Le groupe S&D du Parlement européen a tenu, le 9 et 10 février, un colloque consacré à la lutte contre le crime organisé afin de lancer un message très précis pour l’UE: l’Union Européenne doit se doter de vrais outils pour lutter contre les mafias.
L’Union européenne est sur cette voie et depuis le Programme de Tampere, il y a plus de dix ans, l’UE prépare une législation. En effet, les Pays membres avaient invité la Commission à accélérer sa réflexion et à présenter le plus vite possible ses propositions, car l’UE se trouve aujourd’hui plutôt démunie dans cette lutte et souffre d’un vrai manque d’harmonisation;
Le président du group S&D du PE, Martin Schultz, a commencé le débat par souligner que “les mafias, ne sont pas un phénomène folklorique italien, il a ajouté qu’ il faut la combattre parce que le risque, le plus dangereux est que la mafia va à se mélanger avec l’économie légale et cela dans tous les pays de l’UE”
La modératrice, Rita Borsellino, a parlé de la mafia comme un phénomène global, elle a souligné combien l’attention de l’UE s’est concentré sur la lutte au terrorisme après le 11/09, at elle a sous-estimé la diffusion mondial des affaires de la mafia, mais sur ce plan, il doit y avoir un changement radical. L’institution, qui doit s’engager, la première, est le Parlement européen qui, avec le traité de Lisbonne, a obtenu un pouvoir plus fort.
Mme Borsellino a également souligné la nécessité de lutter contre l’ “ecomafia”, qui concerne le trafic illégal des déchets doit être attaqué et puni en utilisant une approche communautaire.
Rosario Crocetta, socialiste italien, a déclaré que l’UE doit arrêter une définition juridique des crimes des comportements mafieux!
De son coté Piero Grasso, le procureur anti-mafia, a parlé de l’expérience italienne en la matière, l’UE doit aller vers une homogénéisation des lois et accroître la coopération judiciaire internationale, notamment en ce qui concerne les techniques de blanchiment d’argent utilisées par le groupes criminels. Selon le procureur italien, l’UE n’est pas suffisamment armée face à la mondialisation de la criminalité, celle-ci s’organisant désormais en un système mondial structuré qui cordonne l’utilisation de l’argent sale, se répartit les marchés et les zones d’influences (le chiffre d’affaires mondial du crime organisé est estimé à 128 milliard de dollars par an, dont 105 milliards pour les stupéfiants). Il a parlé des liens qu’il y a entre les mafias, le “massacre de Duisburg » de l’ été 2009 est un témoignage de ce lien. Il a parlé très clairement des objets de ce trafic: drogue, armes, traite êtres humains!
L’UE est aussi pénalisée par le fait que si les marchandises et les hommes circulent librement , la libre circulation des juges et de la police est, elle, beaucoup plus difficile et compliquée. C’est le problème a été soulevé par le directeur d’Eurojust, Aled Williams, rappelant que son organisation n’était pas encore en mesure de lancer, seule, la lutte anti- mafia.
Mme Borsellino a conclu le débat en disant : “ La mafia en Europe ne peut pas être considérée comme seulement un phénomène du folklore italien. La mafia ne connaît pas de frontières ni de nationalités. Croyez que ce n’est pas un problème régional mais c’est est aussi un problème pour toute l’Europe ». Selon la députée italienne les organisations criminelles prolifèrent et font des affaires dans toute l’Union, en particulier dans le cœur, le plus productif, du continent. La lutte contre la mafia doit développer des mesures énergiques et coordonnées par tous les États. Elle se réfère surtout au programme de Stockholm. Dans ce cadre législatif a été adoptée une proposition législative pour la confiscation des profits et des biens des organisations criminelles internationales, intitulée « le crime ne paie pas » et leur réutilisation à des fins sociales. L’ espoir de la députée est que cet outil fasse partie d’une stratégie européenne globale contre le crime organisé, car appauvrir la mafia c’est seulement la première étape dans la lutte contre la mafia.
Aujourd’hui, cette bataille s’est déplacée du Parlement vers la Commission européenne, en liaison avec la stratégie globale pour lutter contre les gangs et le crime international organisé
Carmela De Luca Alessandra Massaro Denisa Mucaj (Université de Florence)
(Université de Naples « l’Orientale »)
Pour en savoir plus :
-.“le crime ne paie pas”
-. La législation et les instruments de lutte contre le crime organisé
-.le programme de Stockholm”
(EN)
(FR)