La réponse a, peut-être été donnée par le Washington Post quelques jours avant la réunion des Ministres de l’intérieur de l’UE (cf. infra) tout d’abord par Anne Applebaum (« Terror warnings : be specific or be quiet ») puis par le célèbre éditorialiste David Ignatius. Tout ce la peut se résumer dans la conclusion de Anne Applebaum : » In truth, the only people who can profit from such a warning are the officials who issue it. If something does happen, they are covered: they warned us, they told us in advance, they won’t be critized or forced to resign. And if nothing happens, then, then we’ll all forget”.
Nos ministres le pensent, mais ils n’osent le dire et balancent d’un pied sur l’autre. La première réaction a été certainement la bonne : celle par exemple de Cecilia Malmstrôm ,qui recevant un coup de téléphone de Janet Napolitano, la « ministre de l’intérieur » de Obama, lui a demandé d’être plus précise….
Nos ministres en ont-ils appris plus lors de leur réunion avec l’adjointe, Jane Holl Lute, de la secrétaire américaine à la sécurité intérieure ? Qu’on en juge.
Les Etats-Unis ont affirmé qu’il existait effectivement une menace terroriste réelle pesant sur l’Union européenne : « elle nous a confirmé la persistance d’une menace terroriste sans en préciser les cibles » a indiqué Brice Hortefeux (…) La menace st réelle (…) il s’agit d’un certain nombre de citoyens européens formés et entraînés en Afghanistan et au Pakistan et qui sont susceptibles de revenir en Europe avec de mauvaises intentions » a souligné le ministre français. Rappelons que le week end du 2/3 octobre les Etats-Unis ont invité leurs citoyens en voyage en Europe à la plus grande prudence en expliquant qu’al-Quaïda planifiait les attaques terroristes en Europe. La responsable américaine a toutefois voulu rassurer ses partenaires américaines en précisant que le rôle de son pays était « d’informer ses citoyens sans les alarmer » a rapporté Brice Hortefeux. Lorsque les américains parlent aux européens, la leçon donnée à ces mêmes européens n’est jamais bien loin. La ministre belge de l’intérieur, Annemie Turtelboom a indiqué que la communication américaine avait « amené un peu d’incertitude parmi les 27 » elle a expliqué « qu’a la différence de l’Europe, les Etats-Unis ont l’obligation légale de fournir toutes les informations dont ils disposent à leur population ». Selon elle la diversité des réaction dans les Etats membres de l’UE face à la mise en garde américaine doit pousser l’UE et les Etats-Unis à améliorer leur coopération en matière de communication afin d’éviter tout sentiment de panique dans la population. Les ministres et la représentante américaine ont donc planifié de se réunir une fois par an au niveau ministériel pour faire le point. Il s’agit en parallèle de poursuivre l’échange d’information par les canaux traditionnels de renseignements de renseignement …bref , business as usual. Au niveau européen, les Etats membres devraient quant à eux échanger des informations sur leurs différents codes d’alerte, a souligné Mme Turtelboom sans toutefois appeler à une harmonisation dans ce domaine. L’UE devrait aussi coopérer avec le SITCEN (Centre de situation, structure mise en place il y a quelques années lors du lancement de la PESDE, à l’image de ce qui existe notamment dans le cadre de l’OTAN) pour que chaque Etat membre soit informé en amont de l’élévation du niveau de la menace dans un autre pays sans qu’il l’apprenne dans la presse.
L’envoyée américaine n’a pas été très explicite, a-t-on reconnu. Les cibles sont multiples a-t-elle consenti à dire. Mais pour la France la menace est réelle…de mauvaises intentions, pour reprendre les propos du ministre qui se voulaient explicatifs. En a-t-on plus appris de la bouche du « Monsieur Antiterroriste » de l’Union européenne, Gilles de Kerchove ?
« La nature de la menace est grave », même si les Américains « n’ont pas donné d’indications sur sa localisation », a confirmé le coordonnateur de la lutte contre le terrorisme de l’Union européenne, qui a participé à la réunion de Luxembourg. Mme Lute, qui a refusé de rencontrer la presse, est arrivée en fin de matinée à Luxembourg, elle a eu une série d’entretiens bilatéraux puis a participé à un déjeuner de travail avec les ministres. La réunion n’est pas entrée dans les détails, car « il s’agit de renseignement, un domaine extrêmement sensible », a souligné M. de Kerchove. « Ce n’est pas au cours d’une réunion ministérielle avec des interprètes que l’on échange ce type d’informations », a-t-il ajouté.L’alerte américaine porte sur le projet de 25 jeunes ressortissants de pays de l’UE, partis combattre les troupes occidentales dans la région pakistano-afghane, de revenir dans leurs pays d’origine, a-t-on appris mercredi de sources sécuritaires françaises. Cette information américaine a été confirmée par les Britanniques, ont ajouté ces sources. Mais les nationalités de ces Européens n’ont pas été précisées. « Ce qui inquiète le plus, c’est qu’il s’agit de gens nés en Europe, où ils résident. Ils sont difficiles à détecter. Ils ont des passeports européens et ne sont pas connus des services de police. Ils sont partis s’entraîner et sont prêts à passer à l’action », a déclaré M. De Kerchove. Les Américains pensent qu’ils sont déjà rentrés, a-t-on appris de source communautaire. Les Européens n’ont pas cette information, a indiqué M. Hortefeux.
Personne n’a nié jeudi la réalité de la menace, mais la manière de communiquer des Américains a en revanche choqué. « Elle a créé de l’insécurité en Europe », a déploré la ministre belge Annemie Turtelboom, qui présidait la réunion.
Car chaque Etat fait sa propre analyse de la menace et les conclusions tirées ne pas sont semblables. Certains jugent nécessaire d’être « très vigilants », comme la France. D’autres, comme les Allemands et les Belges, estiment qu’il n’y a pas de raison d’augmenter le niveau d’alerte. « Mais on doit toujours être très attentifs. C’est valable pour tout le monde », a insisté Mme Turtelboom.
« La Commission n’a aucune raison de mettre en doute la réalité de la menace exposée par les Etats-Unis ou par certains Etats membres », a pour sa part affirmé la commissaire en charge de la sécurité Cecilia Malmström. Ce sera le mot de la fin en attendant du nouveau, s’il s’en produit ce que finalement personne ne souhaite.
Articles du Washington post
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/10/04/AR2010100403090.html