Le Parlement européen découvre la pauvreté des femmes…et demande la garantie d’un revenu minimum.

Le Parlement a célébré le centenaire de la Journée internationale de la femme (le 8 mars) avec une série d’événements à Bruxelles et à Strasbourg. Il souhaite souligner les avancées économiques, politiques et sociales dans le statut des femmes, tout en rappelant les inégalités qui doivent encore être abordées : pauvreté, écarts de rémunération, accès à l’emploi .Lors de la dernière session en plénière, deux débats ont eu lieu :  l’égalité hommes-femmes (cf. autre article de Denisa Mucaj) et la pauvreté des femmes dans l’UE.

La crise financière, économique et sociale que nous vivons actuellement a des répercussions désastreuses sur le chômage, sur les conditions de vie de nos concitoyens et sur nos sociétés en général. Les femmes ont été durement touchées par cette crise: c’est vrai de leurs conditions de travail, de leurs accès à l’emploi, de leurs place dans la société en général et de l’égalité hommes-femmes en particulier. La Commission européenne, dans son rapport annuel 2010, a pointé à juste titre les défis qui nous attendent en matière d’égalité hommes-femmes au sortir de cette crise. A l’occasion de la Journée internationale de la Femme cette année, la Confédération européenne des syndicats (CES) a mené une enquête parmi ses organisations membres nationales et européennes afin d’examiner comment la crise économique affecte les travailleuses. L’enquête révèle que les travailleuses paient le prix fort de la crise. Dans plusieurs Etats membres, les secteurs à forte main-d’œuvre féminine (à savoir, l’administration publique, l’éducation, les soins de santé et le textile) connaissent des changements qui aggravent la qualité et la quantité de travail disponible. En guise d’option politique permettant de réduire les déficits publics, de nombreux gouvernements ont introduit des mesures d’austérité qui ont un impact disproportionné sur les femmes, qui constituent une grande partie de la main-d’œuvre du secteur public.

Même si la pauvreté féminine est une réalité de longue date, ce n’est qu’assez récemment que cette question a commencé à être traitée de manière systématique. La crise économique, financière et sociale à laquelle doivent actuellement faire face l’Union européenne et le reste du monde engendre un ensemble de retombées négatives spécifiques, qui influent directement sur les conditions de vie et de travail des femmes, et sur leur place dans la société. Cette situation a placé en tête des priorités du Parlement européen la nécessité d’intégrer l’égalité entre les femmes et les hommes dans la problématique de la pauvreté abordée dans le rapport sur le visage de la pauvreté féminine.

Cette réalité se retrouve d’ailleurs dans chacun des États membres de l’Union européenne, même s’il existe des différences en fonction du pays concerné. Près de 17 % des Européennes sont considérées comme pauvres; eu égard aux indicateurs du marché de l’emploi et de la protection sociale, les causes structurelles de la pauvreté ont un effet disproportionné sur les femmes. Parallèlement, force est de souligner que la contribution des femmes au développement de la famille, de la société et de l’économie est régulièrement sous-estimée et sous-payée. La lutte contre la pauvreté compte parmi les cinq objectifs mesurables proposés pour la stratégie UE 2020; à cette fin, le nombre d’Européens vivant en dessous des seuils de pauvreté nationaux devrait être réduit de 25%, afin de permettre à plus de 20 millions de personnes de sortir de cette situation. À cet égard, il est essentiel que les activités menées dans le cadre de l’Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale tiennent compte des différents risques et degrés de pauvreté et d’exclusion sociale tels que vécus parles femmes et les hommes.

La pauvreté féminine reste dissimulée dans les statistiques et les régimes de sécurité sociale. D’après le rapport annuel 2010 de la Commission sur l’égalité entre les femmes et les hommes, la pauvreté est l’un des domaines où les écarts entre hommes et femmes persistent; alors que les femmes sont plus exposées au risque de pauvreté et subissent différemment l’exclusion sociale, en particulier les femmes âgées dont le risque de pauvreté s’élève en 2008 à 22 %, contre 16 % pour les hommes âgés, les mères célibataires dont le risque de pauvreté est de 35 % en 2008 et d’autres catégories de femmes comme les femmes souffrant de handicaps ou appartenant à une minorité ethnique. Selon les statistiques, les femmes représentent les deux tiers de la population inactive (63 millions de personnes âgées de 25 à 64 ans), en ce compris les personnes occupant un travail à temps partiel subi qui ne sont pas enregistrées dans les chiffres du chômage.

La Roumaine Rovana Plumb (Socialistes et démocrates) auteur du rapport sur les visages de la pauvreté des femmes en Europe répond à la question « Pourquoi les femmes sont-elles plus pauvres que les hommes et pourquoi y a-t-il un écart de rémunération ? » .

« La crise économique et financière a affecté les groupes les plus vulnérables, en particulier les femmes et les enfants, leurs familles, les personnes âgées, les minorités ethniques. Les mesures prises par les gouvernements nationaux se sont portées principalement sur les secteurs industriels où le taux d’emploi des hommes est plus élevé que celui des femmes (l’automobile, la construction, l’industrie lourde). Les femmes sont plus engagées dans des secteurs comme l’éducation et la santé, qui ont également été touchés par la crise économique et financière.

Quelles solutions concrètes proposez-vous ?

« Tout d’abord je voudrais dire que nous voulons tous des projets de relance économique européens et nationaux qui prennent en compte la dimension du genre (féminin/masculin). Au sein de la commission des droits de la femme, nous appelons les pays à promouvoir des programmes spécifiques pour l’inclusion active et la réinsertion des femmes sur le marché du travail, pour la formation tout au long de la vie (…). Ceci peut être réalisé à l’aide du Fonds social européen et du programme d’éducation tout au long de la vie. »

Les Fonds structurels, notamment le Fonds social européen, sont des instruments fondamentaux pour aider les États membres à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Il convient d’assurer un cofinancement des programmes spécifiques afin de promouvoir l’intégration active et la réinsertion des femmes sur le marché du travail ainsi que de prévoir une formation spéciale en vue de disposer des compétences et qualifications indispensables aux nouveaux emplois verts. Il y a également lieu de financer l’établissement de services d’assistance tels que les structures d’accueil des enfants et des personnes âgées.

Au niveau de l’Union européenne, le Parlement européen  demande vivement à la Commission de proposer une directive-cadre qui consacre le principe d’un revenu minimum adéquat dans l’Union de façon à combattre et à réduire la pauvreté, et qui tienne compte des législations et pratiques nationales ainsi que de la dimension de l’égalité entre hommes et femmes. Les États membres devraient prévoir des systèmes de revenu minimum adéquat afin d’extraire de la pauvreté les catégories les plus vulnérables, étant entendu que les femmes constituent l’un des groupes les plus durement frappés.

Carmela de Luca (Université de Naples « l’Orientale »)

       -. Texte de l’interview  de Rovana Plumb

http://www.europarl.europa.eu/news/public/focus_page/014-114179-001-01-01-902-20110223FCS14178-01-01-2006-2006/default_p001c006_fr.htm

      -. Rapport sur le visage de la pauvreté féminine dans l UE 

(FR) http://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2009_2014/documents/femm/pr/837/837399/837399fr.pdf

(EN) http://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2009_2014/documents/femm/pr/837/837399/837399en.pdf

      -. Rapport d’initiative de Mariya NEDELCHEVA (PPE, BG) sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’UE – 2010.

(FR)

http://www.europarl.europa.eu/oeil/FindByProcnum.do?lang=fr&procnum=INI/2010/2138

(EN)

http://www.europarl.europa.eu/oeil/file.jsp?id=5868602&noticeType=null&language=en

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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