La torture toujours pratiquée impunément confirme le rapport annuel pour 2011 de l’ACAT. Nous continuons à vivre dans un monde tortionnaire, en 2011 !

L’association Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat), fondée en 1974,  vient de publier sur Internet son rapport 2011, titré « Un monde tortionnaire 2011 » . Comme en 2010, il affiche l’ambition de décrire, comprendre et rendre compte de l’ampleur et de la réalité des pratiques tortionnaires, cette année dans 23 pays, répartis sur les cinq continents, tout en poursuivant l’analyse du phénomène et des facteurs qui l’encouragent.

 

Dès l’avant-propos, François Walter, président d’Acat-France, rappelle que « près d’un pays sur deux pratique la torture », aujourd’hui, dans le monde, et que, l’actualité renvoie toujours à ce phénomène tortionnaire. Il cite les centaines d’exécutions sommaires commises en Cote d’Ivoire dans chacun des deux camps à l’occasion des élections présidentielles, ; le printemps arabe, révélateur des crimes horribles perpétrés par les régimes en place jusqu’alors, les persécutions exercées à l’encontre des chrétiens dans plusieurs États comme l’Irak, l’Égypte, le Pakistan ou la Chine.

 

« La torture est toujours accompagnée d’efforts pour la dissimuler, la relativiser, voire la banaliser, rappelle François Walter. Il est essentiel de la dévoiler, de l’analyser, afin d’en démonter les rouages, et que le plus grand nombre possible d’hommes et de femmes prennent conscience de ce fléau, s’en indignent et passent progressivement de l’indifférence à l’attention, puis à l’action. »

 

Il est impossible de savoir si la torture est en augmentation dans le monde, car « contrairement aux exécutions capitales, le phénomène peut prendre des formes inédites » (tortures délocalisées, viols systématiques?). En revanche, il est « plus que jamais urgent de montrer les succès remportés afin que le désintérêt ou la résignation ne finissent par s »installer », explique François Walter avant de préciser que l’Acat réussit à faire libérer environ 200 victimes chaque année.

 

La torture n’est pas l’apanage des régimes autoritaires, c’est la triste réalité d’aujourd’hui ! Dans sa première partie, le rapport examine la situation de 23 pays , en Afrique subsaharienne : le Burundi, l’Éthiopie, la Gambie, la Mauritanie, le Nigeria ; en Amérique : le Chili, Cuba, les États-Unis, le Honduras, le Venezuela ; en Asie : l’Inde, le Kazakhstan, les Philippines, la Thaïlande, le Vietnam ; en Europe : la Bosnie Herzégovine, la Moldavie, le Royaume-Uni ; au Maghreb et au Moyen-Orient : l’Algérie, Bahreïn, le Maroc et le Sahara occidental ; les territoires palestiniens, la Turquie. Il en ressort que la torture n’est pas l’apanage des régimes autoritaires. Aux États-Unis par exemple, « le conflit armé avec Al-Qaida entraîne encore des dérives en matière de droits de l’Homme », « les conditions de détention réservées aux 2,2 millions de prisonniers recensés en 2010 sont souvent indignes » et les forces de sécurité sont souvent pointées du doigt pour « recours excessif à la force ».

 

Il apparaît également que la torture touche plus particulièrement les détenus de droit commun et les catégories défavorisées, comme le rappelle Jean-Étienne de Linares, délégué général de l’Acat-France, et que l’usage de la torture est endémique et régulier lors des conflits armés, guerres civiles ou soulèvements populaires.

La seconde partie du rapport  est consacrée à « l’analyse de la torture ». Pour étayer le propos, l’Acat a choisi de consacrer un chapitre spécial à la Syrie, où la répression a fait plus de 4 000 morts depuis le mois de mars selon l’ONU et où la torture érigée en « stratégie de gouvernement ». Elle publie notamment le témoignage de Khaled Sid Mohand, journaliste algérien indépendant de 40 ans, installé en Syrie depuis deux ans et demi, tabassé puis placé à l’isolement pendant trois semaines par les moukhabarats, les hommes de main du régime de Bachar Al Assad, pour ses articles publiés dans la presse française.

Le rapport de l’Acat-France donne ensuite la parole à des chercheurs ou des acteurs de la lutte contre la torture, qui proposent leur analyse des causes socio-économiques et culturelles propices à la survenance d’actes de torture, s’interrogent sur l’efficacité des mécanismes onusiens de prévention et de lutte, et se penchent sur l’évolution de la pensée philosophique, religieuse et chrétienne par rapport à la pratique tortionnaire.

Rapport 2011 de l’ACAT : « Un monde tortionnaire », texte intégral http://unmondetortionnaire.com/IMG/pdf/Rapport_Un_monde_tortionnaire_2011.pdf

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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