La future présidence hongroise de l’UE et les ROMS : à son tour la Hongrie dans le collimateur. C’est l’ONU qui, cette fois, critique.

Les experts du comité des droits de l’homme de l’ONU ont sévèrement critiqué jeudi 28 octobre la situation des Roms en Hongrie, estimant qu’ils étaient victimes de ‘discriminations’, de ‘mauvais traitements et d’un profilage racial de la part de la police’. Après avoir examiné les mesures prises par Budapest pour se conformer au pacte international relatif aux droits civils et politiques, les dix-huit experts ont dénoncé les ‘déclarations virulentes et généralisées [émanant] de personnalités publiques, des médias et des membres de la Magyar Garda’, l’ancienne garde hongroise, officiellement dissoute et qui s’en prend habituellement aux juifs et aux Roms.

‘Ils forment une minorité très importante en Hongrie’ et souffrent de ‘préjudices et de discriminations de façon très répandue’, a expliqué Michael O’Flaherty, un des membres du comité de l’ONU, en conférence de presse. Les Roms subissent des « mauvais traitements continus et un profilage racial… de la part de la police », écrivent les 18 experts dans leurs conclusions du rapport périodique de la Hongrie, examinant les mesures prises par ce pays pour se conformer au Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

L’expert irlandais a toutefois précisé que le Comité avait « parlé avec la Hongrie », estimant que ses représentants avaient « reconnu à quel point les attitudes de la société doivent être modifiées ». Dans son rapport présenté au Comité de l’ONU, la Hongrie admet que la minorité Rom est la « plus défavorisée du pays », accusant les médias qui « donnent une image négative des Roms » d’être à la « recherche du sensationnel ». Les autorités hongroises expliquent aussi l’ensemble des mesures prises pour « amener la majorité de la population à modifier son attitude à l’égard des Roms ».

Mais dans son rapport, la Hongrie souligne que le « droit pénal ne peut imposer des restrictions aux discours haineux visant une communauté entière que dans les cas les plus extrêmes, à savoir s?il y a une menace explicite et directe de violence ».

Sur cette question, M. O’Flaherty s’est inquiété du fait que la Cour constitutionnelle hongroise interprète d’une façon trop large les lois sur la liberté d’expression, estimant que cette façon de faire empêche de contrer ces discours haineux.

Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966 stipule que « toute personne a droit à la liberté d’expression » mais souligne que « tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence est interdit par la loi ».

Les experts de l’ONU ont demandé à la Hongrie de mettre en place des mesures pour promouvoir la tolérance et stopper les « crimes raciaux ou haineux ».

L’ONU n’est pas la seule à se préoccuper de la situation des Roms en Hongrie. Vendredi dernier, le milliardaire philanthrope américain d’origine hongroise George Soros s’est dit prêt à contribuer à un programme d’intégration de cette minorité à hauteur de plusieurs millions d’euros.

La Hongrie va assurer à partir du 1er janvier 2011 la présidence de l’UE et déjà fait savoir que la situation serait une des toutes premières priorités de sa présidence.

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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