L’inéga lité de chances et la pauvreté dont souffrent les jeunes Roms dans une Europe riche est « inacceptable », a insisté mardi à Bucarest le commissaire européen à l’intégration Laszlo Andor, appelant les Etats membres à accélérer leurs efforts pour cette minorité.
« L’Europe est une des régions les plus riches du monde et pourtant nombre d’enfants et de jeunes Roms grandissent dans des ghettos urbains ou des zones rurales marquées par la ségrégation », a déclaré M. Andor lors de l’ouverture d’une conférence sur l’utilisation des fonds européens destinés à cette minorité. « C’est inacceptable dans une Union européenne basée sur la solidarité et l’unité », a-t-il ajouté.
Les Roms, également désignés dans certains pays sous les termes de gitans,, tsiganes, Sintis ou gens du voyage, sont entre 10 et 12 millions en Europe et constituent sa plus importante minorité. Nombre d’entre eux souffrent de discriminations et d’un accès plus ou moins difficile selon les pays à l’éducation, au logement et l’emploi. En Slovaquie, par exemple, seuls 3% des enfants roms finissent leurs études secondaires. En Roumanie, bien que le nombre d’enfants roms scolarisés ait doublé en 20 ans, seuls 25% à 30% des Roms ont un emploi stable, le reste étant sans emploi ou travaillant au noir, selon Ilie Dinca, président de l’Agence nationale pour les Roms.
De manière inattendue, les expulsions « regrettables » de Roms roumains et bulgares par la France ont dynamisé le débat européen sur l’intégration de cette minorité, a estimé M. Andor. « Même si, fondamentalement, il s’agit d’un événement très regrettable car rapatrier des Roms d’un pays où ils sont venus chercher une vie meilleure ne résout pas grand chose », a-t-il ajouté. La Commission européenne estime que la Roumanie et la Bulgarie sont à la traîne pour l’utilisation des fonds européens alloués à l’intégration des Roms. Bucarest n’a par exemple absorbé que 13,28% du total de l’argent qui lui est alloué par le Fonds social européen pour la période 2007-2013, Sofia 12,62% et Prague 10,51% alors que la moyenne européenne est de 19%, selon des chiffres donnés par la Commission. Difficile cependant de savoir combien exactement de cet argent a été employé à des projets pour les Roms car certains pays ont mis en place des programmes spécifiques, d’autres non.
Le commissaire a rappelé, une nouvelle fois, que la Commission a d’ailleurs créé en septembre une « task force rom » chargée d’évaluer l’utilisation des fonds de l’UE pour tenter d’y voir plus clair. Les premières conclusions sont attendues en décembre. En Roumanie, les associations roms, et pas seulement l’UE, dénoncent la lourde bureaucratie et l’inefficacité de l’administration qui paralysent souvent des projets.
La Commission européenne est prête à « accélérer ses efforts » pour l’intégration des Roms, a insisté M. Andor. « Mais nous en attendons autant de tous les Etats membres », en particulier ceux qui comptent d’importantes populations roms comme la Roumanie, la Bulgarie, la Hongrie, la République tchèque ou la Grèce, a-t-il ajouté.
Il a conclu en insistant tout particulièrement sur le rôle décisif des medias.
Texte du discours de Laszlo Andor http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=SPEECH/10/536&format=HTM L&aged=0&language=EN&guiLanguage=frhttp://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=MEMO/10/483&format=HTML&aged=0&language=EN&guiLanguage=en