Eulogos, bien avant l’ouverture des jeux a signalé l’existence de cette délégation pas comme les autres et a donné régulièrement des informations les concernant. Euractiv vient dans un article de clôturer, provisoirement ,cette belle histoire. Nous le reproduisons ci-dessous .
« Dix athlètes réfugiés, originaires de quatre pays différents, ont écrit une nouvelle page dans l’histoire des JO à Rio. En mettant en lumière la volonté d’acier des réfugiés.
Ils viennent de Syrie, de la République démocratique du Congo, d’Éthiopie et du Soudan du Sud, où les populations doivent chaque jour payer un prix très élevé face aux guerres et aux conflits qui y font rage. Lors des JO, dix réfugiés se sont réunis sous un même drapeau. Pendant l’ouverture des Jeux, ils ont été acclamés par le public lors de leur entrée dans l’arène.
Plus tard, l’équipe s’est dotée d’un drapeau orange et noir, qui rappelle les gilets de sauvetage utilisés lors de trajets maritimes dangereux. Un drapeau conçu par Yara Said, une artiste syrienne réfugiée, qui a fui le régime de Bachar el-Assad après avoir obtenu son diplôme à l’université de Damas. « Les couleurs orange et noire sont devenues des symboles de solidarité pour tous ceux qui ont traversé la mer à la recherche d’un nouveau foyer », a-t-elle explique-t-elle.
Un autre diplômé de l’université de Damas, Moutaz Arian, a composé l’hymne de l’équipe. Il a quitté la Syrie pour éviter d’être incorporé dans l’armée du gouvernement d’Assad. L’hymne témoigne de la détermination à rechercher une vie meilleure, cette même volonté qui a permis aux dix sportifs de fuir la guerre.
Une équipe hors du commun :Yusra Mardini, une jeune nageuse, réfugiée syrienne, a conquis Internet du jour au lendemain, lorsque sa participation aux JO a été annoncée. Elle avait effectué son voyage vers l’Europe accompagnée d’autres réfugiés, dans une petite embarcation qui a fini par tomber en panne. Elle a sauvé plus de vingt personnes qui, grâce à ses talents de nageuse, ont pu arriver à bon port et trouver refuge en Allemagne. Elle s’est présentée à plusieurs compétitions de natation pendant les Jeux de Rio.
James Chiengjiek fait également partie de l’équipe des réfugiés. Il a quitté le sud du Soudan pour ne pas devenir enfant-soldat. Il a couru sur des centaines de kilomètres, malgré ses blessures aux pieds. Il a finalement réussi à atteindre le camp de réfugiés de Kakuma au Kenya.
Le nageur syrien Ramis Anis, les athlètes soudanais Yiech Pur Biel, Anjelina Nada Lohalith, Rosa Nathike Lokonyen et Paulo Lokoro, le marathonien Yonas Kinde, originaire d’Éthiopie, ainsi que les judokas congolais Popole Misenga et Yolande Mabika constituent le reste de l’équipe.
Les cinq athlètes se sont entrainés dans le camp de réfugiés de Kakuma, proche de la frontière entre le Kenya et la Somalie. Un entraînement offert par la Tegla Loroupe Fundation, une fondation qui porte le nom d’une athlète kényane très célèbre, qui avait été la toute première femme à remporter le New York City Marathon et détient de nombreux records.
Bien qu’aucun des réfugiés n’ait remporté de médaille, leur esprit de battant a jeté une nouvelle fois la lumière sur la détresse des réfugiés, et mis en évidence l’urgence de trouver une solution mondiale pour la plus grande crise depuis les guerres mondiales. Actuellement, près de 65 millions de personnes dans le monde entier fuient la guerre ou des conflits, selon les estimations du HCRNU. Un chiffre qui a presque augmenté de 6 millions depuis l’an dernier.
Pour renforcer le sentiment d’appartenance des réfugiés du monde entier, les organisateurs des Jeux ont installé des écrans dans le camp de réfugiés de Kakuma, avec l’aide d’Amnesty International et l’ONG FilmAID. Ainsi près de 200 000 personnes, vivant dans le plus grand camp de réfugiés du monde, ont puis suivre en direct les JO.
La participation des réfugiés à Rio et la diffusion en direct dans le camp ont eu un impact plus important que n’importe quelle stratégie de gestion de crise, estime Julius Tembo, un expert en études internationales et en prévention de conflits de Nairobi.
« Les réfugiés dans les camps ont le sentiment d’avoir du pouvoir, en regardant un événement aussi prestigieux et en encourageant leur propre équipe. Ce sentiment associé à l’implication passionnée des sportifs, qui ont conquis le cœur de millions de personnes à Rio, peut donner un nouvel élan à la gestion de la crise des réfugiés. ‘Nous sommes comme vous’, c’est le message qu’ont fait passer les dix athlètes au reste du monde. ‘Nous voulons seulement une vie meilleure.’ C’est suffisant pour pousser le monde entier à agir », souligne Julius Tembo. »
Pour en savoir plus :
-. Dossier des articles publiés par Eulogos sur les jeux Olympiques http://www.eu-logos.org/eu-logos_nea-say.php?idr=4&idnl=3900&nea=175&lang=fra&arch=0&term=0