Benoît XVI a invité samedi 11 juin l’Europe à empêcher que les peuples roms ne soient encore l’objet de « vexations », de « refus » et de « mépris » en rappelant l’extermination « barbare », « trop peu reconnue » des gens du voyage sous le nazisme, au cours d’une rencontre historique au Vatican. Ce n’est pas, évidemment, la première fois que le Vatican prend position en faveur des Roms : l’an dernier cette prise de position avait conduit à un incident diplomatique avec le France et notamment à l’occasion de la visite du président de la République au Vatican . (Cf. Nea say)
« Des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants ont été tués de manière barbare dans les camps d’extermination, a-t-il insisté. Vous êtes un peuple, qui, dans les siècles passés, n’a pas vécu d’idéologies nationalistes, n’a pas aspiré à posséder une terre et à dominer d’autres gens. Vous êtes restés sans patrie et avez considéré idéalement le continent entier comme votre maison. »
Devant quelque 2 000 représentants – dont de nombreux enfants – des communautés du voyage, réunis dans la salle Paul-VI, Benoît XVI a observé que, face aux changements sociaux rapides, de nombreux Roms cherchent à rompre avec la vie nomade et à s’intégrer. « L’Europe aussi, qui abaisse ses frontières et considère comme richesse la diversité des peuples et des cultures, vous offre de nouvelles possibilités », a-t-il plaidé. Pour une bonne intégration, une « collaboration effective et loyale » est nécessaire, afin que « vos familles s’insèrent dignement dans le tissu civil européen ». Il leur a recommandé de « rechercher toujours la justice, la légalité » et a insisté sur le désir des jeunes Roms d’être scolarisés tôt.
Au cours d’une cérémonie accompagnée de musique traditionnelle, le pape a écouté les témoignages d’une survivante tzigane autrichienne d’Auschwitz et de Bergen-Belsen, d’une sœur rom de Slovaquie, et de deux jeunes ayant grandi dans des campements à Rome. Ceija Stoika, déportée à neuf ans, a dit qu' »aujourd’hui Auschwitz et les camps se sont endormis et ne doivent plus se réveiller ». « J’ai peur qu’Auschwitz se soit seulement assoupi », a-t-elle ajouté.Les Roms, pour les deux tiers venus d’Italie, étaient à Rome pour célébrer le 150e anniversaire de la naissance et le 75e anniversaire du « martyre » pendant la guerre civile espagnole du Tzigane Zeffirino Gimenez Malla, béatifié en 1997 par Jean Paul II. Il avait été fusillé en 1936 pour avoir tenté de protéger un prêtre qui allait être arrêté. Le pèlerinage était organisé avec l’aide de la communauté de Sant’Egidio, qui s’occupe des Roms marginalisés dans la société italienne.