Le sans-abrisme en Europe: inquiétude da la société civile et du Parlement européen face à l’inaction contre le grand froid.

Le 8 févrierdernier, le groupe parlementaire ALDE, en collaboration avec Eurodiaconia  et FEANTSA , a organisé une séminaire ayant pour thème la situation des sans-abris en Europe : « Eu citizenship, homeless and free movements ». Lundi 13 février s’est déroulé un débat en séance plénière au Parlement européen sur le  même thème afin d’interpeller la Commission quant à cette inquiétante situation.

 

La pertinence de la conférence organisée sous l’impulsion de la société civile résidait dans l’analyse transnationale de ce sujet de société. En effet, la crise économique et l’ouverture des frontières à de nouveaux Etats membres ont accentué le flux de personnes qui pour de multiples raisons se retrouvent « piégés » dans une situation de grande pauvreté dans un pays autre que leur pays d’origine.

Evidemment, le contexte de grand froid qui touche l’UE depuis quelques semaines a rendu l’organisation de cette conférence d’autant plus intéressante quand on sait que plus de 600 personnes sont décédées.

Que faire ? L’Union européenne n’a pas de compétence législative pour légiférer dans un tel domaine. Ce sont les Etats membres qui sont compétents.  Néanmoins, il est important de rappeler que le Parlement européen (PE), en novembre2011, ademandé expressément àla Commissiond’instaurer une nouvelle Stratégie destinée au sans-abrisme . Cette demande étant restée sans suite.

 

Ce séminaire réunissait différents acteurs agissant directement sur le terrain. Ces associations venant notamment de Grande-Bretagne, d’Italie, de Danemark et de Suède ont évoqué en quoi le nombre de sans-abris a augmenté ces dernières années.

Ces associations ont aussi évoqué la nécessité que l’UE prenne le problème en main car à leurs yeux la question de la liberté de mouvement doit être questionnée. Se pose ainsi la question de la compétence de l’UE pour éviter que des sans-abris d’une nationalité autre du pays dans lequel ils vivent, ne se voient pas refusé l’accès à un certain nombre de services parce qu’ils sont non-résidents (étant sans logement fixe). Or à ce niveau l’UE est bien compétente. 

Il serait donc nécessaire de comprendre que le phénomène des sans-abris à travers le territoire européen est en pleine mutation. Ainsi l’un des intervenants n’a pas hésité à utiliser l’expression de « transnational underclass »  pour évoquer l’évolution de ce phénomène. La réponse doit être transnationale et ne peut être résolue individuellement par chaque EM.

 

 

L’exemple de l’une des associations présentes est révélateur de cette évolution.  Stockholm City Mission se compose de plusieurs centaines de bénévoles parlant de multiples langues étrangères (plus de 200 bénévoles interprètes au sein de l’association), ce qui lui permet de répondre à la demande croissante de sans-abris ne parlant ni le suédois ou l’anglais. Cette association a bien compris que la transnationalité des sans-abris en Europe est un fait.

 

Suite à ce séminaire, un débat était organisé ce lundi 13 février en session plénière du Parlement. Les parlementaires souhaitaient interpellerla Commissionsur les avancées en la matière et sur la nécessité de prendre des mesures d’urgence face au grand froid en Europe.

Monsieur Barnier représentaitla Commission. Malgréce que souhaitaient les députés, aucune action concrète n’a été proposée. Les députés ont principalement insisté sur le fait que bien qu’une Stratégie ait été mis en place sous l’égide d’ Europe 2020, il n’y ait toujours pas d’actions ambitieuses et concrètes. Or les Etats se sont engagés à réduire d’au moins « 20 millions le nombre de personnes touchées par la pauvreté et l’exclusion d’ici à 2020  ».

M. Daul (député PPE) a rappelé que le principe de solidarité est à la base des relations dans l’UE. D’autres députés ont eu un discours plus « passionné», comme Mme Delli (députée Vert) et qui a demandé la convocation d’une réunion d’urgence du Conseil des ministres.

 

En réponse, le Commissaire Barnier, a fortement insisté sur le fait que ce sont les Etats qui sont compétents et donc le Conseil des ministres (aucun représentant n’était présent) pour agir dans ce domaine. Il a aussi évoqué la place primordiale qu’occupent les pouvoirs locaux ainsi que les partenaires sociaux, acteurs aux plus près du terrain. Le rôle de l’UE ne peut que se limiter à améliorer les instruments à la disposition des Etats membres afin de les simplifier et d’accroître leur efficacité.

 

 

Chloé Fall, (étudiante à l’Institut d’Etudes Européennes- ULB, Master à finalité politique)

 

 

 

Pour en savoir plus :

–          Communiqué de presse du groupe libéral ALDE http://www.alde.eu/press/press-and-release-news/press-release/article/rising-homelessness-in-eu-without-access-to-emergency-care-is-a-scandal-37898/

 

–          Site web de Eurodiaconia http://www.eurodiaconia.org/

 

–          Site web de FEANTSA http://www.feantsa.org/code/en/hp.asp

 

–          Site web de la Commissioneuropéenne sur la Plateformeeuropéenne contre la pauvreté et l’exclusion sociale http://ec.europa.eu/social/main.jsp?catId=961&langId=fr

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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