La liberté religieuse ne va pas de soi : le Parlement européen se saisit du problème. Des députés demandent que l’UE mette en place une action diplomatique ferme et efficace.

Une conférence européenne  l’a encore clairement démontré. Les chrétiens sont les premiers à souffrir de toutes ces discriminations.  La COMECE vient de déposer un mémorandum avec 11 recommandations. La liberté religieuse est un pilier des droits de l’Homme et figure en première place (art 10) de la Charte européenne des droits fondamentaux. En dépit de cela, 70% de la population mondiale vit dans des pays où existent de sévères restrictions sur celle-ci.

Certaines de ces restrictions sont établies par la loi, d’autres sont du fait d’une hostilité sociale. Si l’on considère les pays les plus peuplés, les plus hauts niveaux de restriction sont en Arabie Saoudite, au Pakistan, en Indonésie, en Inde, en Iraq et en Iran. Dans ces pays, gouvernement comme société imposent des limites sur les pratiques et les croyances religieuses. En Chine, au Vietnam, ces restrictions sont du fait du gouvernement. Au Nigéria, au Bengladesh, il s’agit plutôt d’hostilités de la part de la société. A l’inverse, les pays les plus tolérants sont le Japon, le Brésil, Taiwan, la Pologne, le Mozambique, le Pérou, la Corée du Sud. 133 pays hostiles envers les chrétiens

Quelle qu’en soit l’origine, les chrétiens sont le groupe religieux le plus souvent visé. Ces derniers sont persécutés dans 133 pays! Avec bien sûr des niveaux de gravité différents puisque le mot « persécution » recouvre des réalités aussi différentes que les obstacles à la proclamation de sa foi, la confiscation et la destruction des lieux de culte, l’interdiction de l’éducation religieuse ou la peine de mort pour les apostats. Chaque année, 170.000 chrétiens souffrent en raison de leur foi. On estime qu’il y a même eu plus de chrétiens discriminés au cours du XXe siècle que lors des 19 siècles précédents… Cette persécution envers les chrétiens est particulièrement aiguë en Afrique du nord et dans le Moyen-Orient. Mgr Louis Sako, archevêque de Kirkuk a d’ailleurs pu témoigner de leur situation en Irak. « Il y avait autour d’un million de chrétiens avant la guerre. Aujourd’hui, ils sont environ 500.000 et leur nombre continue à baisser ». Depuis 2003, 51 églises ont été attaquées, un évêque et trois prêtres ont été enlevés puis assassinés, et près de 900 chrétiens ont été tués dans ce pays. L’archevêque craint réellement que cette communauté ne disparaisse rapidement. « La violence des extrémistes ne laisse pas d’alternative autre que se convertir immédiatement à l’Islam, quitter le pays ou bien encore payer une taxe au Jihad pour éviter la mort. » Pour la communauté chrétienne d’Irak, la guerre menée par les Etats Unis a été un désastre.

L’amélioration de la situation dépendra fortement du degré d’implication de la communauté internationale. Pour les députés européens Mario Mauro (Groupe PPE) et Konrad Szymański (Groupe CRE), « la liberté religieuse doit être intégrée aux politiques extérieures de l’UE en ajoutant aux accords avec les pays tiers une clause contraignante relative au respect de la liberté religieuse ». C’est cette requête qu’ils présentent au Parlement européen selon la procédure habituelle.

De son côté, le Secrétariat de la COMECE (Commission des épiscopats de la Communauté européenne) a profité de cette conférence pour présenter son Mémorandum sur la liberté religieuse. http://www.comece.org/content/site/fr/activites/evenements/conferenceonpersecution/article/3629.html

Le texte contient 11 recommandations adressées au Parlement Européen, à la Commission Européenne, au Conseil et au Service Européen pour l’Action Extérieure, afin qu’ils contribuent dans la mesure de leurs responsabilités respectives à la promotion de la liberté religieuse dans le cadre des relations extérieures de l’UE. Le Mémorandum rappelle que  « Le droit à la liberté de religion est si étroitement lié aux autres droits fondamentaux que l’on peut soutenir à juste titre que le respect de la liberté religieuse est comme un « test » pour l’observance des autres droits fondamentaux ».

En tout cas  pour les députés européens Mario Mauro (italien PPE), Othmar Karas (autrichien PPE et vice-président du groupe et en charge des questions interreligieuses) l’objectif est clair : la liberté religieuse doit être intégrée aux politiques extérieures de l’Union européenne et il faut ajouter aux accords avec les pays tiers une clause contraignante relative à la liberté religieuse. Telle est la principale requête de la déclara   tion  écrite présentée selon la procédure habituelle. Pour être soumise à la plénière, elle devra recevoir la signature de 380 députés dans un délai de trois mois pour être adoptée. Pour ces députés c’est un test pour le respect des autres droits fondamentaux , ainsi que l’a déclaré Othmar Karas : « la liberté religieuse et la non-discrimination vont de pair. Les religions sont des éléments importants de l’identité européenne et le dialogue interreligieux est donc crucial pour la conscience politique et européenne

Rappelons sur le Conseil des Ministres Affaires générale a adopté des conclusion lors de sa 2973 ème session le 16 novembre 2009.

Texte des conclusions :

DROITS DE L’HOMME

Liberté de religion ou de conviction – Conclusions du Conseil

 

–    Le Conseil a adopte les conclusions suivantes:

   « Le Conseil réaffirme que l’Union européenne est résolument attachée a la promotion et a la protection de la liberté de religion ou de conviction.

Le Conseil rappelle que la liberté de pensée, de conscience, de religion ou de conviction s’applique de façon égale a toutes les personnes. Il s’agit d’une liberté fondamentale qui englobe toutes les religions ou convictions, y compris celles qui ne sont pas traditionnellement pratiquées dans un

pays donne, les convictions des personnes appartenant a des minorités religieuses, ainsi que les convictions non théistes ou athées. Elle comprend également le droit d’adopter ou d’abandonner de

plein gré une religion ou une conviction, ainsi que d’en changer.

 

 

Le Conseil souligne que les Etats ont le devoir de protéger chaque individu, y compris les personnes qui appartiennent a des minorités, de la discrimination, de la violence et d’autres formes de violation. Ils doivent veiller a ce que leur système législatif offre a tous sans distinction des

garanties suffisantes et effectives de liberté de pensée, de conscience, de religion ou de conviction.

 

Le Conseil condamne toutes les formes d’intolérance envers les personnes fondée sur leur religion ou leur conviction. Il déplore que la discrimination fondée sur la religion ou la conviction soit encore pratiquée dans toutes les régions du monde et que de nombreux pays continuent de priver de leurs droits humains des personnes appartenant a certaines communautés religieuses, y compris a des minorités religieuses. Le Conseil est préoccupe par les informations faisant état d’actes de

violence extrême de plus en plus nombreux perpétrés récemment contre des membres de minorités religieuses, et fait part de son inquiétude face a la vulnérabilité de ces personnes dans de nombreuses régions du monde.

Le Conseil se déclare vivement préoccupé par le fait que les pays qui disposent d’une législation relative a la diffamation des religions ont souvent recours a celle-ci pour brimer les minorités religieuses et limiter la liberté d’expression, ainsi que la liberté de religion ou de conviction.

 

Il souligne que le droit international des droits de l’homme protège les personnes et les groupes de personnes et, a cet égard, il réaffirme que la diffamation des religions n’est pas une notion qui relève des droits de l’homme. Rappelant que les droits de l’homme transcendent les différences entre les religions, le Conseil souligne que ces droits ne peuvent faire l’objet d’aucune restriction imposée au nom de la religion et que cette dernière ne peut en aucun cas servir a justifier ou a tolérer la

restriction ou la violation de droits individuels. L’UE continuera a rejeter toute tentative en ce sens. Le Conseil souligne que la liberté de religion ou de conviction est intrinsèquement liée à la liberté

d’opinion et d’expression, sans laquelle il ne peut exister de sociétés pluralistes, tolérantes, ouvertes et démocratiques. En permettant le libre débat et les échanges d’idées, en diffusant des informations

sur les violations des droits de l’homme, en imposant une obligation de rendre des comptes et en défendant l’indépendance des medias, de la presse, de la télévision, de l’internet et des autres nouveaux medias, la liberté d’expression joue un rôle important dans la lutte contre l’intolérance.

 

Le Conseil souligne l’importance stratégique de la liberté de religion ou de conviction, ainsi que de la lutte contre l’intolérance religieuse, et réaffirme son intention de continuer a réserver une place prioritaire a ces questions dans le cadre de la politique de l’Union européenne dans le domaine des droits de l’homme. Il invite les instances compétentes du Conseil a évaluer les initiatives existantes de l’UE et a élaborer, le cas échéant, des propositions visant a promouvoir la liberté de religion ou

de conviction dans les relations bilatérales et dans le contexte multilatéral. ».

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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