L’économie s’est globalisée, les conflits se globalisent. Reste à globaliser le droit, et les droits humains en particulier. Mais là aussi on assiste à un intéressant rééquilibrage du monde avec un renforcement de ce que l’on appelle encore le «Sud» associé à la pauvreté par opposition au Nord «développé».
La preuve? Deux des principales ONG internationales de défense des droits humains dont le siège est au «Nord» annoncent coup sur coup leur intention d’investir massivement au «Sud» pour conquérir les «marchés émergents». En début de semaine, Human Rights Watch expliquait son intention d’internationaliser ses activités grâce à un don de 100 millions de dollars de la fondation Open Society du milliardaire George Soros. Aujourd’hui, Salil Shetty, le nouveau secrétaire général d’Amnesty International, déclare dans une interview au Temps que sa priorité est de prendre racine en Inde, en Afrique et au Brésil. Les deux ONG font le même constat: pour être efficace dans un monde multipolaire, il faut plus que des relais dans les pays en voie de développement. Il faut entrer dans les favelas non plus en partant de Londres mais de São Paulo. Il faut agir au Zimbabwe de Pretoria plutôt que de New York. Pour une meilleure acceptation sur des terrains de plus en plus hostiles aux activistes bien intentionnés du Nord et pour que les revendications de respect des droits humains émanent des populations victimes et non plus uniquement des chercheurs basés à des milliers de kilomètres de là. L’une des conséquences de ce rééquilibrage pourrait bien être une meilleure intégration des deux facettes des droits humains: les droits économiques, sociaux et culturels d’un côté, et les droits civils et politiques de l’autre. Ainsi, Amnesty International, mondialement connu pour sa lutte contre la peine de mort, la torture et la défense des prisonniers d’opinion, veut à l’avenir s’attaquer aux défis de la mortalité maternelle, des déplacements forcés et de la responsabilité des entreprises.