Les élections du 25 mai dernier ont provoqué de nombreux débats sur l’abstention, l’euroscepticisme et la montée du nationalisme, cependant on peut se poser une autre question : quelle participation des femmes lors de ce nouveau mandat ?
Quels résultats pour les femmes ?
Au sein du Parlement européen, près de 37 % des eurodéputés élus en mai 2014 sont des femmes, ce qui est le plus haut pourcentage jamais atteint (contre 35 % en 2009). Cependant, la répartition entre les groupes politiques n’est pas homogène. La plus forte proportion de femmes se trouve chez le groupe politique GUE/NGL avec 51,11 % d’élues femmes et chez le groupe des sociaux-démocrates (S&D) avec 45,5 % d’élues. Les groupes où les femmes sont les moins représentés sont les groupes ECR (conservateurs) et Europe Liberté Démocratie (groupe eurosceptique), où les femmes représentent seulement un peu plus du cinquième des élus. Des eurodéputées comme Terry Reintke ou Malin Björk ont d’ailleurs exprimé leur crainte face à la montée de l’extrême-droite, car elle porte en elle des racines sexistes et racistes.
La progression lente des femmes au sein du Parlement s’explique notamment par la montée de ces groupes, d’autant plus que la Charte de droits fondamentaux ne contraint pas à l’échelle européenne au respect de la parité, terme non mentionné dans le document.
La lente montée des femmes
Si l’on analyse la répartition hommes-femmes par pays, on remarque que celle-ci est très inégale. En termes de parité, les gagnants sont Malte, la Suède, l’Irlande, la Finlande, l’Estonie : ils comptent 50 % voire plus d’eurodéputées. Les autres pays se situent souvent dans les 30 à 40 % de femmes élues. Dans certains pays, la parité est très loin d’être atteinte : en Lituanie, à Chypre et en Hongrie, le nombre de femmes élues ne dépassent même pas 20 %.
En qui concerne le Président du Parlement européen, c’est Martin Schulz qui a été élue. Sur les vingt-six présidents qui se sont succédés, seules deux femmes ont accédé à cette fonction : Simone Veil de 1979 à 1982 et Nicole Fontaine de 1999 à 2002.
En ce qui concerne les présidences et les vice-présdences des commissions parlementaires, la répartition hommes-femmes est plus ou moins homogènes. Sur les 108 places de présidents et de vice-présidents, quarante-deux sont occupés par des femmes (soit 38,9 % des postes). Pour les présidences, on frôle la parité puisque 10 présidents de commission sont des femmes. On les retrouve notamment à la tête des Commissions Droits de l’Homme, Sécurité & Défense, Développement, Contrôle Budgétaire, Marché Intérieur, Développement Régional, Pêche, Culture et Éducation, Affaires Constitutionnelles, Droits des Femmes et Pétitions. Les postes occupés sont assez variés et ne se cantonnent pas aux postes traditionnellement féminins.
Au Parlement, on voit une progression constante de la représentation des femmes, même s’il reste du chemin à faire, mais qu’en est-il dans les autres institutions de l’UE ?
Qu’en est-il dans les autres institutions ?
Le constat est moins positif pour le reste des institutions européennes. C’est au sein de la Banque Centrale européenne que le bât blesse le plus : seules deux femmes occupent un poste, en tant que membre du Directoire et en tant que Gouverneur Central, sur vingt-quatre prestigieux postes.
L’inquiétude se place surtout en réalité dans la Commission et le choix des Commissaires. La précédente Commission européenne comptait 9 femmes pour 27 postes. Pour la nouvelle Commission que devrait présider Jean-Claude Juncker, le nombre de femmes semble diminuer encore plus. En effet, les États-membres, qui doivent proposer des candidats pour les postes de Commissaires, ne semblent enclins qu’à nommer des hommes. La Finlande, la Slovaquie, l’Allemagne, la Pologne et l’Autriche n’ont avancé que des noms d’hommes.
Pour la France, c’est le nom de Pierre Moscovici qui circule le plus, mais Elisabeth Guigou et Pervenche Beres sont également pressenties. Seules trois autres noms féminins ont été évoquées dans toute l’UE pour le moment : l’actuelle Ministre des Affaires Étrangères Federica Mogherini, l’eurodéputée belge Marianne Thyssen et Kristalina Georgieva, Commissaire bulgare sortante.
Jean-Claude Juncker a exprimé ses inquiétudes face à ce manque de parité, tandis que les femmes de la Commission sortante ont demandé par lettre le 10 juillet 2014 au future Président de proposer au moins 10 femmes Commissaires. La composition du collège ne sera pas annoncée avant le 16 juillet. Affaire à suivre donc.
Margot Molenda.
Pour en savoir plus
– France 24, reportage « La place des femmes dans les institutions de l’UE », 16 juin 2014 (FR)
– Parlement européen, Press Release : Members elect chairs and vice-chairs of parliamentary committees (EN)
– Euractiv, Juncker wants more women in new Commission Team, 10/07/2014 (EN)(FR)