Lors de la réunion de la commission LIBE du 7 mars, M. Ikka Laitinen, directeur exécutif de l’agence européenne pour le contrôle des frontières extérieures (Frontex), a présenté le programme de travail 2013 en expliquant les objectifs et les priorités de l’agence en matière de sécurité des frontières de l’UE et en matière de respect des droits de l’homme. Parallèlement, à Bruxelles, la campagne FRONTEXIT a été lancée. Elle est soutenue par de nombreuses associations de défense des droits de l’Homme du Sud et du Nord de la Méditerranée afin de réclamer la transparence sur le fonctionnement de Frontex, et d’exiger le respect des droits des migrants aux frontières.
Le climat de la discussion était serein au cours de la réunion de la commission LIBE, au cours de laquelle le directeur exécutif de Frontex, M.Laitinen, a expliqué le nouveau programme de travail de l’agence qui s’occupe de la coopération et du contrôle des frontières extérieures de l’Union.
Le Président López Aguilar a parlé de Frontex comme d’une agence très importante en ce qui concerne les questions dont s’occupe aussi la commission LIBE, et il a donc exprimé toutes ses félicitations pour l’opportunité de coopération qui se présente.
M. Laitinen a ensuite commencé à expliquer les éléments clés du programme de travail Frontex 2013, c’est-à-dire les éléments que l’on a définis comme étant les plus importants du document. « Frontex est une agence de gestion des frontières extérieures fiable, qui renforce l’espace de liberté, sécurité et justice en aidant les États membres à respecter leurs responsabilités. Voilà l’objectif et l’orientation de notre agence », a-t-il affirmé au début de son discours.
En parlant de la déclaration des missions de Frontex, M. Laitinen a indiqué trois mots clés qui peuvent aider à mieux comprendre la vision de l’agence : aide, coordination, développement. En effet, Frontex aide, cordonne et développe le travail européen conformément à la Charte des Droits Fondamentaux de l’Union européenne.
Il est très intéressant de constater que si l’on regarde le document du programme 2013, qui est très détaillé, on peut observer que les droits fondamentaux constituent l’une des priorités les plus importantes pour l’agence. « C’est quelque chose de fondamental qui traverse toutes les activités de l’agence, pas seulement les opérations conjointes, mais aussi la formation, la recherche, le développement et le personnel. Je suis très content de cette approche aux droits fondamentaux, parce que je trouve qu’elle est vraiment très constructive », a précisé le directeur exécutif Laitinen.
Après la question du respect des droits de l’homme, EUROSUR figure comme une autre priorité fondamentale pour le travail de l’agence européenne : le système de surveillance européen est très utile pour Frontex. M. Laitinen a expliqué qu’il constitue un grand effort pour l’agence mais qu’il est vraiment nécessaire afin de donner un cadre d’information commun qui puisse aider les États membres. « Ce n’est pas simplement la mise au point du système : nous devons être prêts à assister les EM 24h/24. Nous devons intensifier l’analyse de nos informations : c’est nous qui devons contrôler la fiabilité des informations. Nous avons en effet calculé que jusqu’en 2015, l’agence aura besoin de vingt nouvelles positions pour le travail EUROSUR. Donc c’est quelque chose d’énorme, mais nous avons l’intention de faire quelque chose de grand et d’efficace ».
Le troisième point figurant dans les priorités de l’agence est celui de l’amélioration de la capacité de réponse opérationnelle. Deux éléments à ce propos sont présents dans le texte du programme : la mise en place d’une équipe européenne de garde-frontières et l’évolution de l’équipement technique.
Le directeur exécutif a continué son intervention en parlant des tendances principales que l’on enregistre aujourd’hui aux frontières : ce qui est sûr, c’est que l’on peut remarquer une forte pression qui va augmenter.
En plus, il y a une triste certitude : les infrastructures criminelles aux frontières continuent à se développer avec des conséquences très indésirables, par exemple une forte augmentation de la violence.
« Je dirais que nous sommes dans un climat d’incertitude parce qu’il n’y a pas un seul point focal mais plusieurs. Si l’on examine la situation en détail, par exemple en faisant une comparaison entre 2011 – l’an du printemps arabe – et 2012, on peut constater que ce sont deux des tendances qui ont augmenté. Avant tout, on a enregistré 35% en plus de mouvements secondaires, c’est-à-dire des gens qui ont déjà été détectés par un EM mais qui ont poursuivi le chemin et ont été localisés par un autre EM. En plus, s’il est vrai que les routes ‘traditionnelles’ montrent une réduction des migrants par rapport à l’année 2011, qui constitue un record, aux frontières orientales la pression augmente, surtout à cause de la Biélorussie » a expliqué M. Laitinen, en ajoutant qu’une autre tendance qui a continué à augmenter pendant ces années est celle de l’usage de faux documents aux frontières. En ce qui concerne ce dernier problème, Frontex a souligné l’importance du paquet « Frontières intelligentes » qui a été présenté à la Commission européenne par la commissaire aux Affaires intérieures Cecilia Malmström. La nouvelle technologie pourra sûrement aider à améliorer la gestion et la sécurité des frontières de l’Union européenne.
Parallèlement, la campagne FRONTEXIT a été lancée à Bruxelles à l’initiative de Migreurop. Cette campagne est menée par de nombreuses associations du Sud et du Nord de la Méditerranée pour réclamer la transparence sur le fonctionnement de Frontex et le respect des droits des migrants aux frontières.
« L’Europe est en guerre contre un ennemi qu’elle s’invente » : le slogan de Frontexit est très clair et il explique très bien le point de vue des participants.
À travers cette campagne, un mouvement inter-associatif international demande des comptes à Frontex, à l’UE, aux États membres et aux États partenaires pour ce qui concerne l’impunité aux frontières. Ils demandent à l’UE de respecter ses engagements et obligations envers les personnes migrantes, d’où qu’elles viennent et quelles que soient les raisons qui les conduisent en Europe.
On peut lire dans le communiqué de presse du site de la campagne FRONTEXIT : « Pour lutter contre une prétendue ‘invasion’ de migrants, l’Union européenne investit des millions d’euros dans un dispositif quasi militaire pour surveiller ses frontières extérieures : Frontex. Cette agence intervient pour intercepter les migrant-e-s aux frontières et les renvoyer par avion. Symbole de la politique sécuritaire en matière migratoire et bras armé des États membres de l’UE, Frontex pose question, notamment concernant la violation des droits lors de l’interception et du renvoi forcé des migrant-e-s. : que se passe-t-il véritablement aux frontières ? Et qui est responsable de ce qui s’y passe ? »
Selon FRONTEXIT, lors de ces opérations aux frontières, le respect des droits humains est mis en danger, particulièrement le droit d’asile, le droit à un traitement digne et au respect de l’intégrité physique. L’opacité des opérations – maritimes, aériennes et terrestres – conduites par Frontex et la dilution des responsabilités qui les caractérise portent atteinte aux principes fondamentaux reconnus par l’UE, ses États membres et les États tiers partenaires de l’agence.
Maria Amoroso
Pour en savoir plus:
– Frontex Programme of Work 2013
– Web site Frontexit
(EN) http://www.frontexit.org/en/news
(FR) http://www.frontexit.org/fr/actus