le Conseil d’Etat avait repoussé le fondement de la laïcité estimant que le principe s’applique aux institutions et aux agents publics et pas aux individus. Il avait aussi écarté le principe d’égalité et de dignité. La marge de manœuvre est étroite. Quel va être l’influence de l’exemple belge ? Dans une interview donnée au journal le Monde du 11-12 avril, Alain Juppé résume bien la situation : « Cette pratique qui n’est pas une prescription religieuse mais une habitude importée de certaines zones géographiques, est contraire aux valeurs de la République. Mais une loi générale risque de donner le sentiment d’une stigmatisation de l’Islam. Le premier ministre a choisi la bonne démarche en demandant l’avis du Conseil d’Etat sur les mesures qu’il s’impose de prendre. On devrait suivre cet avis. »
L’interdiction de la burqa et les organisations islamiques de France
L’interdiction du port du voile intégral sera à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale française le 11 mai : examen d’une proposition de résolution à forte valeur symbolique cela va de soi. Le texte de loi proprement dit viendra après qui devrait porter sur tout l’espace public. La stratégie gouvernementale n’est pas encore arrêtée à cet égard avec clarté. Notons que les autorités religieuses françaises persistent dans leurs réserves : le jour de Pâques, le cardinal archevêque de Paris s’est exprimé à la radio Europe 1 en ce sens. Pour lui il est clair que l’on ne doit pas légiférer. Mais qu’en pensent les organisations islamiques en France ?
La traditionnelle rencontre du Bourget des 2-5 avril (la 27e rencontre du genre) qui se fait sous l’égide de l’Union des organisations islamiques de France (UIOF) permet de faire le point et de constater des nuances au moins dans l’expression. Ils ont tous rappelé leur opposition à une loi d’interdiction générale et dénoncé un climat d’islamophobie, source de « crispations » et de « repli » dans la communauté musulmane. Devant des milliers de personnes, le président de l’UOIF, Fouad Alaoui, a regretté que les musulmans soient considérés comme « le maillon faible de la société » et déploré que « le voile facial » soit devenu « un enjeu national ». L’UOIF avait déclaré, devant la mission parlementaire consacrée à ce sujet, qu’elle ne considérait pas le voile intégral comme une obligation religieuse mais comme une pratique fondée sur un avis minoritaire. Samedi, M. Alaoui a aussi insisté sur le fait que le port de cette tenue relevait de la « liberté personnelle et que nul ne pouvait intervenir sur la liberté personnelle ». Evoquant ces femmes, M. Alaoui a martelé, sous les applaudissements, que « [leur] devoir est de les aider et de les défendre », tout en ajoutant : « c’est à nous de tirer la communauté vers le haut ».
Intervenant devant une salle moins enthousiaste à son égard, Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), dont l’UOIF est membre, a développé un discours plus nuancé. M. Moussaoui a certes déploré « l’instrumentalisation et la stigmatisation subies » par l’islam ces derniers mois : « Les musulmans de France souhaitent que leurs pratiques religieuses soient perçues comme un élément de leur liberté individuelle et non comme une source permanente de débats publics », a-t-il rappelé. De même, il a regretté que « certains semblent réclamer un rejet de tout signe religieux visible dans l’espace public ». Mais, concernant le port du voile intégral, il a demandé, au nom d’un « meilleur vivre ensemble » que « chacun prenne en compte dans l’exercice de sa pratique religieuse ou culturelle la perception de cette pratique par le reste de la société. Nous ne devons pas sous-estimer l’incompréhension et le rejet que peuvent susciter certaines pratiques, au demeurant très marginales ». « Le CFCM a affiché sa volonté d’oeuvrer pour que cette pratique ne se développe pas sur le territoire », a rappelé M. Moussaoui.
Face au « climat islamophobe galopant « , M. Alaoui a reconnu une part de responsabilité de la communauté musulmane. « Le problème est que nous n’arrivons pas à montrer les vraies valeurs de l’islam. La société ne nous interroge pas sur ce que dit le Coran ou sur nos valeurs, mais sur nos pratiques. A nous de lui montrer par notre comportement, nos relations avec notre entourage, notre modestie, le vrai visage de l’islam. » M. Moussaoui a annoncé une prochaine rencontre avec le premier ministre, François Fillon, au cours de laquelle il devrait plaider, de nouveau, pour la mise en place d’une mission parlementaire sur l’islamophobie et pour « l’amélioration de la lutte contre les actes antimusulmans ».
Le voile intégral divise la communauté musulmane, comme il divise la communauté politique française ce qui ne facilite guère le choix final : pour ou contre une loi d’interdiction générale. L’arbitrage du chef de l’Etat tarde à tomber, s’il doit tomber, car comment contourner la mise en garde du Conseil d’Etat contre une interdiction générale ? Certes un texte d’interdiction générale existe « au nom de l’ordre et la sécurité publics » celui déposé par le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale. Mais en attendant la résolution parlementaire de nature purement déclarative affirmant que le voile intégrale est « contraire aux valeurs essentielles de la République » pourrait être discutée en mais sans rencontrer de grande opposition. Rappelons que le Conseil d’Etat avait repoussé le fondement de la laïcité estimant que le principe s’applique aux institutions et aux agents publics et pas aux individus. Il avait aussi écarté le principe d’égalité et de dignité. La marge de manœuvre est étroite. Quel va être l’influence de l’exemple belge ? Dans une interview donnée au journal le Monde du 11-12 avril, Alain Juppé résume bien la situation : « Cette pratique qui n’est pas une prescription religieuse mais une habitude importée de certaines zones géographiques, est contraire aux valeurs de la République. Mais une loi générale risque de donner le sentiment d’une stigmatisation de l’Islam. Le premier ministre a choisi la bonne démarche en demandant l’avis du Conseil d’Etat sur les mesures qu’il s’impose de prendre. On devrait suivre cet avis. »