L’OCDE alerte les gouvernements sur les risques à trop limiter l’immigration, élément clé de la croissance. Ils apportent une contribution bénéfique à l’économie nationale. Les difficultés économiques ne devraient pas servir d’argument pour restreindre l’immigration.
La crise a donné un coup de frein aux flux migratoires alors qu’elle avait augmenté de 11% par an depuis 2003. Les jeunes immigrés sont les plus touchés par le chômage, les femmes s’en tirant mieux. L’ OCDE appelle les gouvernements à accorder les mêmes droits (chômage, reclassement etc ) qu’aux travailleurs nationaux. Elle encourage à les naturaliser pour mieux les intégrer. L’immigration est cruciale pour faire face à l’évolution démographique et aux pénuries d’emploi dans certains secteurs. La population en âge de travailler n’augmenterait que de 1,9% dans la prochaine décennie au rythme d’immigration actuelle. Mais la tendance sera à la baisse en Allemagne, au Japon, en Italie. La France est pénalisée par son faible taux d’immigration : l’essentiel de l’immigration provient du regroupement familial (51,9%) contre seulement 13,8% au titre du travail (hors UE).
Les migrations ont diminué pendant la crise, mais, à mesure que la reprise économique se manifestera, on aura de nouveau besoin de migrants pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre ou de compétences. Dans l’édition 2010 des Perspectives des migrations internationales, il est indiqué qu’en 2008, les entrées de migrants vers les pays de l’OCDE ont reculé de 6 % environ, tombant à 4.4 millions d’individus, alors qu’au cours des 5 années précédentes, leurs effectifs avaient augmenté de 11 % par an en moyenne. En outre, selon des données nationales récentes, le recul de ces effectifs s’est encore accentué en 2009. Ce déclin témoigne d’une baisse de la demande de travailleurs étrangers émanant des entreprises des pays de l’OCDE. Les immigrés ont été durement frappés par la crise de l’emploi, notamment les jeunes qui, dans bien des pays, ont enregistré une forte diminution de leur taux d’emploi. D’une manière générale, les chiffres du chômage des immigrés de sexe masculin (dont beaucoup travaillaient dans les secteurs durement touchés par la crise comme le bâtiment ou l’hôtellerie-restauration), ont progressé davantage que ceux de la population autochtone. Néanmoins, les immigrés au chômage qui retournent dans leur pays ne sont guère nombreux. Dans certains pays, on a même observé une hausse du taux d’emploi des femmes immigrées, qui ont pris un emploi pour compenser la perte de revenu provoquée par le chômage de leur conjoint.
Même si, à court terme, la crise a eu un impact sur l’immigration, cette dernière continuera de jouer un rôle crucial, à long terme, dans les pays de l’Organisation parce qu’ils auront besoin de travailleurs supplémentaires pour préserver la croissance et la prospérité. C’est en pensant à cela, nous dit l’OCDE, que les gouvernements des pays de l’Organisation devraient faire tout leur possible pour aider les immigrés qui ont perdu leur emploi, en veillant à ce qu’ils bénéficient des mêmes droits en matière de prestations de chômage que leurs homologues autochtones, et en leur offrant une aide à la recherche d’emploi et à l’apprentissage de la langue du pays d’accueil en vue de favoriser leur intégration. « Il est important de souligner que les immigrés apportent une contribution bénéfique à l’économie nationale, en particulier en période de croissance », a fait observer le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría. « Les tendances démographiques de long terme demeurent quelle que soit l’ampleur des difficultés économiques actuelles. Ces dernières ne devraient pas servir d’argument pour imposer des barrières excessives à l’immigration. Il est important de conserver une perspective de long terme en matière de politique migratoire. »
En maintenant les taux d’immigration à leur niveau actuel, prévoit l’OCDE, la population d’âge actif des pays de l’Organisation n’augmenterait que de 1.9 % au cours des dix prochaines années. Ce pourcentage contraste avec les 8.6 % d’augmentation de la population en âge de travailler enregistrés entre 2000 et 2010. La naturalisation est un des déterminants majeurs des bons résultats sur le plan de l’emploi et, à terme, de l’intégration des immigrés. Les immigrés remplissant les conditions d’accession à la nationalité de leur pays d’accueil devraient être encouragés à la demander, recommande l’OCDE. Dans l’intervalle, les pays devraient envisager d’aplanir les obstacles à la naturalisation comme la limitation de reconnaissance de la double nationalité ou la rigueur excessive des critères d’admissibilité.
Autres considérations : le nombre de demandeurs d’asile continue à augmenter, l’augmentation des flux d’étudiants étrangers mènent à des installations définitives, la Chine en tant que pays d’origine représente 10%, l’Inde, le Mexique, la Pologne moins de 5%, la crise a eu un impact disproportionné sur l’emploi des immigrés des pays de l’OCDE, les facteurs responsables de la plus grande vulnérabilité des immigrés sur le marché du travail rendent difficile la mise en œuvre des politiques actives,. Le rapport comprend également l’analyse de l’opinion publique : la connaissance publique du phénomène migratoire pourrait être améliorée grâce à la diffusion par les médias d’une information objective et complète sur les questions migratoires. Ces dernières années, la croissance démographique dans de nombreux pays de l’OCDE ainsi qu’une part substantielle de la population entrant dans la population d’âge actif ont été en grande parie dues aux migrations internationales, pourtant, une grande partie de la croissance s’explique par l’augmentation des taux d’emploi des résidents plutôt que par le recours à de nouveaux travailleurs étrangers.
Perspectives des migrations internationales 2010 OCDE http://www.oecd.org/document/42/0,3343,fr_2649_33931_45626986_1_1_1_1,00.html
Résumés (FR) http://www.oecd.org/dataoecd/12/29/45612894.pdf
(EN) http://www.oecd.org/dataoecd/12/9/45612617.pdf