Les rapatriements de Roms depuis la France avec une somme d’argent ne sont pas « une solution », a estimé lundi le ministre roumain des Affaires étrangères, Teodor Baconschi, en appelant au dialogue bilatéral et européen pour l’intégration de cette minorité. « Ces rapatriements volontaires en échange d’une somme d’argent que reçoivent nos concitoyens roms pour accepter de revenir en Roumanie, ce n’est pas une solution », a déclaré le chef de la diplomatie roumaine lors d’une interview à la télévision nationale roumaine TVR.
Le ministre a insisté sur le besoin « de fonds, de volonté politique, de dialogue bilatéral et européen et, en même temps, de programmes concrets » pour améliorer la situation des Roms. « Nous comptons sur la coopération honnête de Paris. Il faut des logements, améliorer l’accès à l’éducation, au système sanitaire. Cela ne pourra pas se faire en 48 heures. C’est un problème multiséculaire et transnational », a estimé M. Baconschi. La France a récemment durci sa politique contre les Roms et 979 d’entre eux ont été renvoyés en Roumanie et en Bulgarie entre le 28 juillet et le 17 août, selon Paris. Certains ont bénéficié d’une aide au retour de 300 euros par adulte.
Alors que le ministre de l’Intérieur français Brice Hortefeux a justifié lundi ce tour de vis sécuritaire en affirmant que les actes de délinquance perpétrés par des Roumains, à Paris, avaient augmenté de 259 % en 18 mois, M. Baconschi a rappelé que, dans le groupe de Roms le plus récent renvoyé de France, personne « n’avait de casier ni en France ni en Roumanie ». « Nous avons tant de choses à faire ensemble ! » (Bucarest à Paris)
« Dans la mesure où aucun de ceux renvoyés en Roumanie n’a commis d’infraction justifiant un casier, de quelle manière cette mesure (cf. autre information) a fait baisser le niveau de délinquance en France ? » s’est-il interrogé. Le chef de la diplomatie a toutefois insisté sur le fait que les relations entre la Roumanie et la France ne se limitaient pas à ce seul thème. »Nous voulons rester rationnels, garder notre sang-froid et ne pas détériorer, sous aucune forme, la relation de la Roumanie avec la France en raison de cet unique sujet », a-t-il déclaré. La France est le quatrième partenaire commercial de la Roumanie et les deux pays ont signé un partenariat stratégique en 2008. « Nous avons tant de choses à faire ensemble ! Il y a ce partenariat qui a un avenir et qui ancre notamment les intérêts français en Europe du Sud-Est », a déclaré M. Baconschi, ancien ambassadeur à Paris. Il a espéré que la visite du secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, et du ministre de l’Immigration, Éric Besson, les 9 et 10 septembre permettrait de « se mettre à travailler sur des projets communs franco-roumains » pour une meilleure intégration des Roms en Roumanie.
Après l’ONU et la Commission européenne, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a fait part lundi 30 aoûtde son inquiétude. Des ONG roumaines de défense des Roms ont appelé au boycott des produits français à compter du 6 septembre.