Une vingtaine de mouvements catholiques et protestants ont présenté un texte qui s’adresse autant aux chrétiens qu’aux politiques et cela entre les élections présidentielles et législatives. C’est un appel angoissé qui constate qu’un rempart a cédé, un de plus : les chrétiens , y compris les chrétiens dits pratiquants, ont cédé aux appels racistes, xénophobes, une part importante d’entre eux, et pour la première fois dans une telle proportion, ont voté pour le parti extrémiste et populiste, le Front national. Cette inquiétude pourrait se retrouver dans d’autres pays. Cet appel devrait être lancé dans toute l’Union européenne.
« Nous devons mettre en place une politique d’intégration qui prenne le pas sur la stigmatisation des étrangers. Arrêtons de dire n’importe quoi sur leur nombre ! Osons affirmer que l’immigration, maîtrisée, peut être une chance pour la France ! » À deux semaines du premier tour des élections législatives, François Soulage, le président du Secours catholique, ne craint pas de faire résonner sa voix dans le débat politique autour d’un sujet qui a largement occupé l’actualité présidentielle et législative.
Ce ton sans concession, celui d’un autre regard sur les migrations, est celui de tous les responsables catholiques et protestants réunis au siège de la Conférence des évêques de France à Paris pour présenter une brochure intitulée : « À la rencontre du frère venu d’ailleurs. Au nom de leur foi, des chrétiens s’engagent pour un autre regard sur les migrations ».
« Nous attendons du président de la République un changement de discours sur l’immigration qui fasse honneur à la tradition d’ouverture et d’accueil de notre pays, poursuit François Soulage. Je ne crois pas que la majorité des personnes ayant voté pour le Front national soit raciste et xénophobe. Y compris parmi les catholiques pratiquants, notamment les plus jeunes. Seulement on leur présente l’immigration comme l’unique raison de la crise. Ils la prennent pour argent comptant, faute que nous leur donnions d’autres explications. »
D’où le « travail de pédagogie » qu’ont voulu mener vingt et un mouvements et services chrétiens en publiant une plaquette qui cherche résolument à « vaincre les réticences » en matière d’accueil des étrangers. « L’Église est fidèle à sa mission lorsqu’elle se tourne gratuitement vers son frère sans attendre de retour », a résumé Mgr Renauld de Dinechin, évêque auxiliaire de Paris, membre de la commission épiscopale pour la mission universelle de l’Église. Pour les protestants, Patrick Peugeot, président de la Cimade, service oecuménique d’entraide aux étrangers, n’a pas caché « l’enjeu politique » de cette démarche, à la fois vis-à-vis des communautés chrétiennes mais aussi du pouvoir nouvellement en place. « Oui, nous souhaitons qu’elle ait une influence sur la politique actuelle en termes d’immigration », affirme-t-il.
Pour Guy Aurenche, président du CCFD-Terre Solidaire, « le temps est fini de la gentille camaraderie avec quelqu’un considéré comme vaguement étrange. L’étranger est un être humain à part entière. » Et l’avocat d’appeler François Hollande « à sortir par le haut » en matière de politique d’immigration. « Sur cette question, la réflexion doit d’abord englober les enjeux internationaux. Il faut ensuite renégocier les accords bilatéraux qui lient l’aide au développement aux pays étrangers à la rigueur qu’ils manifestent pour empêcher l’immigration vers la France. Enfin, notre pays devrait être pionnière en signant la Convention des Nations unies sur les droits des migrants, ce que les grandes Nations ont toujours refusé. »
Communiqué de presse http://www.eglise.catholique.fr/download/1-20286-0/communique-de-presse-a-la-rencontre-du-frere-venu-d-ailleurs.pdf
Brochure http://www.eglise.catholique.fr/download/1-20282-0/a-la-rencontre-du-frere-venu-d-ailleurs.pdf