Alors que la Coupe du Monde vient tout juste de commencer ce jeudi 12 juin avec une première victoire du Brésil face à la Croatie, celle-ci est sujet à de vifs débats. Une partie de la population brésilienne conteste le coût qu’engendre la compétition : des manifestations anti-coupe se sont tenues à Sao Paolo pendant la cérémonie d’ouverture mais ont été rapidement dispersées par les policiers sur place. La Coupe du Monde est également un événement qui devrait réunir plus de 600 000 touristes venant des quatre coins du monde.
A cette occasion, le président sortant de la Commission José Manuel Barroso a lancé ce jeudi la Campagne « Don’t Look Away » («Ne détournez pas le regard» en français ou «Não Desvie o Olhar» en portugais). Il s’agit d’une campagne de sensibilisation à l’exploitation sexuelles des mineurs au Brésil, qui vise à la fois les Brésiliens et les touristes étrangers venus pour les matchs. Selon le Forum national de prévention et d’éradication du travail infantile, sur les 200 millions d’habitants que compte le Brésil, 500 000 enfants et adolescents seraient victimes du commerce sexuel chaque année.
« L’exploitation sexuelle des enfants et des adolescents est un crime. Signalez. Composez le 100 »
La campagne se décompose en plusieurs volets : la représentation de l’UE au Brésil a mis en place une campagne d’information dans les douze villes où vont se tenir les matchs (Belo Horizonte, Brasilia, Cuiaba, Curitiba, Fortaleza, Manaus, Natal, Porto Alegre, Recife, Rio de Janeiro, Salvador et Sao Paulo). De courtes formations sur le sujet sont proposées aux gestionnaires publics et dans chaque ville se tiendra un débat sur l’exploitation sexuelle. Sur place également, la représentation fait une large publicité au numéro d’urgence 100 qui permet de signaler tout acte d’exploitation sexuelle. L’UE bénéficie par ailleurs du soutien des maires des douze villes. Sur internet, la Commission a mis en place des pages d’information sur la campagne menée pour la Coupe du monde, mais également les campagnes déjà existantes. Pour maximiser l’impact de la campagne, des footballeurs brésiliens de renom tels que Kaka et Juninho Pernambucano soutiennent également la cause. La campagne est également relayée dans plus de quinze pays grâce au réseau ECPAT (End Child Prostitution, Pornography and Trafficking).
Ce type de campagne n’est pas nouvelle : les évènements sportifs de grande ampleur sont souvent contestés. On se souvient par exemple de l’opération Carton Rouge lancé par le Loby Européen des Femmes pour dénoncer la prostitution lors des Coupes du Monde et Jeux Olympiques en 2012. Cependant la campagne « Don’t Look Away » s’inscrit dans le long terme. D’autres projets menés en coopération avec l’UE existent déjà dans les douze villes d’accueil. A Cuiba par exemple, il existe un projet d’assistance juridique qui vise à aider les populations autochtones du Xingu à défendre leurs droits territoriaux. La campagne a pour but également de consolider les relations UE-Brésil : l’UE a octroyé plus de 60 millions d’euros de fonds au Brésil entre 2007 et 2013 pour soutenir des domaines comme le commerce, les droits de l’homme, le développement économique et social et l’environnement. Elle sera d’ailleurs reconduite en 2016, année où le Brésil accueillera les Jeux Olympiques d’été.
Margot Molenda
Pour en savoir plus :
– Article Nea Say sur l’opération Carton Rouge :FR
– Article Le Monde, Un Brésil « en colère contre lui-même » accueille la Coupe du monde : FR
– Site de la Commission sur la Campagne : EN
– Communiqué de presse de la Commission « EU launches campaign to combat sexual violence against minors during World Cup » : EN