La crise économique a provoqué un développement des phénomènes racistes en Europe, estime la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (Ecri) dans son rapport 2009. Nous constatons une augmentation générale des attitudes xénophobes et intolérantes, accompagnée d’attaques verbales virulentes et d’incidents violents, ainsi qu’une perception grandissante que les flux migratoires ont un impact négatif sur les pays concernés », affirme le rapport publié à Strasbourg.
L’Ecri « regrette que, dans de nombreux pays d’Europe, le débat sur l’intégration se concentre quasi exclusivement sur les ‘lacunes’ réelles ou perçues des populations minoritaires, sans tenir compte tant de leur contribution économique, sociale et culturelle que du peu d’efforts déployés par la population majoritaire (pour les intégrer) ».
Ce comité d’experts issus des 47 Etats membres constate « un phénomène relativement nouveau qui consiste à proposer ou à introduire des restrictions d’ordre juridique visant spécifiquement les musulmans – matière là encore à la récupération politique ».
Si aucun exemple n’est mentionné, la remarque s’applique à l’interdiction des minarets en Suisse, que l’Ecri a déclarée contraire aux droits de l’homme, mais aussi aux lois sur le voile, notamment en France, sur lesquelles elle a émis des réserves.
L’Ecri a commandé en 2009 une étude relative à l’impact de la crise économique sur le racisme et la discrimination raciale à Jean-Michel Belorgey, ancien député socialiste français et ancien membre du Conseil d’Etat. Elle n’a pas encore été rendue publique.
Le président de la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI), Nils Muiznieks, a fait part aujourd’hui de la vive préoccupation que lui inspire la montée des violences racistes en Europe. « Il y a eu au cours de l’année qui vient de s’écouler un durcissement du débat sur l’immigration et une aggravation des attitudes xénophobes et intolérantes en général, y compris des attaques verbales virulentes et des incidents violents », a-t-il déclaré. Le président de l’ECRI a déploré que 29 Etats membres du Conseil de l’Europe n’aient pas encore ratifié le Protocole n° 12 à la Convention européenne des droits de l’homme, qui prévoit l’interdiction générale de la discrimination ; il les a appelés à le faire le plus tôt possible.
L’ECRI appelle les Etats européens à appliquer scrupuleusement leur législation visant à prévenir et à combattre le racisme, l’intolérance et la xénophobie, et à combler les vides juridiques qui perdurent. Si elle reconnaît que certains Etats ont adopté une législation adaptée, l’ECRI souligne néanmoins que l’application des textes « reste souvent un défi ».
L’ECRI est également préoccupée par la persistance du recours généralisé au profilage racial par la police, par les abus dans la lutte contre le terrorisme et par les brutalités policières contre des groupes vulnérables. Le rapport conclut que :
-. Les Roms et les Gens du voyage restent en butte à une hostilité ouverte et à l’exclusion sociale ; ils sont victimes de meurtres et de raids contre leurs campements.
-. Le racisme anti-Noirs perdure en Europe et se traduit souvent par des attaques organisées contre la communauté noire et par de fréquentes injures liées à la couleur de peau lors des manifestations sportives.
-. La discrimination envers les musulmans persiste dans les domaines de l’emploi, du maintien de l’ordre, de l’urbanisme, de l’immigration et de l’éducation. Depuis peu, les musulmans sont également visés par des restrictions spécifiques d’ordre juridique. Les Etats doivent faire plus pour encourager la tolérance à l’égard de la diversité religieuse.
-. L’antisémitisme perdure en Europe. Les actes de vandalisme visant des synagogues et des cimetières juifs restent, avec le négationnisme, des sujets de préoccupation.
Texte intégral du rapport http://www.coe.int/t/dghl/monitoring/ecri/activities/Rapport%20annuel%202009.pdf