A l’initiative de la présidence luxembourgeoise, la Conférence européenne de la Jeunesse s’est déroulée du 21 au 24 septembre 2015 à Luxembourg. Elle réunissait les jeunes délégués et les directeurs généraux de la Jeunesse des Etats membres. Elle permet aux ministres européens de la Jeunesse de maintenir un dialogue permanent avec les jeunes sur des politiques qui les intéressent particulièrement. En effet, le « dialogue structuré » ainsi institué consiste à organiser des consultations nationales dans les Etats membres et des Conférences européennes de la Jeunesse, afin de « formuler des recommandations sur l’ « empowerment » des jeunes par la participation politique » . Les recommandations sont ensuite soumises au Conseil des ministres de la Jeunesse.
Le cycle de dialogue actuel a débuté en juillet 2014 et s’achèvera en décembre 2015. Un Conseil Education, jeunesse, culture et sport se tiendra les 23 et 24 novembre 2015 afin de le clôturer.Pour rappel, des Conférences européennes de la Jeunesse s’étaient tenues sous Présidence lettone en mars 2015 à Riga, et sous Présidence italienne en octobre 2014 à Rome.La Conférence de ce mois de septembre a donc eu pour objet de « finaliser les conclusions » précédemment adoptées, afin de soumettre ses recommandations aux ministres de la Jeunesse lors de la réunion du Conseil qui se tiendra au mois de novembre 2015.
« Le futur a déjà commencé et c’est vous [les jeunes Européens] qui déterminerez ce qu’il sera »
Pour Xavier Bettel et Tibor Navracsics(membre de la Commission), appellent à ne pas « laisser ces jeunes de côté car ils sont le futur de l’Europe » La Conférence européenne de la Jeunesse de Luxembourg a pris de ce fait une tournure « futuriste » !
« Nous avons besoin de citoyens actifs, qui participent et s’intéressent à leur propre futur et à l’évolution de la société » Tel est l’encouragement lancé aux jeunes de l’Union européenne par le Premier ministre Xavier Bettel ce 22 septembre, à l’occasion de la Conférence européenne de la Jeunesse de Luxembourg. Un Premier ministre pour qui les jeunes ont leur place « dans la société et dans la démocratie » et dont la voix « doit être entendue ».
Pour reprendre les propos du Premier ministre Luxembourgeois, les jeunes européens sont l’avenir de l’Europe et l’Union européenne devrait avoir cela à cœur, en créant « de bonnes conditions de départ pour la jeune génération ».
Poursuivant le débat, le commissaire européen à l’Education, à la culture, à la jeunesse et au sport, Tibor Navracsics s’est voulu alarmiste : sur 123 millions d’Européens, 27 millions sont des jeunes ! Des jeunes qui sont donc « soumis au risque de pauvreté et d’exclusion sociale ».
Notant la participation de 40 000 jeunes au dialogue structuré, le commissaire européen a axé son intervention sur la nécessité d’une représentation des jeunes la plus large possible, appelant notamment à une représentation des jeunes « de tous milieux confondus ». A cette fin, Monsieur Navracsics a annoncé la création de plateformes internet « ouvertes et interactives », un moyen selon lui de permettre aux jeunes de débattre ouvertement de sujets qui leur tiennent à cœur.
Le mécanisme du « dialogue structuré », l’occasion pour les jeunes européens de s’exprimer :
Ce mécanisme de « dialogue structuré » fut institué par le Conseil des ministres européens de la jeunesse en 2009, afin d’offrir aux jeunes de l’Union européenne la possibilité de s’exprimer sur des sujets les intéressant particulièrement. Ces « dialogues » sont organisés en cycles de 18 mois ; le cycle actuel, nous l’avons dit, ayant débuté en juillet 2014 et s’achevra en décembre 2015.
Le mécanisme du « dialogue structuré » vise deux objectifs : permettre aux jeunes de l’Union « de s’exprimer aux niveaux national et local par rapport à des thématiques de la politique européenne », mais aussi et surtout, « faire remonter les idées exprimées (…) vers le Conseil des ministres ».
Concrètement, les ministres européens de la Jeunesse décident des thèmes et sujets de discussion. Un comité est ensuite formé. Il regroupe des représentants du trio de Présidence de l’Union (actuellement, Italie-Lettonie-Luxembourg), de la Commission européenne et du Forum européen de la jeunesse. Ce comité est chargé d’organiser les échanges et d’établir une liste de questions à poser aux jeunes européens.
« Ces questions servent de base aux consultations nationales de chaque pays européen qui sont organisées par des groupes de travail nationaux ». Des organisations internationales peuvent également participer ; elles sont alors utilisées « comme support lors des Conférences européennes pour la jeunesse, au cours desquelles les représentants de la jeunesse et les décideurs politiques collaborent et adressent un message commun à l’UE ».
Chaque pays assurant la Présidence de l’UE a donc la charge d’organiser une Conférence européenne de la Jeunesse sur son territoire. En effet, il est prévu que ces Conférences aient lieu 2 fois par an, dans le pays présidant l’Union.
Les recommandations qui y sont émises sont présentées au Conseil de l’Union « pour qu’elles figurent dans les résolutions ou conclusions du Conseil, adoptées par les ministres de la Jeunesse de chaque pays membre ». Elles sont également prises en note par la Commission européenne (lors des Conférences), qui les prend en considération dans l’élaboration de ses nouvelles politiques.
Les Conférences européennes de la Jeunesse sont l’occasion pour les jeunes « de discuter directement avec les représentants des Etats membres » et de s’accorder sur des « recommandations conjointes », lesquelles feront ensuite l’objet de l’attention du Conseil des Ministres achevant le cycle de dialogue pour l’adoption de ses décisions finales.
L’on compte aujourd’hui 3 cycles complets de « dialogue structuré » correspondant aux 3 précédents trios de Présidence de l’UE, chacun se consacrant à un thème spécifique (la Présidence espagnole-belge-hongroise, sur l’emploi des jeunes ; la Présidence chypriote-danoise-polonaise, sur la participation de la jeunesse à la vie démocratique ; et la Présidence irlandaise-lituanienne-grecque, sur l’inclusion sociale).
L’actuel trio de Présidence (italienne-lettone-luxembourgeoise) s’intéresse, nous le rappelons, à la participation démocratique des jeunes.
La Conférence européenne de la Jeunesse organisée par la Présidence italienne, qui se tenait à Rome du 13 au 16 octobre 2014, recommandait ainsi de mettre en place un médiateur indépendant pour les droits des jeunes qui aurait à charge de systématiquement protéger le droit des jeunes ; d’inciter les Etats membres à fournir une éducation à la citoyenneté afin que « les jeunes soient conscients et capables d’accéder à leurs droits », et donc de leur permettre de « devenir des citoyens actifs » ; et d’engager les Etats membres à agir en particulier auprès des jeunes défavorisés en leur donnant les moyens de connaître et d’exercer leurs droits.
La Conférence européenne de la Jeunesse organisée par la Présidence lettone à Riga du 23 au 26 mars 2015 était l’occasion d’appeler à une autonomisation de la participation politique des jeunes. Celle-ci passerait, selon les recommandations établies lors de cette Conférence, par une culture de la participation à l’école, l’implication des jeunes dans la prise de décision politique, le développement de la démocratie locale et directe ou encore, par davantage de coopération entre les différents acteurs.
La Conférence qui s’est tenue ces 22, 23 et 24 septembre à Luxembourg est donc venue s’ajouter aux Conférences italienne et lettone. Elle fut l’occasion de résumer l’ensemble des recommandations précédemment évoquées par le trio de Présidence actuel afin de les présenter au Conseil des ministres européens de la Jeunesse qui se déroulera au mois de novembre 2015.
Le ministre de l’Education nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, Claude Meisch, prononçait ce 24 septembre le discours de clôture de la Conférence.
15 recommandations conjointes furent adoptées sur « la responsabilisation des jeunes pour leur participation politique à la vie démocratique en Europe » au cours de cette Conférence européenne de la Jeunesse qui se tenait à Luxembourg.
Ces recommandations se regroupent en 8 thèmes faisant l’apologie de la participation des jeunes de tous milieux et identités aux processus décisionnels de tous les niveaux :
– Créer une culture de la participation à l’école : promotion de conseils d’étudiants et autres initiatives étudiantes dans les établissements scolaires (les recommandations allant même jusqu’à suggérer de considérer ces étudiants « comme faisant partie des décideurs » de ces établissements) ; stimuler la culture de la participation à l’école via « différentes formes d’engagement civiques tels que le volontariat » ; ou encore favoriser « l’éducation à la citoyenneté dans les programmes à tous les niveaux de l’éducation formelle », encourager la pensée critique et permettre aux jeunes « de tous les milieux de développer des attitudes et valeurs pour participer activement à la société ».
- – Impliquer les jeunes dans la prise de participation politique: mise en place par les Etats membres de « programmes pilotes » (abaisser l’âge du vote à 16 ans mais l’accompagner « d’une préparation adéquate, y compris une éducation civique de qualité ») ; garantir, via les autorités nationales, tous niveaux confondus, la « pleine participation des ONG de jeunesse dans les processus décisionnels liés aux politiques qui concernent les jeunes ».
– Améliorer l’engagement des politiciens et l’implication des jeunes : fournir aux politiciens « tous les outils nécessaires » pour encourager « l’engagement des politiciens en faveur d’une prise de décision partagée avec les jeunes » ; application d’une « culture politique ouverte et inclusive de communication (…) ciblant les jeunes (…) en vue de garantir la transparence et la responsabilité des politiciens ».
– Renforcer le rôle du travail de jeunesse pour la responsabilisation politique de tous les jeunes : la Commission européenne et les Etats membres devraient « fournir les ressources nécessaires au secteur de la jeunesse » (financement, cadre législatif, réseaux, formations etc.) pour encourager la participation politique des jeunes, une participation qui « repose sur les valeurs de la diversité, des droits humains, de la démocratie et de la pensée critique ». Le transfert de connaissances et le développement de compétences en participation politique « de tous les jeunes » devraient également être promus, notamment via l’établissement de « partenariats de longue durée à tous les niveaux avec les animateurs socio-éducatifs et les [ONG] »
– Développer des outils adaptés aux jeunes pour la participation politique : cette participation devrait viser les jeunes « de tous les milieux et identités ». A cette fin, des « outils en ligne » et des « méthodes hors ligne » devraient être mis en place et un suivi devrait ensuite être assuré. Ce suivi permettrait aux décideurs d’expliquer la prise en compte des contributions (préalables) des jeunes. Dans le même sens, des formations devraient être organisées par les Etats membres à destination des personnes travaillant avec les jeunes, afin de les informer de l’existence d’outils favorisant la participation politique. Ces personnes pourraient ainsi à leur tour en informer les jeunes, ce qui permettrait à ces derniers d’y avoir accès et d’en bénéficier.
– Développer la démocratie locale et directe : promouvoir les « conseils locaux et régionaux de jeunesse démocratiques ou (…) autres plates-formes de jeunesse équivalentes qui doivent être ouverts, inclusifs et durables » afin de permettre aux jeunes de participer à « la vie locale et régionale ».
– Développer des formes alternatives de participation : encourager l’utilisation de « toutes les formes de participation politique », y compris celles qui se déroulent en dehors du système institutionnalisé, afin d’ « enrichir le débat et les processus décisionnels ».
– Accroître les synergies et la coopération entre les différents acteurs : la « coopération et la communication politique intersectorielles » doivent être améliorées, une « collaboration durable » doit être instituée entre toutes les parties prenantes, notamment les jeunes.
Au titre de la quinzième recommandation, la Conférence européenne de la Jeunesse de ce 24 septembre demande « une évaluation d’impact sur les jeunes de toutes les politiques de l’UE, (…) pour garantir la durabilité et l’efficacité des politiques qui concernent la vie des jeunes, accroissant ainsi l’attractivité de [leur] participation politique ».
Ces 15 recommandations seront présentées au Conseil des ministres de la Jeunesse de tous les Etats membres de l’Union européenne qui se réuniront fin novembre 2015 et clôtureront l’actuel cycle de dialogue.
Les jeunes seront-ils entendus ? Cette question restera en suspens en attendant la décision des ministres.
Aurélie DELFOSSE
Pour en savoir plus :
– Site officiel de la Présidence Luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne, Conférence européenne de la jeunesse
http://www.eu2015lu.eu/fr/agenda/2015/09/21-24-conf-education-jeunesse/index.html
– Site officiel de la Présidence Luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne, « Xavier Bettel encourage les jeunes à participer davantage à la vie démocratique, lors de l’ouverture de la conférence européenne de la Jeunesse », 22 septembre 2015
http://www.eu2015lu.eu/fr/actualites/articles-actualite/2015/09/22-conf-jeunesse-ouverture/
– Site officiel de la Présidence Luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne, « Conférence européenne de la Jeunesse – Les représentants de la jeunesse et des Etats membres adoptent des recommandations conjointes finales sur la responsabilisation des jeunes pour la participation politique », 24 septembre 2015
– Fédération Wallonie-Bruxelles, International, Service de la jeunesse
http://www.servicejeunesse.cfwb.be/?id=sj_international
– Portail européen de la jeunesse
http://europa.eu/youth/be/article/115/25350_fr
– Conclusions de la Conférence jeunesse de l’UE à Rome
http://europa.eu/youth/fr/article/115/20552_fr
– Conclusions de la Conférence jeunesse de l’UE à Riga
http://europa.eu/youth/fr/article/115/24583_fr