La gêne exprimée, après beaucoup d’autres, par deux membres éminents du gouvernement a relancé les interrogations sur la politique de la France à l’égard des Roms mais le Premier ministre, François Fillon, a confirmé qu’elle se poursuivrait ce que les déclarations et annonces de Brice Hortefeux et Eric Besson semblent confirmer. Cependant ile premier ministre a soulevé des questions embarrassantes pour tout le monde.
Invité de France Inter, François Fillon, qui , après une phase silencieuse, a repris en main la communication de l’exécutif sur ce sujet, a évoqué pêle-mêle l’afflux de Roms en France, l’illégalité de certains campements, leur « mode de vie nomade de moins en moins adapté » à la société et la délinquance de jeunes Roumains à Paris. Le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, lui a reproché de faire « le lien entre immigration et insécurité ». « Avec des mots choisis, François Fillon ne dit rien d’autre que Marine Le Pen », la vice-présidente du Front national, a-t-il dit à la presse. Cette politique est dans la continuité de celle menée par les précédents gouvernements, a souligné François Fillon mais, a-t-il reconnu, elle suscite « un malaise ». « Il y a eu dans mon camp un certain nombre de propos que je n’ai pas acceptés durant l’été, parce que je pense qu’il n’y a pas de surenchère nécessaire dans ce domaine et ce qu’il faut, c’est traiter le sujet », a-t-il dit. Le malaise, exprimé jusqu’alors par des personnalités catholiques de la majorité – le député Etienne Pinte, l’ancienne ministre Christine Boutin, par exemple – s’est élargi à des ministres qui ne sont pas membres de l’UMP. Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, « pas content de ce qui s’est passé (ni) de la polémique », a confié sur RTL qu’il avait songé à démissionner, qu’il en avait parlé à Nicolas Sarkozy mais que cela n’aurait servi à rien. Son collègue de la Défense, Hervé Morin, a fait étalage dimanche de divergences avec le président Nicolas Sarkozy sur le plan sécuritaire lors des universités d’été de son parti, le Nouveau Centre.
« Il n’y a pas de discours de stigmatisation », a insisté François Fillon. « La politique que nous conduisons, c’est une politique qui respecte la loi et qui s’adresse à toutes les personnes qui sont en situation irrégulière ». La plupart des Roms reconduits dans leur pays sont toutefois en situation régulière, étant citoyens communautaires entrés en France depuis moins de trois mois, et acceptent l’aide au retour volontaire, comme l’a souligné le Premier ministre le 24 août. La libre circulation dans l’Union européenne, critiquée dimanche par le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, pose un problème à cet égard, a estimé François Fillon. « Dire que 15% de la délinquance des mineurs à Paris aujourd’hui est le fait de jeunes Roumains, ça n’est pas stigmatiser une communauté, c’est simplement constater qu’on a un problème qui est lié à l’ouverture des frontières européennes, qui est lié au principe de libre circulation et qui est lié au fait qu’en Roumanie notamment, l’intégration des populations de Roms n’est pas suffisante », a-t-il dit. « On a une communauté importante qui n’est pas intégrée correctement, notamment en Roumanie et en Bulgarie, dont le mode de vie nomade est de moins en moins adapté à la vie d’une société moderne », a encore estimé le Premier ministre.
Dans le même temps, Brice Hortefeux a inauguré une aire d’accueil pour gens du voyage dans les Alpes-Maritimes. « D’un côté, on n’occupe pas de manière illégale, illicite, des terrains (…) et simultanément nous encourageons les collectivités à prévoir précisément des espaces garantissant à la fois la légalité, la dignité et la salubrité », a dit le ministre de l’Intérieur. Et Eric Besson a annoncé chiffres et mesures qui conserve à la politique actuelle les grandes lignes et sur certains points les confirment malgré un recentrage apparent de cette politique dans la déclaration du premier ministre.
Le gouvernement français s’apprête à déposer un amendement visant notamment les Roms et permettant de renvoyer des étrangers en cas de « menace à l’ordre public à l’occasion d’actes répétés de vols ou de mendicité agressive », a annoncé, lundi 30 août, le ministre de l’immigration, Eric Besson. « Il nous faut élargir les possibilités de prendre des arrêtés de reconduite à la frontière », a plaidé M. Besson, précisant qu’un « amendement sera déposé à cette fin ».
Evoquant de nouvelles mesures devant être prises par la France pour « lutter plus efficacement contre les filières d’immigration clandestine et de traite des êtres humains en provenance de Roumanie et Bulgarie », le ministre a annoncé deux autres amendements dans le cadre du projet de loi sur l’immigration qui sera soumis le 27 septembre à l’Assemblée nationale. Le premier permettra « la reconduite dans leurs pays d’origine des personnes qui représentent une charge déraisonnable pour notre système d’assistance sociale ». Le second permettra de « sanctionner ceux qui abusent du droit au court séjour (trois mois maximum) afin de contourner les règles plus strictes du long séjour » (avoir un emploi, suivre des études ou justifier de ressources suffisantes, et avoir une assurance-maladie), a-t-il précisé. « Les ressortissants européens ne jouissent pas d’une liberté de séjour sans limite au sein de l’Union européenne », a justifié le ministre.
M. Besson a encore estimé qu’il fallait ratifier « dans les meilleurs délais l’accord franco-roumain facilitant la réinsertion dans leur pays d’origine des mineurs non accompagnés ». « Notre droit ne connaît les étrangers qu’à raison de leur nationalité. Les Roms ne sont pas considérés en tant que tels, mais comme des ressortissants du pays dont ils ont la nationalité » et « le traitement réservé à ces personnes n’a aucun lien avec leur appartenance réelle ou supposée à la communauté rom », a-t-il insisté.
Le ministre a rappelé que 97ressortissants roumains et bulgares ont été reconduits à la frontière entre le 28 juillet le 17 août, dont 151 « de manière contrainte » et 828 « de manière volontaire ». Si « certains ont voulu voir un ‘virage sécuritaire' » dans ces dernières 9 reconduites, M. Besson estime que la « route est droite » et cette route, selon lui, « c’est celle de l’application de la loi ». « Ces retours de ressortissants roumains et bulgares dans leurs pays d’origine sont plus nombreux du fait de l’évacuation des camps illicites mais ne constituent pas pour autant une nouveauté. »
Texte intégral du texte de la Conférence de presse de Eric Besson http://www.immigration.gouv.fr/spip.php?page=actus&id_rubrique=254&id_article=2339