Lettre ouverte: Conférence ministérielle sur l’intégration, Saragosse, Espagne, 15-16 avril 2010
Nous demandons aux Ministres assistant à la 4ème conférence ministérielle sur l’intégration des migrants:
– D’oeuvrer pour que la législation reconnaisse aux migrantes un statut juridique personnel indépendant de tout lien familial et de tout lien économique, qui, seul, garantit le respect et l’application des droits fondamentaux ;
– De prendre en considération, la défense des droits fondamentaux des femmes et de lutter notamment contre les mariages forcés, les mutilations sexuelles féminines, les crimes d’honneur et les crimes sexistes ;
– De freiner toute tentation de repli communautariste qui conduit à maintenir les femmes dans des coutumes contraires aux principes universels et à nos lois, mais aussi de lutter contre la double discrimination dont ces femmes sont les victimes
– De rendre opposables aux pouvoirs patriarcal et religieux, les droits sexuels et reproductifs de toute femme migrante.
La gestion de la diversité au niveau local
Nous sommes inquiètes de la non reconnaissance par beaucoup de villes européennes de la diversité de manière positive et constatons que bien des fois, les associations doivent pallier à ce manque de cohésion sociale au quotidien. Le rôle des associations de femmes migrantes en ce domaine doit être reconnu et encouragé, y compris financièrement, par les autorités locales. Les moments comme les célébrations culturelles des pays d’origine mais aussi du pays d’accueil peuvent ainsi être des moments de connaissance de l’autre, essentiels dans la mise en place d’un dialogue interculturel.
Nous demandons aux Ministres assistant à la 4ème conférence ministérielle sur l’intégration des migrants:
– D’encourager l’apprentissage de la diversité et du dialogue interculturel dès le plus jeune âge à l’école et au niveau local de manière général afin de construire ensemble une société basée sur la cohésion sociale.
L’importance du capital humain
L’incapacité de nombreux Etats membres à mettre en place des systèmes efficaces de reconnaissance des qualifications acquises dans des pays tiers à l’UE et de créer des formations avancées pour ceux et celles ayant besoin de développer leurs compétences, a pour conséquence que beaucoup de femmes très qualifiées se retrouvent employées dans les secteurs du nettoyage ou du soin (‘care’) et bien qu’utile, prive la société de leurs compétences et qualifications. De même, les femmes migrantes, qui choisissent d’avoir des enfants, se retrouvent souvent confrontées au risque de perdre leur emploi ou à de nombreuses difficultés pour retrouver un emploi du fait de la discrimination. L’UE et ses Etats membres ne peuvent pas rester sans profiter de toutes ces compétences existant dans leurs sociétés du fait de leur incapacité à agir.
Nous demandons aux Ministres assistant à la 4ème conférence ministérielle sur l’intégration des migrants:
– De soutenir les migrant-e-s, qui souhaitent mettre en place ou développer leurs entreprises et de reconnaître que leur contribution à l’économie locale est une manière de montrer leur intégration à la société.
– De mettre en place des procédures rapides et transparentes pour la reconnaissance des qualifications obtenues à l’étranger, de donner l’accès à des formations professionnelles et des cours de langue gratuitement.
Nous vous prions, Monsieur le Ministre, Madame la Ministre, d’agréer nos meilleurs sentiments,
Virginia Wangare Greiner
Présidente du Réseau européen de femmes migrantes info@migrantwomennetwork.org