Liberté de la Presse : menaces sérieuses dans le pays qui assure la présidence de l’UE ! Quand une condamnation du Conseil de l’Europe ? L’OSCE a déjà dénoncé cette situation A qui le tour : Parlement européen, Commission, Conseil ?

En Hongrie, Orban resserre le contrôle des médiasUne proche du premier ministre, Viktor Orban, a été nommée à la tête de l’Autorité nationale des médias et des communications pour neuf ans.De lourdes sanctions financières pourront être imposées au nom de «l’objectivité politique».

 À dix jours de l’inauguration de la présidence hongroise de l’Union européenne, Budapest a adopté une loi extrêmement controversée renforçant le contrôle institutionnel des médias. Le Parlement, acquis aux deux tiers au gouvernement de centre droit de Viktor Orban, a voté le troisième volet de cette nouvelle législation par 256 voix contre 87, après l’adoption des deux premiers piliers en juillet et en octobre derniers.

La réforme a d’abord entraîné le regroupement dans une même entité de la télévision nationale MTV, de la radio nationale MR, de la télévision par satellite Duna TV et de l’agence de presse MTI, puis la création d’une Autorité nationale des médias et des communications (NMHH), un organe de régulation contrôlé majoritairement par le parti Fidesz, au pouvoir. Il s’y ajoute désormais l’obligation pour les médias, publics comme privés, de corriger des informations jugées «erronées» par la NMHH, sous peine de se voir infliger de très lourdes amendes financières «pour manque d’objectivité politique». C’est une proche du premier ministre, Annamaria Szalai, qui a été nommée à la tête de la NMHH pour neuf ans.

Pour les télévisions et radios, les amendes pourraient s’élever jusqu’à 200 millions de forints (700.000 euros) et, pour les quotidiens de presse écrite, jusqu’à 25 millions de forints (91.000 euros). Les journalistes seront en outre sommés de dévoiler leurs sources et de soumettre leurs articles avant publication lorsque la NMHH l’exigera. Le recours judiciaire ne sera plus possible qu’après avoir corrigé l’article incriminé ou payé l’amende. Ce qui, pour nombre de médias hongrois récalcitrants, équivaudrait à mettre la clé sous la porte, sans moyens de se défendre en justice, la quasi-totalité étant incapable de faire face au montant théorique des amendes prévues par la loi.

Le quotidien socialiste Nepszabadsag a déjà fait les frais avant l’heure de cette évolution, en subissant les foudres des autorités pour un article paru en ligne le 10 décembre et commentant les nouvelles fonctions d’Annamaria Szalai, qui détiendrait «un pouvoir décisionnaire absolu» au sein de la NMHH. Sommé de corriger ses propos, le journal a refusé net et se trouve désormais sous la menace d’une lourde amende.

Depuis la soumission du projet de loi, de virulentes protestations s’élevaient de Hongrie comme de l’étranger contre une limitation jugée inacceptable de la liberté d’expression. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE),, avait le 7 septembre dénoncé «une grave menace pour la liberté de la presse».  A qui le tour : le Conseil de l’Europe ? l’UE, le Parlement européen ?

Muselée depuis sa déroute électorale face au Fidesz de Viktor Orban en avril, l’opposition de gauche n’a pu rassembler que 1500 manifestants devant le Parlement lundi soir. Mardi, les unes de plusieurs titres de la presse écrite hongroise apparaissaient immaculées, vides de contenu, en guise de protestation contre les dispositions de la nouvelle loi.

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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