Les inégalités entre les sexes, la chose « la mieux » partagée dans le monde. Elles persistent partout ! « Les femmes au cœur de la paix et du développement « (ONU)

Dans deux rapports distincts sur l’état de la population mondiale, l’ONU dénonce la persistance des inégalités entre les sexes et les violences contre les femmes. D’après les estimations annuelles du Fonds des Nations unies pour les populations (Fnuap), le monde compte aujourd’hui 6,9 milliards d’habitants. Un chiffre qui passera à 9,1 milliards d’ici à 2050, selon les projections actuelles. Sur la période 2005-2010, le taux moyen de croissance démographique a été de 1,2 %. À noter que, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un homme sur deux vit désormais en ville, même si l’on constate de grands écarts entre les pays développés (75 % d’urbains) et les nations les moins avancées (29 %).

D’après d’autres indicateurs des Nations unies, le monde compterait approximativement 75 millions d’hommes de plus que de femmes en 2010. Les deux pays les plus peuplés, la Chine et l’Inde, ont respectivement un ratio de 108 et 107 hommes pour 100 femmes. Le ratio est également de 106 pour le Pakistan et de 102 pour le Bangladesh. À l’inverse, les femmes sont généralement plus nombreuses dans la plupart des pays européens.

Quelle est la place des femmes aujourd’hui dans le monde ?

Un second rapport des Nations unies souligne la persistance des inégalités entre les deux sexes dans le monde. Les femmes sont rares dans les organes de décision : elles n’étaient en 2009 que sept à occuper le poste de chef d’État, contre 142 hommes. Le nombre de ministres féminins a progressé néanmoins, passant de 8 % en 1998 à 17 % en 2008. Au sein des parlements nationaux, les femmes n’atteignent le seuil de 30 % des sièges que dans 23 pays.

Leur sous-représentation est également marquante dans le domaine professionnel : elles dirigeaient seulement 13 des 500 plus grandes multinationales en 2009.

Persistent aussi les écarts de salaires entre les sexes, notamment en Asie. La Corée du Sud est un bon exemple. Les femmes salariées du secteur manufacturier gagnent 57 % du salaire de leurs collègues masculins. Plus encourageant, l’accès à l’école : à l’échelle mondiale, le taux de scolarisation des filles en primaire est passé de 79 % à 86 % pendant la période 1999-2007.

Par ailleurs, « les femmes font rarement la guerre, mais elles souffrent trop souvent des pires conséquences de ces guerres. La violence basée sur les sexes, y compris le viol, constitue une arme de guerre répugnante, une stratégie utilisée de manière de plus en plus systématique », dénonçait mercredi 20 octobre le Fonds des Nations unies pour les populations dans son tableau 2010 de la population mondiale.

Les femmes au cœur de la paix et du développement

Quand les femmes ont les mêmes droits et les mêmes opportunités que les hommes, elles sont plus résistantes aux conflits et aux catastrophes et peuvent conduire la reconstruction de leurs sociétés, rappelle le rapport . Ce rapport, il faut le souligner  est intitulé « Des conflits et des crises au renouveau : une génération de changement », il rapport coïncide avec le vote à l’ONU, il y a une décennie, de la résolution 1325, qui visait à mettre un terme aux violences sexuelles contre les femmes dans les conflits armés et à encourager une plus grande participation des femmes aux initiatives de consolidation de la paix.

La résolution 1325 a servi et sert encore de guide d’intervention à la communauté internationale dans les conflits. Elle a changé la perception de la violence sexuelle dans les conflits armés et établit un cadre juridique pour des actions de protection des femmes et pour assurer leur participation aux efforts de consolidation de la paix et de réconciliation.

« Ces actions ne sont toutefois pas un substitut aux efforts destinés à renforcer leur autonomisation et la résilience à long terme aux crises de toute sorte », a indiqué le Directrice exécutive du FNUAP, Thoraya Ahmed Obaid, à l’occasion du lancement du rapport, à Londres.

« Quand les femmes et les filles souffrent de discriminations profondes, elles sont plus vulnérables aux conséquences des catastrophes ou des guerres, y compris le viol, et moins susceptibles de contribuer au rétablissement de la paix, qui menace celui de leurs société à long terme », a-t-il encore souligné.

Le rapport est axé sur les « 3R » : résilience, renouveau et redéfinition des rôles entre garçons et filles, hommes et femmes, dans les situations post-conflits ou post-catastrophes. A travers les histoires de personnes touchées par un conflit ou une catastrophe en Bosnie-Herzégovine, en Iraq, au Libéria, dans les Territoires palestiniens occupés, au Timor-Leste et en Ouganda, le document de l’agence onusienne chargée de suivre l’évolution des tendances de la population mondiale, montre comment les communautés et la société civile sont capables de guérir des plaies du passé, pour aller de l’avant et se reconstruire.

Il montre que « bien que les conflits et les catastrophes puissent aggraver les inégalités entre les hommes et les femmes, la reconstruction après un conflit ou une catastrophe présente également une occasion unique -une occasion de corriger les inégalités, d’assurer une protection égale devant la loi, et de créer un espace pour un changement positif ».

« Les gouvernements doivent saisir les opportunités qui émergent des situations post-conflits ou post-catastrophes, pour augmenter les chances de voir leurs pays, pas seulement reconstruit, mais mieux reconstruit, avec les femmes et les hommes sur un même pied d’égalité, des droits et des opportunités pour tous et des fondations solides pour le développement et la sécurité à le long terme », ajoute encore le FNUAP.

Selon le rapport, il reste encore toutefois « beaucoup à faire pour s’assurer que les femmes ont accès aux services de bases et ont une voix dans les accords de paix ou les plans de reconstruction établis ».

« En tant que communauté internationale, nous n’avons pas pu empêcher les crimes et violations des droits humains dont sont victimes les femmes dans les conflits », déplorent les auteurs du rapport, qui appellent « à une action urgente et concertée pour protéger les femmes, prévenir la violence sexuelle, arrêtez l’impunité et rendre la justice ».

L’objectif du rapport sur l’Etat de la population mondiale reste en effet de « remplacer le cercle vicieux des crises et du sous-développement par un cycle vertueux de paix, de justice, de stabilité et de reconstruction ».

Conclusion : les femmes doivent être plus impliquées dans les opérations de consolidation de la paix

Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, invite « instamment les États membres à investir sur le long terme dans la sécurité des femmes et dans leur potentiel productif, pour favoriser une paix durable ».

« Les mesures visant à assurer la pleine participation des femmes à la consolidation de la paix recueillent aujourd’hui un soutien sans précédent de la part de la communauté internationale. L’analyse et le plan d’action présentés dans ce rapport permettent de disposer d’une base solide pour tenir la promesse faite dans les résolutions du Conseil de sécurité sur la place des femmes, la paix et la sécurité », écrit le Secrétaire général de l’ONU.

Le rapport présente le plan d’action que les Etats membres devraient mettre en place pour renforcer la participation des femmes aux opérations de consolidation de la paix. Il prévoit sept engagements pour que « les femmes participent pleinement à tous les pourparlers de paix ». Les femmes devraient aussi participer aux processus de planification des opérations de consolidation de la paix, « notamment aux conférences de donateurs, lesquels devront employer des méthodes qui tiennent systématiquement compte de l’égalité des sexes », indique le plan.

Des fonds adéquats, ciblés et intégrés, devraient également être débloqués « pour répondre aux besoins spécifiques des femmes, à la promotion de l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes », précise Ban Ki-moon dans le document.

Selon lui, il est également nécessaire de restructurer les institutions publiques de façon à en faciliter l’accès aux femmes, qui doivent pouvoir participer pleinement à la gouvernance post-conflits, comme actrices civiques, représentantes élues et décideuses dans les institutions publiques. Le rapport prône notamment « des mesures temporaires spéciales telles que les quotas ».

Enfin, des initiatives en faveur de la primauté du droit doivent être mises œuvre pour encourager « les femmes à participer aux actions qui sont engagées afin d’obtenir réparation des injustices dont elles sont victimes, et afin d’améliorer la capacité des responsables de la sécurité à prévenir et réprimer les violations des droits des femmes ».

Le Secrétaire général appelle aussi les Etats à s’assurer « que leurs actions en faveur de la participation des femmes à la consolidation de la paix soient cohérentes ».

« Les positions adoptées sur des questions cruciales ne devraient pas varier selon les contextes institutionnels, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du système des Nations Unies. La priorité doit être d’améliorer les capacités des femmes à participer à la consolidation de la paix, que ce soit dans le cadre de l’appui aux processus de paix par des initiatives diplomatiques indépendantes, de la fourniture d’une assistance bilatérale à des pays à l’issue d’un conflit ou d’une collaboration avec les organes intergouvernementaux des Nations Unies », recommande le Secrétaire général à la fin du rapport.

La Commission de consolidation de la paix, est chargée par les résolutions du Conseil de sécurité, doit assurer le suivi des progrès accomplis dans la mise en œuvre des dispositions des sept engagements énoncés dans le présent plan d’action.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté quatre résolutions sur la question des femmes, de la paix et de la sécurité. La résolution 1899 (2009) est la plus récente. On en trouve les fondements dans la résolution 1325 (2000), qui préconise « la participation des femmes sur un pied d’égalité au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité et l’intégration d’une démarche spécifique  selon le sexe dans la prévention des conflits, les négociations de paix, les opérations de maintien de la paix, l’aide humanitaire et la reconstruction après les conflits », souligne le rapport. Les résolutions 1820 (2008) et 1888 (2009) portent essentiellement sur la prévention et la répression de la violence sexuelle en période de conflit.

Consulter l’enquête de la FNUAP http://www.la-croix.com/illustrations/Multimedia/Actu/2010/10/20/population.pdf

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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