Le 15 mais dernier, Frontex a publié son rapport annuel d’analyse des risques, lequel présente les évolutions et tendances le long des frontières de l’UE en s’appuyant sur l’étude des données « avant la frontière », « sur la frontière » et « après la frontière ».
L’analyse « avant la frontière » porte sur le nombre de visas remis. Les chiffres de 2013 n’étant pas encore disponibles, le rapport revient sur les chiffres de 2012. Au cours de cette année, 14,25 millions de visas de court terme ont été délivrés, soit une augmentation de 11% par rapport à 2011 et de 51% par rapport à 2009. Trois pays constituent 60% des visas : la Russie, l’Ukraine et la Chine.
Cette tendance haussière se fait également sentir « sur la frontière ». Le flux des passagers par voie aérienne (le seul flux réellement mesurable) en provenance de l’extérieur de l’Union augmente de 2% en 2012 par rapport à 2011. On estime pour les passagers par voie terrestre que cette augmentation a été supérieure, notamment en raison de la libéralisation du régime des visas avec les Balkans occidentaux.
Le nombre de refus d’entrée —lorsque toutes les conditions d’entrée ne sont pas remplies— a augmenté de 11% entre 2012 et 2013 (à 129 000). Les russes, les ukrainiens et les albanais sont les principaux groupes faisant l’objet d’un tel refus. Cette augmentation affecte principalement les tchétchènes, lors de leur tentative de passage à la frontière polonaise. La libéralisation du régime des visas pour les citoyens de Serbie, du Monténégro, de Bosnie et d’Albanie a augmenté le flux d’entrées et proportionnellement le nombre de refus.
9 800 migrants ont été interceptés avec des documents frauduleux pour entrer dans l’UE en 2013. Un recours accru à des documents obtenus frauduleusement a été constaté, en raison de la difficulté à reproduire en fraude des documents de plus en plus perfectionnés, ce qui accroît les risques pour la sécurité intérieure et la protection des frontières.
Le nombre d’immigrants illégaux « détectés » à la frontière a nettement augmenté entre 2012 et 2013, passant de 72 500 à 107 000, soit une augmentation de 48%, retrouvant les niveaux de 2009-2010, mais demeurant nettement en dessous des 141 000 immigrants détectés en 2011, lors des Printemps arabes. Les syriens, les érythréens, les afghans et les albanais représentent 52% des détections. À eux seuls, les syriens constituent ¼ des « détections », à un niveau trois fois supérieur à celui de 2012.
Les « détections » d’immigrants illégaux ont atteint 40 304 dans le centre de la Méditerranée, et 24 800 à l’Est de la Méditerranée, soit un chiffre comparable à 2009. Les « détections » ont notablement augmenté dans les Balkans occidentaux de 6 mille en 2012 à 19 500 en 2013. La zone de l’Ouest de la Méditerranée a connu un chiffre comparable à 2012, soit 6 800 détections dont les 2/3 transitent par Ceuta et Melilla. Ces chiffres s’expliquent par la prévention maritime performante du Maroc au large de ses côtes.
« Après la frontière », le nombre d’immigrants illégaux « détectés » dans l’UE est resté stable à 345 mille en 2013. Les demandes d’asile ont au contraire cru de 28% à 354 mille demandes. Ce chiffre est porté par le dynamisme des demandes de syriens.
Nos observations. En dépit de l’objectif humanitaire assigné secondairement à Frontex, il doit être regretté l’absence de chiffres et d’analyse relatifs au secours apportés et aux moyens matériels pour y faire face. Il faut également noter l’amalgame entre demandeurs d’asile et migrants, alors que ces vocables recouvrent des situations différentes.
Emmanuel Buttin
Pour en savoir plus :
– Le rapport de Frontex : [EN]