L’interdiction de la burqa a franchi le 11Mai une première étape parlementaire. Les députés ont adopté à l’unanimité des votants (434 voix pour) la proposition de résolution UMP «sur l’attachement au respect des valeurs républicaines face au développement de pratiques radicales qui y portent atteinte». Les vraies difficultés viendront dès l’examen, en Conseil des ministres, du projet de loi «visant à interdire la dissimulation du visage dans l’espace public», le 19 mai. Consciente que le sujet est «difficile», Michèle Alliot-Marie a souligné «la détermination du gouvernement à se donner tous les moyens de lutter contre des pratiques contraires aux valeurs républicaines». «Le premier ministre et moi-même menons une vaste concertation avec les responsables religieux et avec les responsables de tous les partis politiques», a ajouté la garde des Sceaux. La ministre a souligné que le port du voile intégral «n’est prescrit par aucun précepte du Coran», «est interdit dans plusieurs lieux de culte, y compris à La Mecque» et qu’il est «la traduction vestimentaire du communautarisme».
Jean-François Copé a souligné que cette résolution n’était pas «une loi, mais une déclaration politique au sens noble du terme». Pour le patron des députés UMP, «le voile intégral n’est pas un vêtement, mais un masque porté en permanence, qui constitue une menace pour notre société». Et, insiste-t-il, «nous ne pouvons pas laisser le voile intégral couvrir le visage de notre République». «Cette pratique est aux antipodes de nos valeurs républicaines», a renchéri Colette Le Moal (Yvelines, Nouveau Centre). Comme il s’y était engagé, (cf. Nea Say n° 87), mais le PS a réaffirmé son opposition fondamentale ainsi que Martine Aubry l’a indiqué après son entretien avec le premier ministre (cf. supra), certes le PS a voté la proposition de résolution UMP. Les députés PS ont d’ailleurs voté le matin à l’unanimité une proposition de loi visant à «fixer le champ d’interdiction» du port du voile intégral dans les services publics et les commerces. «Ce que nous voulons, c’est l’efficacité plutôt que l’affichage», a expliqué Jean-Marc Ayrault, le patron des députés PS qui, avec son homologue du Sénat Jean-Pierre Bel, accompagnait la première secrétaire du PS à Matignon. Poussant la logique jusqu’au bout, les élus communistes, Verts et du Front de gauche ont préféré quitter l’Hémicycle pour ne pas participer au vote, après l’intervention d’Alain Bocquet. Le député PCF du Nord a dénoncé «l’instrumentalisation politicienne du voile intégral» et accusé l’UMP de «puiser à l’extrême droite les moyens de préparer les échéances de 2012 en tentant de débaucher l’électorat FN».