Discussion commune au Parlement européen : crise économique, stéréotypes liés au genre et situation des femmes en Afrique du Nord

Le 11 mars, lors de la session plénière du Parlement européen, une discussion commune a eu lieu à l’occasion de la Journée internationale de la femme. Les députées Elisabeth Morin-Chartier (PPE, FR), Kartika Tamara Liotard (GUE/NGL, NL) et Silvia Costa (S&D, IT) ont chacune présenté un rapport sur le thème de la discrimination des femmes.

 Lors de la session plénière du 11 mars, la Française E. Morin-Chartier(PPE) a présenté son « rapport sur les répercussions de la crise économique sur l’égalité entre les hommes et les femmes et les droits des femmes ». Lors d’une crise économique, les femmes sont les premières à être touchées, car elles sont les premières à être licenciées. La rapporteure, en rappelant la définition qu’a donnée la vice-présidente aux droits fondamentaux Viviane Reding aux violences faites aux femmes, a souligné qu’il faut traiter aussi du domaine de l’inégalité salariale avec une tolérance zéro, car il s’agit d’une atteinte à la dignité et aux droits humains. Elle a remarqué qu’il faut obtenir l’égalité salariale dès lors que l’égalité des citoyens représente une valeur constitutive de l’Union européenne. Morin-Chartier a également mentionné quelques chiffres : l’écart salarial avoisine les 16 % en Europe, soit près de 59 jours de travail non payé, et cela s’empire à l’occasion d’une maternité (moins 12 %). De plus, on estime qu’à la fin de la carrière professionnelle, les femmes gagnent 30 % de moins que les hommes. L’impact de la crise sur le travail des femmes génère aussi un écart dans les pensions et rend les femmes plus vulnérables à la pauvreté : « il s’agit d’un problème économique, politique et social […] Dès que la précarité des contrats et les réductions salariales entraînent le retrait des femmes du marché du travail, des mesures correctives et l’aide du Fond Social Européen sont nécessaires », a-t-elle affirmé.

La Néerlandaise Kartika Tamara Liotard a quant à elle présenté le rapport sur l’élimination des stéréotypes liés au genre dans l’UE. Les stéréotypes liés au genre entraînent une augmentation de l’écart salarial entre les femmes et les hommes, soit – 16,4 % dans l’UE. La députée a énuméré une série d’obstacles : les femmes plus âgées sont plus exposées à la pauvreté à cause de la pension faible dont elles bénéficient, une Européenne sur cinq en Europe est à risque de violences physiques et psychologiques dans sa vie et, enfin, la plupart des employés des organes politiques sont de sexe masculin. Par ailleurs, les stéréotypes concernent aussi le statut migratoire, l’âge,  le handicap et l’orientation sexuelle. Elle a souligné qu’il faut éliminer les stéréotypes, par exemple, quand on définit la femme comme un objet de plaisir ou quand on assume que ce sont les femmes qui doivent prendre soin des enfants.

En ce qui concerne le rapport sur la situation des femmes en Afrique du Nord, l’Italienne S. Costa s’est focalisée sur les femmes du Maroc, de Libye, d’Égypte et de Tunisie en exprimant sa solidarité et son soutien politique à celles qui luttent pour la démocratie et la liberté. Elle a remarqué que les femmes de ces pays sont inquiétées par la crise économique et sociale ; il y aura une longue période de transition marquée par des conflits et des risques. « Lutter pour la démocratie et leurs droits dans les constitutions, c’est la même chose pour ces femmes […] Elles veulent libérer toutes les femmes à travers l’abolition des dictatures précédentes » a-t-elle dit. La députée a regretté l’usage abusif de la violence et de la torture à l’égard des manifestants, les mutilations génitales, la traite des êtres humains en Libye, la non-reconnaissance des droits humains et politiques au Maroc, etc. Dans le même temps, elle a rappelé le succès engrangé en Tunisie par les femmes, qui luttent pour l’inclusion de l’égalité des droits dans l’avant-projet de la nouvelle Constitution, et la présence croissante de femmes dans les ONG, les universités et les syndicats. Les femmes de ces pays militent également pour la modification de la loi électorale : grâce aux quotas électoraux, 27 % des députés tunisiens sont des femmes, 17 % le sont en Libye, 16 % au Maroc, mais seulement 2 % en Égypte. Partout, le réveil des femmes est fort et ces dernières demandent le soutien de l’UE. Enfin, M. Costa a affirmé que l’UE place au centre de sa stratégie de partenariat méditerranéen le respect des droits des femmes, le principe du « more for more », l’égalité de genre, et la participation active des femmes dans la vie politique.

La vice-présidente aux droits fondamentaux, Viviane Reding, qui a participé au débat des parlementaires à ce sujet, a évoqué l’égalité des sexes comme un droit constitutif de l’UE depuis les Traités de Rome (1957), en soulignant en même temps que beaucoup de lois existantes dans les pays de l’UE ont été élaborées sur base des directives européennes. Donc, « l’égalité entre l’homme et la femme est un résultat de l’UE » a-t-elle ajouté. De plus, Viviane Reding a déclaré qu’il faut intégrer la dimension de genre dans toutes les politiques et décisions prises au niveau européen, promouvoir un équilibre entre la vie professionnelle et familiale, et utiliser les ressources disponibles dans le cadre de la politique de cohésion.  Quant aux stéréotypes liés au genre, la vice-présidente a dit que la Commission européenne a réuni des experts pour étudier la question et procéder à un échange de pratiques afin d’avoir partout un système éducatif qui ne se fonde pas sur les stéréotypes. Enfin, en ce qui concerne la situation des femmes au nord de l’Afrique, Mme Reding a signalé que la Commission s’est pour sa part focalisée sur les violences faites aux femmes, et a décidé d’agir pour lutter contre les mutilations génitales féminines. C’est la raison pour laquelle elle a organisé une table ronde le 6 mars et a lancé une consultation publique.

Les trois rapports ont été approuvés le 12 mars à une très large majorité.

  

Antonella Del Prete

  

Pour en savoir plus :

 –                  RAPPORT sur les répercussions de la crise économique sur l’égalité entre les hommes et les femmes et les droits des femmes–                   

(FR) http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=%2f%2fEP%2f%2fNONSGML%2bREPORT%2bA7-2013-0048%2b0%2bDOC%2bPDF%2bV0%2f%2fFR (EN) http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=%2f%2fEP%2f%2fNONSGML%2bREPORT%2bA7-2013-0048%2b0%2bDOC%2bPDF%2bV0%2f%2fEN

 –                  RAPPORT sur la situation des femmes en Afrique du Nord–               

(FR) http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=%2f%2fEP%2f%2fNONSGML%2bREPORT%2bA7-2013-0047%2b0%2bDOC%2bPDF%2bV0%2f%2fFR(EN) http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=%2f%2fEP%2f%2fNONSGML%2bREPORT%2bA7-2013-0047%2b0%2bDOC%2bPDF%2bV0%2f%2fEN

 –            RAPPORT sur l’élimination des stéréotypes liés au genre dans l’Union

(FR) http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=%2f%2fEP%2f%2fNONSGML%2bREPORT%2bA7-2012-0401%2b0%2bDOC%2bPDF%2bV0%2f%2fFR

(EN) http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=%2f%2fEP%2f%2fNONSGML%2bREPORT%2bA7-2012-0401%2b0%2bDOC%2bPDF%2bV0%2f%2fEN

–            Résultats des votes sur les répercussions de la crise économique sur l’égalité entre les hommes et les femmes et les droits des femmes

For 495 (75 %) Against 96 (15 %) Abstentions 69 (10 %)

 http://www.votewatch.eu/en/impact-of-the-economic-crisis-on-gender-equality-and-women-s-rights-motion-for-a-resolution-vote-res.html

 

–            Résultats des votes sur la situation des femmes en Afrique du NordFor 583 (91 %) Against 24 (4 %) Abstentions 35 (5%) 

http://www.votewatch.eu/en/situation-of-women-in-north-africa-motion-for-a-resolution-paragraph-22-2.html

 –            Résultat de vote sur l’Élimination des stéréotypes liés au sexe dans l’Union résolution (p.10)For 368, Against 159, Abstentions 98

 (FR) http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-%2f%2fEP%2f%2fNONSGML%2bPV%2b20130312%2bRES-VOT%2bDOC%2bPDF%2bV0%2f%2fFR

(EN) http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-%2f%2fEP%2f%2fNONSGML%2bPV%2b20130312%2bRES-VOT%2bDOC%2bPDF%2bV0%2f%2fEN

 

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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