Il a été auditionné le 3 septembre à Bruxelles par la commission des affaires étrangères du Parlement européen. Stavros Lambrinidis saura-t-il faire entendre une voix crédible ? C’est le défi qui s’impose à cet ancien ministre grec des affaires étrangères, nommé en juillet « Haut représentant de l’Union européenne pour les droits de l’homme ».La fonction, que Stavros Lambrinidis a prise officiellement depuis samedi 1er septembre, est nouvelle. Le poste a été créé sur insistance des députés européens, qui ont exigé plus de cohérence et d’affirmation des Vingt-Sept, bien souvent jugés trop timides sur les droits humains. « Les droits de l’homme comme priorité, quelque soit le pays et quelque soit le sujet (…)je crois dans le travail du Parlement ». L’objectif augmenter l’efficacité de la politique européenne, la visibilité est un objectif secondaire, « avec l’efficacité viendra naturellement la visibilité(…) , nous devons reconnaître qu’aujourd’hui le cyberespace est un espace bien réel (…) l’Europe est un soft power et sa crédibilité mondiale influence les autres à changer leur manière de faire(…)mon manda t n’a rien à voir avec le respect des droits de l’homme au sein de l’Union européenne. Nous avons cependant besoin d’une réelle cohérence (…) nous appliquer les même normes que nous voulons chez les autres (…) éviter les deux poids deux mesures (…)me concentrer sur les situations de crises mais en mettant l’accent sur la façon de rendre tous les instruments à notre disposition plus efficaces dans la prévention des violations des droits humains avant qu’ils n’atteignent un état de crise(…) parler d’une seule voix avec le plus grand dénominateur commun ».
Le représentant spécial devra construire une politique et veiller au respect des valeurs fondamentales de l’Union dans tous ses champs d’intervention : commerce, énergie, développement, etc., à partir d’un « cadre stratégique » adopté en juin, un cadre assez mal précisé. Pour cet ancien élu du Parlement européen, il lui faudra sortir de la diplomatie silencieuse
La nouvelle stratégie de l’UE en vue de promouvoir les droits de l’homme, la nomination de Stavros Lambrinidis ont créé une attente forte chez les députés en charge des affaires étrangères et des droits de l’homme. »Je me félicite de la création de ce nouveau poste », a déclaré le président de la commission des affaires étrangères, Elmar Brok (PPE, DE), soulignant que le cadre stratégique en matière de droits de l’homme, conclu par le Conseil durant l’été, devrait lui donner corps. Le fait que M. Lambrinidis, ancien député européen et ancien vice-président du Parlement, ait rencontré les députés le premier jour de son mandat permet d’espérer « une responsabilisation de notre politique des droits de l’homme », a-t-il ajouté. »Il s’agit d’un paquet très ambitieux en matière de droits de l’homme, qui reflète la volonté politique ferme » de l’UE de promouvoir les droits de l’homme, a déclaré la présidente de la sous-commission des droits de l’homme, Barbara Lochbihler (Verts/ALE, DE). « La mise en œuvre sera cruciale », a-t-elle ajouté, demandant au représentant spécial de maintenir des contacts réguliers avec les députés.
M. Lambrinidis a salué « les demandes constantes du Parlement pendant des années » en faveur de la création de ce poste. Le Parlement est « une institution qui fait preuve de passion et de compassion », et qui avec « vision et réalisme, accompagne ce nouveau cadre », a-t-il déclaré aux députés. « Les droits de l’homme sont soit à la racine du problème, soit un élément fondamental de la solution » aux conflits majeurs, a expliqué M. Lambrinidis, ajoutant qu’il s’efforcerait de trouver le « plus grand dénominateur commun, et non le plus petit » en garantissant que l’UE parle d’une seule voix dans le domaine des droits de l’homme. Le mandat du nouveau représentant vise à renforcer la visibilité, la cohérence et l’efficacité de la politique européenne des droits de l’homme. « L’efficacité est la clé », a déclaré M. Lambrinidis, soulignant que « la visibilité découlera de notre efficacité ». Il a en outre promis de se concentrer sur les besoins des personnes sur le terrain et lors des situations de crise. « Les droits de l’homme doivent être au centre de mes préoccupations, peu importe le pays concerné », a-t-il déclaré. Pendant le débat, les députés ont souligné que les activités de l’UE dans le domaine des droits de l’homme doivent être cohérentes, tant dans l’UE qu’à l’extérieur de celle-ci, éviter « deux poids, deux mesures », garantir le respect de la liberté d’expression et de religion, et être mises en œuvre en coopération avec d’autres organismes internationaux, tels que le Conseil de l’Europe et les Nations unies.
Les ONG de défense des droits de l’homme attendent beaucoup de cette nouvelle fonction. « Nous espérons que l’UE aura une plus grande visibilité et une plus grande clarté sur les questions de droits de l’homme, indique Claire San Filippo, chargée des relations auprès de l’Union à Amnesty International. Elle ajoute : « Il est aussi très important pour les militants sur le terrain d’avoir un interlocuteur. »
Le poste de représentant spécial de l’UE pour les droits de l’homme a été créé en réponse à la demande de longue date du Parlement européen. M. Lambrinidis a officiellement été nommé le 25 juillet à ce poste par la Haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères, Catherine Ashton. Il a pris ses fonctions le 1er septembre avec un mandat initial allant jusqu’au 30 juin 2014.
Pour en savoir plus :
-. Curriculum de Stavros Lambrinidis http://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2009_2014/documents/afet/dv/2012/2012090/20120903_cvlambrinidis_en.pdf
-. Fact Sheet établi par le Parlement européen : une bibliothèque de documents de la plus grande utilité ! http://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2009_2014/documents/afet/dv/2012/2012090/20120903_factsheet_en.pdf
-. Conclusions du Conseil du 25 juin : Droits de l’Homme et Démocratie http://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2009_2014/documents/afet/dv/2012/2012090/20120903_conclusions_en.pdf