D’autres leçons : un beaucoup plus grand nombre de médiateurs dans la vie quotidienne. Ils indispensables pour prévenir les discriminations et combler les fossés d’incompréhension. Impliquer la société civile. Mais la priorité reste l’insertion scolaire des enfants. Ils sont, les premiers, porteurs de modernité et d’intégration. La présidence belge va organiser en décembre prochain une conférence qui sera consacrée à l’éducation des jeunes.
Le journal La Croix du 6 novembre dernier décrit une expérience menée à Bruxelles depuis plusieurs années. Depuis trois ans, des médiateurs roms ( « les ambassadeurs de la confiance » ainsi nommés par le Conseil de l’Europe) font le relai entre leur communauté et certains établissements scolaires bruxellois. Avec des résultats encourageants en matière de scolarisation des mineurs. Expliquer, motiver, encourager, surmonter la barrière de la langue et les murs de la méfiance. Roms, ils aident aujourd’hui les enfants de leur propre communauté à franchir les portes de l’école belge, et ce dans une trentaine d’établissements de la capitale.
Tout commence en 2003, quand l’association du Foyer décide de se pencher sérieusement sur la situation des Roms à Bruxelles. Le rapport réalisé à cette occasion révèle qu’ils sont plusieurs milliers – Roumains sédentarisés surtout, mais aussi Hongrois, Slovaques, Bulgares ou Kosovars – avec des enfants dont le parcours scolaire est évidemment très affecté par les périples migratoires : plusieurs langues, plusieurs modes d’apprentissage, d’où des difficultés d’adaptation et un éclatement des attentes, de la motivation et de l’ensemble du projet scolaire. Les obstacles qui entravent leur scolarisation sont identifiés. Le projet de médiation scolaire est mis en place en février 2007, dans le cadre du « dispositif accrochage scolaire » de la région de Bruxelles-Capitale. Le principe ? Informer les familles roms sur l’obligation scolaire, orienter les enfants primo-arrivants et/ou non-scolarisés vers une école, et tenter ensuite d’assurer leur assiduité en classe. Une approche pragmatique qui consiste à aller au-devant des familles, cela suppose souvent d’arpenter les rues et les couloirs de métro.
« Le fil rouge du dispositif, ce sont les médiateurs », explique Koen Geurts, coordinateur du projet. Les Roms baignent dans une culture de l’oralité où les émotions ont beaucoup d’importance. Ils ont du mal avec la « fixité » de nos règles écrites et témoignent souvent d’un manque total de confiance dans un système qui n’est pas le leur ; l’établissement d’une complicité avec la famille est donc primordial en matière de scolarisation. Souvent ils n’ont, au départ, aucune notion de ponctualité ou d’assiduité. Il a fallu prendre le problème à bras-le-corps et faire connaître aux familles les valeurs que l’on attendait d’elles. Objectifs impossible à atteindre sans l’aide des médiateurs. 350 enfants sont suivis à Bruxelles. Le stade suivant est d’assurer un réel suivi scolaire par les parents eux-mêmes et l’intégration des petits dès la maternelle.
Une tâche de longue haleine impliquant la mobilisation de beaucoup de ressources financières et humaines, pour que les bienfaits d’une telle opération touchent toute la communauté. La date des premières échéances se rapprochent : c’est en décembre que la task force mise en place par la Commission européenne doit remettre son rapport.