L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) condamne la stigmatisation des Roms

Le Conseil de l’Europe réagit à son tour à la polémique sur le traitement des Roms en France. Deux mois après la médiatisation de ces démantèlements et ces renvois, l’organisation paneuropéenne a adopté une résolution, sévère tout autant sinon plus que celle du Parlement européen, dans laquelle elle condamne les discours politiques à caractère raciste et xénophobe stigmatisant les Roms ou toute autre minorité. Le Conseil de l’Europe appelle aussi les médias à la retenue. La députée luxembourgeoise Anne Brasseur, rapporteur du texte :

“C’est vrai, il y a eu des retours de Roms dans beaucoup de pays. Par exemple en France, l’année dernière, il y a eu 10.000 et quelque Roumains qui sont retournés dans leur pays, et la majorité étaient des Roms. Et personne n’en a parlé. Mais maintenant, à cause de la manière, à cause des excès, des écarts de langage, la situation a empiré et il faut protéger cette population.” Gauche et droite françaises se sont alliées sur les Roms à Strasbourg pour limiter les dégats dans la mesure du possible. La délégation française à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, droite et gauche confondues, a fait front commun jeudi pour amender le contenu d’une résolution sur les Roms afin d’épargner Paris. Sans faire barrage à une prise de position qui ne cite personne ni aucun pays, les députés et sénateurs français se sont mobilisés pour y inclure une reconnaissance des difficultés qui se posent aux pays d’accueil. « Il ne sert à rien de nier les problèmes, sauf à faire le jeu de l’extrémisme », dit un de ces amendements qui poursuit sur « la nécessité de traiter les causes profondes de la marginalisation des Roms ».

Maryvonne Blondin, sénatrice socialiste du Finistère, a expliqué la position de son groupe après avoir condamné une nouvelle fois les mesures adoptées par le gouvernement français. « Mais ce n’est pas de cela dont il faut parler, c’est de ce dont les Roms ont besoin », a-t-elle ajouté. Anne Brasseur, député libérale luxembourgeoise et rapporteur du projet de résolution, s’est elle-même efforcée d’élargir le débat, non sans avoir d’abord mené la charge contre Paris. « Le problème auquel nous devons faire face n’est pas celui d’un seul pays hôte, pas celui de la France, ce n’est pas celui d’un seul pays d’origine comme la Roumanie, c’est le problème de nous tous », a-t-elle dit.

S’efforçant de prendreun peu de hauteur pour sortir de la polémique stérile,l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a dénoncé  l’emploi de plus en plus fréquent du discours sécuritaire sur la scène politique au niveau national. A nouveau ce qui est condamnée d’abord c’est, comme le Parlement europée, cette rhétorique sécuritaire, employée par des responsables politiques dans plusieurs Etats membres, « tendait à faire l’amalgame entre l’insécurité et certaines communautés ethniques », comme cela a été récemment le cas pour les Roms. « Nous ne pouvons accepter que toute une communauté soit associée à la criminalité et au trafic, et que cela serve de fondement au durcissement de mesures sécuritaires à son égard », a-t-elle souligné citant le démantèlement des campements roms et les vagues récentes de renvois de migrants roms vers leur pays d’origine.

Au cours d’un débat d’urgence, dans lequel sont intervenus Maud de Boer-Buquicchio, http://www.coe.int/t/dc/files/pa_session/october_2010/20101007_disc_sga_rom_en.asp Secrétaire Générale adjointe du Conseil de l’Europe et Thomas Hammarberg, Commissaire aux droits de l’homme, http://www.coe.int/t/dc/files/pa_session/october_2010/20101007_disc_hammarberg_rom_en.asp  les parlementaires ont affirmé qu’il fallait « faire une distinction claire dans le discours politique, entre les individus qui ont commis des infractions et des groupes entiers de personnes, comme les Roms, ou toute autre minorité ou groupe de migrants ».

Par conséquent, au risque de faire le jeu de l’extrémisme, l’APCE a appelé les autorités et institutions publiques aux niveaux national, régional et local, et leurs responsables « à s’abstenir d’effectuer des déclarations, pouvant […] être prises pour un discours de haine ou comme un discours pouvant faire l’effet […] de promouvoir la haine raciale, la xénophobie ou d’autres formes de discrimination […] fondées sur l’intolérance ». Une responsabilité particulière incombe aussi aux médias, qui devraient s’abstenir de diffuser des messages susceptibles de provoquer une animosité à l’égard de personnes appartenant à une communauté ou une minorité ethnique particulière.

Par ailleurs, l’Assemblée a salué l’initiative du Secrétaire général du Conseil de l’Europe d’organiser une réunion de haut niveau le 20 octobre à Strasbourg, pour convenir de mesures prioritaires destinées à améliorer la situation des Roms en Europe. Elle continuera à suivre attentivement cette question, y compris à la lumière des résultats de la réunion de haut niveau.

Texte de la Résolution http://assembly.coe.int/Mainf.asp?link=/Documents/AdoptedText/ta10/FRES1760.htm

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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