Pourquoi autant d’ardeur que de banalité dans les vœux ? Simplement parce que la crise se présente aussi comme une rare opportunité pour approfondir l’intégration européenne et transformer en les consolidant les arrangements plus ou moins durables avec des gains considérables mais aussi des risque comme il va de soi. Verrons-nous un FME, un Fonds monétaire européen, émettant des obligations européennes garanties, non seulement pour gérer la dette fédérale mais aussi financer de grands projets européens ? Assisterons-nous au décollage du fédéralisme budgétaire et par voie de conséquence aux prémisses du fédéralisme fiscal ? L’euro que Tommaso Padoa- Schioppa a qualifié de « monnaie sans Etat » aura-il enfin un début de gouvernance de nature étatique ? La discipline sera-t-elle au rendez-vous pour assurer un lancement réussi de la stratégie « Europe 2020 », elle-même impensable sans une réussite du premier « semestre européen »lancé par la Commission ce 12 janvier, jour de « l’examen de conscience » où sont proposées dix actions ? Cet examen annuel de la croissance constitue la première étape d’une coordination budgétaire inédite entre Etats membres.
Beaucoup de questions, mais aussi des certitudes .Des changements profonds nous attendent : sur le plan économique, énergétique, climatique. La croissance économique animée par les pays émergents va avoir pour conséquences des pénuries d’énergie, des pénuries alimentaires, une pénurie de matières premières d’un ordre nouveau (les terres rares) et bouleversant. Hausses des prix, instabilité, raretés s’en suivront inéluctablement. Sur le plan climatique l’UE ne devrait-elle pas faire des pas supplémentaires, notamment dans la réduction des émissions de C02, sans se préoccuper de ce que font ou ne font pas les autres ? Une politique d’immigration et d’asile plus commune et clairement identifiable.
Changement climatique, épuisement des ressources, destruction de l’environnement, régulation et supervision économique et financière, menace nucléaire et sécurité collective, maintien de la paix etc….tous ces défis sont de nature planétaire et chaque pays européen, y compris les plus grands, est un petit pays !
Tous les talents doivent être mobilisés, la table de travail de l’UE est envahi e par des ordres du jour particulièrement chargés. Nous le voyons. Il n’y a pas de place, ni de temps pour s’attarder à des choses futiles quasi anachroniques qui épuisent l’énergie, détournent l’attention, démobilisent et désunissent des forces mesurées ou insuffisantes. Les reliquats de souveraineté des Etats membres ne doivent pas être utilisés comme autant d’éléments retardataires dans la marche en avant. Ainsi sont les gesticulations hongroises.
Mais ce ne sont pas les seules, ni les dernières. Seule l’actualité les a placées sous un éclairage incongru compte tenu des priorités que l’UE vient d’inscrire à son ordre du jour fut-ce à son corps défendant. C’est saisi de vertige que nous venons d’en énumérer quelques unes, rapidement et au fil de la mémoire. Ces gesticulations stériles d’où qu’elles viennent s’accompagnent en réactions et inévitablement d’agitations de toute sorte. Dommage ! car rien ne se fera sans un consensus politique fort.