Le Premier ministre britannique, David Cameron, comme la chancelière allemande Angela Merkel en 2010, a dénoncé, le 5 janvier dernier, l’échec de la politique de multiculturalisme dans son pays, en appelant à mieux intégrer les jeunes musulmans pour lutter contre l’extrémisme. Les déclarations de M. Cameron devant la Conférence de Munich sur la sécurité marquent un changement important dans la politique britannique à l’égard des minorités ethniques et religieuses.
Ce constat pourrait être fait par quasiment tous les Etats membres de l’UE dont la politique en la matière est en panne. A ce jour, le pacte européen pour l’immigration et l’asile, la conférence de Vichy sur l’intégration sont restés sans lendemain et la priorité des travaux reste calée sur le « répressif ». Le Parlement européen ,loin de redresser une tendance néfaste à la longue, s’immobilise dans des travaux longs, obscurs , détaillés de nature législative, certes nécessaires, mais qui ne lui permettent pas de prendre de la hauteur , d’évaluer et d’embrasser l’ensemble de la complexité de la situation.
Le Premier ministre britannique a estimé que la politique de trop grande « tolérance » adoptée à l’égard de ceux qui rejettent les valeurs occidentales, avait échoué. Il a plaidé en faveur d' »un libéralisme plus actif, plus musclé » pour défendre activement l’égalité des droits, le respect de la loi, la liberté d’expression la démocratie, et renforcer l’identité nationale en Grande-Bretagne. « Si nous voulons vaincre cette menace, je crois qu’il est temps de tourner la page des politiques du passé qui ont échoué », a-t-il déclaré, à propos de l’extrémisme islamique dans le pays.
Ses déclarations surviennent après celles d’Angela Merkel, qui avait elle-même estimé en novembre que le multiculturalisme était un échec et que l’Allemagne n’avait pas assez fait pour intégrer ses immigrés. L’extrémisme islamique préoccupe grandement les autorités britanniques depuis les attentats meurtriers du 7 juillet 2005 dans les transports londoniens. « Avec la doctrine du multiculturalisme d’Etat, nous avons encouragé différentes cultures à vivre séparées les unes des autres » et du reste de la population, a estimé M. Cameron, entré en fonction en mai 2010. Cela a conduit, selon lui, à un déficit d’identité nationale en Grande-Bretagne qui a amené de jeunes musulmans à se tourner vers une idéologie extrémiste.
M. Cameron a cependant clairement fait la distinction entre l’islam en tant que religion et l’idéologie politique des islamistes: « Ce n’est pas la même chose », a-t-il souligné.
Plusieurs organisations musulmanes en Grande-Bretagne ont dénoncé les propos de M. Cameron. C’est décevant est le commentaire le plus souvent entendu : une fois de plus, la communauté musulmane est placée sous le feu des projecteurs, ce qui ne fait que nourrir une certaine paranoïa. Propos offensants et incorrects : les musulmans britanniques exècrent le terrorisme et l’extrémisme, tout autant que l’ensemble de la population et tout autant ils partagent les valeurs de tolérance, de respect et de liberté et fait-on remarquer , on ne voit pas de condamnation similaire de la part du gouvernement concernant une manifestation d’extrême droite organisée à Luton, ville située à 50 km au nord de Londres. Ce comportement du « deux poids, deux mesures » ne peut qu’exacerber le sentiment d’injustice