La criminalité baisse en Europe

 

C’est une constante depuis 10 ans, la criminalité : -6%, selon l’Office statistique européen qui vient de publier sa dernière analyse des données policières standardisées qui permet de faire des comparaisons plus fiables entre Etats membres. Mais elle continue à augmenter, modérément, dans un pays comme la Belgique. Au cours de ces dix dernières années (2006-2009) la tendance à la baisse est moins affirmée. Ces données ne reflètent ni la criminalité réelle, ni le sentiment d’insécurité. Il s’agit d’une photographie des constats enregistrés par la police. Paradoxe de la situation, les mouvements populistes et bien au-delà prospèrent sur des slogans sécuritaires, selon eux la criminalité exploserait. La campagne pour les présidentielles françaises fait la part belle à la lutte contre la criminalité et les délinquances sous toute leur forme. Des sondages récents placent la sécurité et la lutte contre la criminalité au 8ème rang de leur préoccupation…Dernier paradoxe, l’étude de Eurostat n’a eu aucun écho dans la presse et les médias français à la différence de la Belgique où l’émotion a été assez grande et a suscité beaucoup de commentaires interprétatifs des données statistiques.

La Belgique, en revanche, affiche toujours des chiffres à la hausse, comme huit autres Etats de l’Union. La croissance des atteintes au droit pénal reste toutefois modérée, en Belgique, où on est passé de 1.014 .349 faits enregistrés en 2006 à 1.044.242 faits en 2009 (+ 3 %). A titre de comparaison, sur la même période, en France, la criminalité globale a diminué de 5 %, et de 4 % en Allemagne et aux Pays-Bas.

Trafic de drogue. Avec 13.428 faits recensés, en 2009, c’est la forme de criminalité qui a le plus augmenté, en Belgique : + 14 %, en trois ans. Cela dit, à peine six Etats européens, dont l’Allemagne et les Pays-Bas, enregistrent une diminution des faits de drogue (détention illégale, culture, production, transport, importation…).

Cambriolages domestiques. La police en a recensé 69.277, en Belgique, en 2009 (soit une hausse de + 8 %, en trois ans). L’augmentation moyenne européenne est plus modérée (+ 3 %). Le record est détenu par le Danemark, avec une croissance de + 56 %.

Crimes avec violence.Les atteintes aux personnes, notamment les vols avec violence, les viols et abus sexuels, représentaient 115.019 faites, en Belgique, en 2009. Un chiffre en hausse de + 7 %, en trois ans, alors que la moyenne européenne affiche une baisse de – 7 %.

Vols avec violence. Les forces de police belges ont dénombré 23.424 faits de vol avec violence, en 2009, soit une hausse de + 2 %, par rapport à 2006. La Belgique fait partie des neuf Etats européens (sur 27) qui affichent une augmentation. Elle reste cependant beaucoup plus modérée qu’au Danemark, où le nombre de vols avec violence a plus que doublé, en trois ans.

Vols de voiture. On n’en constatait plus que 21.853, en 2009, en Belgique, contre 26.848, trois ans plus tôt, soit une baisse de près de 20 %, assez en phase avec la moyenne européenne. En Roumanie, les vols de voiture ont plus que doublé, sur la même période (mais on n’y enregistrait que 2.967 faits en 2009). Ils sont aussi en très nette hausse en Grèce (+ 34 %).

Homicides. Le nombre de meurtres et d’assassinats, en Belgique, est passé de 226 à 185 faits, en trois ans. La proportion d’homicides, par rapport à la population, affiche les taux les plus élevés en Lituanie (avec 8,3 victimes pour 100.000 habitants) et en Estonie (5,7 victimes). Les plus bas sont observés en Autriche, en Slovénie, en Allemagne et en Espagne (moins d’une victime pour 100.000 habitants). Si on s’en tient aux capitales, Bruxelles occupe le 5e rang européen (sur 27), loin devant Londres, Paris, Rome, Berlin, Madrid…Seules Vilnius,Tallinn, Luxembourg et Amsterdam sont plus criminelles .Bruxelles devance : Prague, Bratislava, Dublin, Sofia, Athènes.

Détenus. La population carcérale belge a augmenté de 6 %, en trois ans (10.105 détenus en 2009, contre 9.573 en 2006). La hausse est moindre qu’en Italie (+ 66 %). Mais d’autres pays affichent, au contraire, une diminution du nombre de détenus. C’est notamment le cas des Pays-Bas (– 12 %) ou de l’Allemagne (– 7 %). En Belgique, la proportion de détenus, par rapport à la population totale (93 pour 100.000 habitants) est inférieure à la moyenne européenne (129). Le taux le plus faible est observé en Finlande (63) ; le plus élevé en Lettonie (301)… Ce qui reste tout de même plus de deux fois moins qu’aux Etats-Unis (784).

C’est le trafic de drogue qui augmente le plus. Eurostat recense 13.428 faits de trafic de drogue, en 2009, en Belgique… Si on y ajoute toutes les infractions liées aux stupéfiants Eurostat recense 13.428 faits de trafic de drogue, en 2009, en Belgique… Si on y ajoute toutes les infractions liées aux stupéfiants, cette année-là, la police fédérale dénombre 41.252 faits. Alors qu’on connait une baisse aux Pays-Bas et en Allemagne mais néanmoins une augmentation de +2% à l’échelle de l’Union européenne. C’est la forme de criminalité qui a le plus augmenté en Belgique, mais il n’y a que six Etats membres qui comme l’Allemagne ou les Pays-bas qui enregistrent une diminution des faits de drogue (détention illégale, culture, production, transport, importation…) La majorité de ces infractions (71 %) concernent le cannabis. Le nombre de plants saisis est passé de 110.000, en 2006, à 143.311, en 2009. Soit une hausse de 30 %, en trois ans. Plus de 730 plantations ont été détruites, en Belgique, mais le marché local reste dominé par l’importation massive de haschisch marocain. En 2009, la police a aussi effectué 3.054 saisies d’héroïne (275 kg), généralement destinée aux marchés britannique et scandinave. Les 4.021 saisies de cocaïne opérées en 2009 ont été plus fructueuses : 4.605 kg, soit la plus grosse quantité enregistrée depuis 2005. La drogue provenait généralement de République dominicaine et d’Amérique centrale. A la baisse, en revanche : les quantités d’amphétamines et d’ecstasy saisies. Ces drogues de synthèse, produites illégalement en Belgique, étaient généralement destinées à l’exportation vers les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et l’Australie.

Vols de voiture: ils diminuent le plus. Les experts s’accordent sur la raison de la forte baisse du vol de voitures : les avancées technologiques. Les experts s’accordent sur la raison de la forte baisse du vol de voitures : les avancées technologiques de ces dernières années ont sécurisé les voitures et rendu les vols d’autant plus difficiles à mettre en oeuvre. « Démarrer une voiture sans la clé, en court-circuitant le câblage, est devenu beaucoup plus difficile. La grande majorité des voitures dispose maintenant d’une clé à puce électronique, indispensable pour pouvoir démarrer ». Les clés à puce permettent des niveaux de cryptage et donc de sécurité de plus en plus élevés, rendant presque impossible le démarrage de la voiture en l’absence de la clé. Les systèmes d’alarme sont également beaucoup plus fréquents dans les voitures : ils équipent maintenant tous les véhicules qui sortent sur le marché. La présence d’un système d’alarme sur le véhicule est d’ailleurs une des conditions posées par les compagnies d’assurance pour pouvoir bénéficier d’une assurance Omnium. Cette baisse significative des vols de voitures ne se traduit pourtant pas par la baisse des prix pratiqués par les compagnies d’assurance. L’assurance-vol fait partie d’un « package », dont le prix est influencé par d’autres facteurs, comme la force de la nature (grêle, tempêtes, inondations), la sinistralité (taux de sinistres sur l’année).

 

RAPPORT EUROSTAT: Crime trends in detail  http://epp.eurostat.e:c.europa.eu/statistics_explained/index.php/Crime_trends_in_detail

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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