La Banque mondiale vient de publier un état des lieux sur les transferts de fonds déclarés par les immigrés au niveau mondial. Les États-Unis, l’Arabie saoudite et la Suisse sont les principaux États expéditeurs, l’Inde, la Chine et le Mexique en sont les principaux récipiendaires.
Le volume d’argent envoyé par ces immigrés a atteint 325 milliards de dollars (233 millions d’euros) en 2010, d’après le dernier rapport de la Banque mondiale. Ils pourraient atteindre 440 milliards d’ici fin 2010. Ces transferts de fonds déclarés égalent aujourd’hui le niveau record qu’ils avaient atteint en 2008, peu avant le déclenchement de la crise économique. Ils sont en augmentation de 6 % par rapport à 2009, année au cours de laquelle la hausse du chômage dans les pays riches avait d’abord frappé les immigrés.
Actuellement, l’argent part d’abord des États-Unis, qui comptent 42,8 millions d’immigrés, avec 48,3 milliards de dollars envoyés vers les pays d’origine, suivis de l’Arabie saoudite (26 milliards de dollars), de la Suisse (19,6 milliards), de la Russie (18,6 milliards) et de l’Italie (13 milliards). De la France, qui compte 6,7 millions d’immigrés, sortent 5,2 milliards de dollars, ce qui la place au 14e rang des États expéditeurs. Selon le Factbook 2011, les premiers pays de destination des migrants sont les États-Unis, la Russie, l’Allemagne, l’Arabie Saoudite et le Canada. En pourcentage de la population, les premiers pays d’immigration sont le Qatar (87 %), Monaco (72 %), les Émirats arabes unis (70 %), le Koweït (69 %) et Andorre (64 %). La frontière entre le Mexique et les États-Unis devrait être le plus important couloir migratoire du monde cette année. Viennent ensuite les couloirs Russie–Ukraine, Ukraine–Russie et Bangladesh–Inde.
En valeur, l’Inde, deuxième nation à compter le plus de ressortissants travaillant à l’étranger (11,4 millions d’émigrés), après le Mexique (11,9 millions), reçoit le plus d’argent de ses émigrés (55 milliards de dollars), suivie de la Chine (51 milliards de dollars), du Mexique (22,6 milliards) et des Philippines (21,3 milliards). Plus surprenant, la France, avec 1,7 million de ressortissants travaillant à l’étranger, principalement en Europe, se place en 5e position avec 15,9 milliards de dollars de transferts de fonds en sa faveur.
Le volume de ces échanges devrait encore se renforcer en 2011 et 2012 selon les prévisions des experts pour dépasser les 370 millions de dollars (265 millions d’euros). « Cependant, le niveau élevé du chômage pousse de nombreux pays d’accueil à durcir leur quota d’immigration, ce qui ralentira probablement la croissance des transferts de fonds, commente Dilip Ratha, chef de l’unité migrations à la Banque mondiale. Par ailleurs, les variations de change pourraient avoir des effets imprévisibles sur ces flux. »
« Les envois de fonds constituent un apport financier crucial qui accroît directement les revenus des familles de migrants », déclare Hans Timmer, Directeur du Groupe des perspectives de développement de la Banque mondiale. « Ces envois entraînent une augmentation des investissements dans la santé, l’éducation et les petites entreprises. Grâce à un meilleur suivi de l’évolution des migrations et des envois de fonds, les responsables de l’action publique peuvent agir en connaissance de cause pour protéger ces entrées massives de capitaux — dont le montant est trois fois supérieur à celui de l’aide publique — et démultiplier leur impact », ajoute M. Timmer.
S’il est vrai que les pays à revenu élevé restent la principale source d’envois de fonds, les migrations entre les pays en développement sont plus importantes que les migrations entre ces pays et les pays à revenu élevé membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
On a observé de grandes différences entre les régions en développement ainsi qu’une baisse plus accentuée que prévu des envois de fonds vers les régions Europe et Asie centrale, Amérique latine et Caraïbes, Moyen-Orient et Afrique du Nord, et Afrique subsaharienne en 2009. En revanche, les flux en direction de l’Asie du Sud ont augmenté davantage que prévu durant la même année, tandis que les envois de fonds vers la région Asie de l’Est et Pacifique ont enregistré une légère progression.
« En 2008 et 2009, les envois de fonds ont constitué plus que jamais un filet de sécurité pour les pays pauvres, confrontés à l’effondrement des flux de capitaux privés provoqué par la crise », commente Dilip Ratha, Chef de l’unité Migrations et envois de fonds à la Banque mondiale. « Cependant, le niveau élevé du chômage pousse de nombreux pays d’accueil à durcir leurs quotas d’immigration, ce qui ralentira probablement la croissance des transferts de fonds. Par ailleurs, les variations de change pourraient avoir des effets imprévisibles sur ces flux », ajoute M. Ratha.
Outre les risques liés à la crise, le marché mondial des envois de fonds connaît des changements structurels et réglementaires majeurs. La réglementation visant à lutter contre la criminalité financière entrave l’utilisation de nouvelles technologies de transferts monétaires mobiles pour les envois de fonds transnationaux. « Il est urgent de réexaminer la réglementation des envois de fonds par téléphone mobile et d’atténuer les risques opérationnels », dit Dilip Ratha.
On trouvera le texte intégral et les tableaux du rapport, y compris des classements par région et niveau de revenu et selon la catégorie États fragiles/petits États, à l’adresse suivante : www.worldbank.org/migration . Il est possible aussi de communiquer avec des spécialistes des questions de migration à l’adresse http://blogs.worldbank.org/peoplemove/.
Il est possible de consulter la définition des données et la totalité des statistiques sur le site suivant : www.worldbank.org/prospects/migrationandremittances .
http://go.worldbank.org/AVI995J8X0
Rapport et publications de la Banque mondiale http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/TOPICS/0,,contentMDK:21924020~pagePK:5105988~piPK:360975~theSitePK:214971,00.html